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Honoré de Balzac par Jules Romains de l'Académie française Balzac, parmi les écrivains du passé, est un de ceux dont nous connaissons le mieux la biographie et l'ensemble des attaches terrestres.

Publié le 05/04/2015

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Honoré de Balzac par Jules Romains de l'Académie française Balzac, parmi les écrivains du passé, est un de ceux dont nous connaissons le mieux la biographie et l'ensemble des attaches terrestres. Même sa proche ascendance et son milieu familial n'ont plus rien d'obscur. Nous savons par exemple que son père s'appelait Balssa et était né dans une maison paysanne du Sud-Ouest. Ce Balssa commence de bonne heure une ascension vers la bourgeoisie. Nous l'y voyons faire de rapides progrès que le libéralisme de l'ancien régime finissant puis les événements de la Révolution n'ont certainement pas contrariés. Parvenu à une situation déjà enviable, il change son patronyme de Balssa en Balzac, qui sonne mieux, laissant à son fils, le futur Honoré de Balzac, le soin d'achever ce savonnage de vilain par l'adjonction, ou du moins l'emploi ordinaire, de la particule (dont la valeur euphonique, en dehors de l'effet de prestige, n'est pas contestable non plus). Ledit Balssa se marie tard, avec une toute jeune Parisienne de très bonne bourgeoisie. Il occupe une série de fonctions importantes, qui l'amènent enfin à se fixer à Tours, et qui semblent témoigner aussi bien de la diversité de ses aptitudes que de quelque habileté à manoeuvrer dans des temps difficiles. Bref, notre Balzac vient au monde dans une famille de grand fonctionnaire, de presque grands bourgeois, où l'argent se manifeste parfois avec abondance, où règne l'aisance à défaut du luxe, où l'on est rompu aux affaires, aux relations, aux responsabilités. Du même coup il naît Tourangeau ; et cette patrie par accident, il l'adopte si bien qu'il arrive à en devenir avec Rabelais et Descartes l'expression la plus célèbre ; et que plus d'un biographe et historien de la littérature va se faire un jeu de découvrir en lui les vertus séculaires du terroir. Quant à sa vie même, elle est trop fertile en épisodes et en vicissitudes pour que nous songions à la retracer. Qu'il nous suffise d'en retenir l'essentiel. Un garçon né dans des conditions somme toute favorables, assez bien élevé et instruit, dont la famille ne manque ni de ressources ni de relations, se jette dans la société d'après la Révolution et l'Empire avec une voracité gaillarde qui, au début, ne distingue pas très nettement les buts ni les proies. Ce qui est clair, c'est qu'il veut parvenir à une grande situation dans ce monde en partie nouveau dont les cloisonnements intérieurs sont affaiblis. En principe, toute grandeur lui est bonne : gloire, pouvoir, richesse... Mais la richesse est de toutes la plus substantielle, et sans son accompagnement les autres se mesurent mal. Quant aux jouissances de l'amour, elles viennent par surcroît : la flamme les attire. Et d'ailleurs Balzac ne parviendra jamais à les dissocier tout à fait de celles que cherche l'amour-propre. Toutes ses aimées auront une " position sociale ". Pourquoi se décide-t-il pour la littérature ? Beaucoup, certes, par vocation ; et cette vocation, dans l'inconscient, exerce une pression irrésistible. Un peu parce qu'il croit sentir de ce côté-là - pour l'homme qu'il est - de moindres résistances. Il devine aussi que cette société va donner de nouvelles chances au livre considéré comme un produit qui se multiplie et se vend. Cette vue très réaliste ne l'empêche pas de nourrir, dès le début, comme écrivain, les ambitions les plus hautes. Mais elles restent confuses et ne s'embarrassent d'aucun scrupule de dignité. Elles seront toujours hautes, mais ne deviendront jamais pu...
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