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Guillaume Apollinaire par Jean Cocteau de l'Académie française Guillaume Apollinaire nous a enchantés, une fois pour toutes.

Publié le 05/04/2015

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apollinaire
Guillaume Apollinaire par Jean Cocteau de l'Académie française Guillaume Apollinaire nous a enchantés, une fois pour toutes. Je me souviens d'une époque où nous marchions dans ce Saint-Germain-des-Prés qui devait prendre la suite de Montparnasse. Il disait : " Nous sommes assis entre deux chaises. " Il en souffrait. Il ne savait pas qu'entre ces deux chaises se préparait une chute vertigineuse qui le conduirait jusqu'à devenir une constellation. Jamais on n'a exigé d'Apollinaire ce qu'il ne pouvait pas ou ne voulait pas donner. On lui a épargné le " faites ceci et faites cela " dont on accable les artistes. On ne lui tenait pas à charge les livres qu'il écrivait de la main gauche et comme on secoue les cendres d'une cigarette. On adore en lui le poète qui tache la page, la plie, et en obtient un de ces tests devenus à la mode. Toutes ses taches sont précieuses, vivantes, expressives, exquises de grâce et de force. Elles boitent et clignent à la manière des étoiles dont la lumière terrible nous semble soumise au moindre souffle. Leur élégance est suprême. Elle ne relève en rien de l'élégance, telle que la frivolité l'envisage. Ces taches sont d'une élégance analogue à celle des animaux et des arbres. En outre, elles échappent à l'analyse (en quoi elles diffèrent des tests) et à l'exégèse qui, par exemple, couvre Rimbaud de poux. Leurs secrets sont avouables ou impénétrables et, lorsqu'ils sont impénétrables, ils forment des objets qui se suffisent à eux-mêmes, dont l'origine et l'usage nous échappent, bien qu'ils en tiennent leur air de nécessité, l'aspect équilibré de leur organisme. La table ne sert plus qu'aux spirites, elle est prétexte aux mains d'ombre qui l'interrogent. Un homme qui regarde la table en ébéniste et la touche avec un respect d'ébéniste fait table rase des mains d'ombre et nous rapproche des chiffres sous lesquels un poète se cache afin de pouvoir vivre en société, jusqu'à ce que cette société le défenestre ou le dégoûte et le décide à rompre ses contacts avec elle. La mort a rompu les contacts en ce qui concerne Apollinaire. Mais je devine que ses secrets eussent été à l'abri de la haine et qu'il aurait évolué au milieu de nous sans que les polices qui pourchassent l'anarchie aristocratique intervinssent. La Fr...
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