Heinrich Barth 1821-1865 Le 10 octobre 1850, un chrétien pénétrait dans Agadès, capitale prestigieuse de l'Aïr.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
chameau, deux Allemands et un Anglais, partis de Tripoli le 2 avril 1850, vers le Fezzan,
l'Aïr et les terres inconnues.
Faute de subsides, les voyageurs se séparent au début de 1851 et se donnent rendez-vous à
Kouka sur le Tchad.
Richardson succombera à la fatigue avant d'y parvenir.
Barth passe à
Kano, traverse le Bornou et, de Kouka, se laisse tenter par l'Adamaoua, découvre la
Bénoué, est pris pour un dieu par les Foulbé de la brousse mais se fait chasser de Yola.
Sa
constitution de fer et une opiniâtre volonté de réussir le soutiennent.
Explorant le Kanem,
il tombe du haut de son chameau dans les vases du Tchad en plein accès fébrile.
A peine
remis, une étape de trente-quatre heures pour échapper aux pillards faillit l'achever.
Il
rentre à Kouka dysentérique, fiévreux, ulcéré de cros-cros et ne se rétablit qu'à l'idée
d'explorer le Sud du Tchad, en pays Massa puis au Baguirmi.
Il reconnaît le Chari et le
Logone, reste quatre jours enchaîné et rentre à Kouka pour voir mourir Overweg, rendu
fou d'épuisement physique et moral (septembre 1852).
Seul désormais, d'autant plus
démuni que l'Europe le croit mort, il se tourne vers Tombouctou où il entre un an plus tard
la tête haute, comme à Agadès, venant du Macina, après avoir coupé toute la boucle du
Niger.
Là, il se fait un ami providentiel du cheik el Bakkay qui arrive après maintes
péripéties dramatiques à sauver sa tête et protège son séjour prodigieusement fécond
jusqu'en avril 1854.
Le retour à Kouka s'effectue le long du fleuve dont Barth est le premier
à comprendre le régime, puis par Say et Sokoto.
Quelle joie alors de rencontrer son
compatriote Vogel envoyé à sa recherche ! Depuis deux ans il n'avait pas vu un Européen...
Barth, en 1855, comprend qu'il ne résistera pas à un sixième hivernage.
En dépit de son
dénuement, il quitte Kouka pour la dernière fois en mai.
A marches forcées, par Bilma, le
Kawar et Mourzouk où il bénit le ciel pour une fort bienvenue bouteille de vin de France, il
rentre vers la mer des civilisés dont le revoir provoque en lui la plus forte émotion de sa
vie.
Point de repos cependant.
Ses dix dernières années, il va les passer à mettre au point et
publier ses travaux.
Son œ uvre : Reisen und Entdeckungen in Nord uns Zentral-Afrika in den Jahren 1849 bis 1855
est monumentale.
Avec une méthode, une persévérance qui nous confondent, même dans
des situations désespérées, le savant apprenait le Haoussa, le Peul, le Kanouri, les dialectes
touareg ; il estimait les altitudes ; il dessinait ; il mesurait les températures ; il fixait sur la
carte ses itinéraires, les positions du Niger et de la Bénoué, du Tchad et de ses tributaires ;
il recueillait la substance des Tarikh, l'histoire des principautés traversées ; il enquêtait sur
les m œ urs ; rassemblait des objets ethnographiques ; prévoyait les régions et les voies qu'il
importerait de mettre en valeur ; il dressait des fiches linguistiques dont il passera la fin de
sa vie, à Berlin, à préparer la publication ; il déterminait les espèces animales et végétales
typiques ; discutait religion avec les lettrés...
L' œ uvre reste fondamentale.
Barth est un
géant parmi les Africanistes, et point seulement par son exploit ou la richesse de sa
documentation.
Il l'est aussi par la grandeur humaine de sa pensée.
Nombreux sont ceux,
comme Duveyrier, auxquels il a ouvert les voies : Anglais, Français, Allemands, par le
Nord et par le Sud.
Il leur léguait aussi, à la veille de sa mort, son idéal : faire rentrer dans
la “ famille humaine ” des peuplades que leur milieu géographique et historique en avait
tenues à l'écart.
Cet Allemand, nourri d'humanités et d'Évangile, ardent patriote, mais
voyant au-delà, prêchait la douceur, rejetait aussi bien les sectarismes dogmatiques de
certaines propagandes religieuses que les violences des conquistadores ou les procédés des
aventuriers du commerce.
S'adressant à la France “ par excellence ”, qu'elle “ comprenne.
»
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