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Gui Patin1600-1672C'est une figure pittoresque que celle de Gui Patin, professeur et doyen du Collège royal demédecine de Paris.

Publié le 05/04/2015

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Gui Patin 1600-1672 C'est une figure pittoresque que celle de Gui Patin, professeur et doyen du Collège royal de médecine de Paris. Visage osseux, oeil futé, nez de renard, tel le représentent les images du temps. Il naquit en l'an 1600 à Houdan en Beauvaisis, troisième baronnie du comté de Clermont. Ses ancêtres étaient notaires et marchands drapiers et il se ressent de cette hérédité. Son grand-père fut homme de guerre ; son père était avocat ; sa mère, qui descendait d'une vieille famille d'Amiens, s'appelait Claire Menessier. On voulut faire de lui un avocat puis un prêtre, mais sur les conseils d'un ami, il quitta sa famille et vint à Paris faire sa médecine. Comme tous les bacheliers du XVIIe siècle, il soutint trois thèses au cours de ses deux années de licence : la première, le 19 décembre 1624 : Est ne feminoe in virum matatio -- curieuse question ! la deuxième, le 27 novembre 1625 : An proegnanti periculose laboranti abortus -- question un peu oiseuse ; la troisième enfin, le 26 mars 1626 : Daturne certum graviditatis indicium ex urina. Il était naturel qu'à toutes ces propositions Patin répondît négativement. Qui eût dit que la troisième comporterait aujourd'hui une réponse affirmative ? Ces thèses sont à peu près ses seuls ouvrages. Sans doute eut-il idée de faire un traité de médecine, mais il n'écrivit qu'un petit libelle de quatorze lignes : Manuele medicum sive de morboru...

« Doyen, il trouve qu'il y a trop d'étudiants (déjà !).

Il tonne contre les barbiers ignorants, bavards et babillards.

Mais il n'est pas tendre pour les médecins ses confrères, pour Guenaut, Brayer, Quercetanus en particulier.

Il se méfie des consultations entre médecins car, “ tandis que les médecins se contredisent, les malades meurent ”.

Il y a toujours du Molière dans ses écrits.

Il reste fidèle avec entêtement à Galien, à Fernel, à Piètre, à Riolan. Il est économe, sobre dans son costume qui n'était guère à la mode, mais il n'est pas homme d'argent.

Je ne le crois pas sans vanité, mais il la dissimule derrière une modestie affectée et de façade, et il n'est pas peu fier d'avoir été élu doyen et de compter soixante-huit auditeurs à sa première leçon.

Il fait aussi de la médecine, évidemment.

D'abord les documents médicaux : un ver qui sort d'une veine (sic) ; les huit vers trouvés dans l'appendice du cæcum ; la toux quinteuse d'un de ses enfants qui reproduit la maladie de M.

de Baillou, qu'on désignera plus tard sous le nom de coqueluche ; le cancer du sein de la reine mère ; la fièvre tierce ; toute une série de suppurations qui sont sans doute de la tuberculose ; la gravité des affections pulmonaires chez les “ rousseaux ”, ce qui est assez neuf ; la fréquence des calculs vésicaux ; la nécessité de la taille et les beaux succès de Colot et de Valot. Il faut bien parler aussi de sa thérapeutique. Elle est assez simple, sinon personnelle, en tout cas invariable.

D'abord quelques principes de diététique : l'apologie de l'allaitement maternel, la prescription du lait d'ânesse, l'excellence du bouillon de veau, de poulet, du vin bien trempé qu'il boit lui-même, des crêtes et rognons de coq, du gingembre, du poivre, de la cannelle ; la prohibition du citron, de la bouillie qui fait colle et obstrue l'estomac.

Il donne de l'eau aux calculeux et proscrit les farineux dont les gaz provoquent la congestion des parties basses. Mais il a horreur de la chimie et des apothicaires.

Il aime peu l'opium et le laudanum.

Il ne veut ni du quinquina qui ne sert à rien contre la fièvre, ni du chocolat ; il ne croit pas aux eaux minérales, Vichy ou autres, qui ne valent pas mieux que l'eau ordinaire ; il tonne contre l'antimoine auquel Renaudot prête la tribune de sa gazette.

Il déteste Guenaut qui l'emploie ; il veut expulser Jean Chartier de la Faculté pour son ouvrage sur l'antimoine et rayer du codex le vin d'émétique qui y était admis dès 1637. Il purge volontiers et parfois dès le quatrième jour et il saigne.

Sa thérapeutique, c'est séné, sirop de roses pâles et saignée : “ les trois S ”.

Cette saignée — la bonne, la sainte, la salutaire saignée, comme disait du Bellay — qui convient à tout et qu'on peut pratiquer même, s'il le faut, par artériotomie, ce qui est audacieux. On se représente assez Gui Patin noircissant inlassablement du papier dans sa vieille maison de la rue du Chevalier-du-Guet, proche du Châtelet, dans sa bibliothèque de dix mille volumes qui sera, hélas ! dispersée à sa mort, entouré des portraits de de Thou, qui fut son ami, de Fernel, qu'il affectionne, de Rabelais, de Montaigne qu'il admire, de Buchanan qui fut le maître de Montaigne, et du noble Michel de l'Hôpital.. »

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