Guillaume le Taciturne 1533-1584 Guillaume de Nassau, le Taiseux ou le Taciturne, fut le produit très pur d'une grande tradition politique et du meilleur humanisme.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
Les Pays-Bas étaient d'ancienneté terre de liberté.
Guillaume de Nassau en avait étudié les
institutions et l'histoire.
Son esprit, marqué par cette rencontre avec une grande tradition
politique, à l'âge de la formation, devait se fortifier par la fréquentation d'Érasme, dont
l'œ uvre assurait la survie.
De cette éducation il retint deux idées.
Celle d'une certaine liberté politique.
Que la
monarchie pour n'être pas tyrannique devait emprunter, et à l'aristocratie, en gouvernant
avec le concours d'une noblesse franche dans ses avis, et à la démocratie, en consultant les
États généraux.
Celle aussi d'une certaine liberté de l'homme.
Que nul n'a le droit de
violenter les consciences.
En quelque sens, le jeune Guillaume devint le dépositaire du
courant libéral de l'Antiquité qui s'était chargé de christianisme à travers le Moyen Âge.
Lorsque, après la guerre qui les avait opposés, les deux grands souverains catholiques,
Philippe II et Henri II, retinrent au lendemain du traité de Cateau-Cambrésis le projet
formulé par les cardinaux de Guise et de Granvelle de s'unir pour extirper d'Europe la
religion réformée, le prince d'Orange, témoin involontaire des confidences d'Henri II,
ressentit la première angoisse de sa vie d'homme.
Il était clair que ce projet de reconstituer par la force l'unité religieuse, notamment dans les
Pays-Bas, était lié dans l'esprit de Philippe II à celui d'y abolir les antiques libertés et d'y
instaurer l'autorité monarchique absolue.
Pour le Taciturne, les intentions du roi d'Espagne, contraires aux serments faits à son
intronisation, correspondaient à un coup d'État.
Gouverneur de Hollande, Zélande et
Utrecht, membre surtout du Conseil d'État aux côtés de la gouvernante Marguerite de
Parme, il tenta, en franche loyauté, de convaincre son souverain qu'il commettait une
erreur politique.
Déjà, dans son esprit, la protection de la personne humaine menacée dans
sa conscience par les persécutions était liée à la défense de la patrie menacée elle-même
dans ses libertés traditionnelles et dans son épanouissement économique.
Certes Charles
Quint, avant son fils, avait fait preuve d'intolérance, mais avec modération.
Et puis
n'était-il pas enfant du pays ? Les rigueurs accrues de Philippe II, l'ombre de l'Inquisition
espagnole agitée par ce prince qui reniait sa Bourgogne et ses serments, n'étaient pas
acceptables.
Cependant, sept ans durant, Guillaume allait plaider pour l'ordre : l'ordre chrétien, l'ordre
de la raison, l'ordre de la tradition.
Dieu a laissé à l'homme la liberté de se perdre ou de se
racheter.
Voir brûler un homme qui croit bien faire “ fait mal aux gens ”.
Les tortures
renforcent le courage et la persévérance des hérétiques.
Il faut convaincre par la parole et
l'exemple.
En outre, quel service ferait-on au roi si l'on aggravait l'hémorragie de la
population active, et si la poursuite de cette politique impopulaire déterminait des
troubles, comme déjà l'on pouvait en prévoir ? Bref, l'ordre gît dans la sage tradition
libérale que le roi a fait serment de respecter !
A l'heure où l'État moderne s'instaurait en Europe, Philippe II après François Ier, entendait
faire du sien un puissant royaume, catholique et centralisé, sous son exclusive.
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