Gui Patin1600-1672C'est une figure pittoresque que celle de Gui Patin, professeur et doyen du Collège royal demédecine de Paris.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
Doyen, il trouve qu'il y a trop d'étudiants (déjà !).
Il tonne contre les barbiers ignorants,
bavards et babillards.
Mais il n'est pas tendre pour les médecins ses confrères, pour Guenaut,
Brayer, Quercetanus en particulier.
Il se méfie des consultations entre médecins car, “ tandis
que les médecins se contredisent, les malades meurent ”.
Il y a toujours du Molière dans ses
écrits.
Il reste fidèle avec entêtement à Galien, à Fernel, à Piètre, à Riolan.
Il est économe, sobre dans son costume qui n'était guère à la mode, mais il n'est pas homme
d'argent.
Je ne le crois pas sans vanité, mais il la dissimule derrière une modestie affectée et
de façade, et il n'est pas peu fier d'avoir été élu doyen et de compter soixante-huit auditeurs à
sa première leçon.
Il fait aussi de la médecine, évidemment.
D'abord les documents médicaux :
un ver qui sort d'une veine (sic) ; les huit vers trouvés dans l'appendice du cæcum ; la toux
quinteuse d'un de ses enfants qui reproduit la maladie de M.
de Baillou, qu'on désignera plus
tard sous le nom de coqueluche ; le cancer du sein de la reine mère ; la fièvre tierce ; toute une
série de suppurations qui sont sans doute de la tuberculose ; la gravité des affections
pulmonaires chez les “ rousseaux ”, ce qui est assez neuf ; la fréquence des calculs vésicaux ;
la nécessité de la taille et les beaux succès de Colot et de Valot.
Il faut bien parler aussi de sa thérapeutique. Elle est assez simple, sinon personnelle, en tout cas
invariable.
D'abord quelques principes de diététique : l'apologie de l'allaitement maternel, la
prescription du lait d'ânesse, l'excellence du bouillon de veau, de poulet, du vin bien trempé
qu'il boit lui-même, des crêtes et rognons de coq, du gingembre, du poivre, de la cannelle ; la
prohibition du citron, de la bouillie qui fait colle et obstrue l'estomac.
Il donne de l'eau aux
calculeux et proscrit les farineux dont les gaz provoquent la congestion des parties basses.
Mais il a horreur de la chimie et des apothicaires.
Il aime peu l'opium et le laudanum.
Il ne
veut ni du quinquina qui ne sert à rien contre la fièvre, ni du chocolat ; il ne croit pas aux eaux
minérales, Vichy ou autres, qui ne valent pas mieux que l'eau ordinaire ; il tonne contre
l'antimoine auquel Renaudot prête la tribune de sa gazette.
Il déteste Guenaut qui l'emploie ;
il veut expulser Jean Chartier de la Faculté pour son ouvrage sur l'antimoine et rayer du
codex le vin d'émétique qui y était admis dès 1637.
Il purge volontiers et parfois dès le quatrième jour et il saigne.
Sa thérapeutique, c'est séné,
sirop de roses pâles et saignée : “ les trois S ”.
Cette saignée — la bonne, la sainte, la salutaire
saignée, comme disait du Bellay — qui convient à tout et qu'on peut pratiquer même, s'il le
faut, par artériotomie, ce qui est audacieux.
On se représente assez Gui Patin noircissant inlassablement du papier dans sa vieille maison
de la rue du Chevalier-du-Guet, proche du Châtelet, dans sa bibliothèque de dix mille
volumes qui sera, hélas ! dispersée à sa mort, entouré des portraits de de Thou, qui fut son
ami, de Fernel, qu'il affectionne, de Rabelais, de Montaigne qu'il admire, de Buchanan qui fut
le maître de Montaigne, et du noble Michel de l'Hôpital..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Armand Trousseau par Maurice Bariéty Professeur agrégé à la Faculté de médecine, Paris Il est des hommes qui prennent devant l'histoire figure de symbole.
- Patin Gui, 1601-1672, né à Hodenc-en-Bray (Oise), médecin français.
- Jean Jaurès par Jean-Marie Mayeur Professeur à l'Université de Paris XII Jean Jaurès est la figure de proue du socialisme français avant 1914.
- Fernand Widal par Marcel Brulé Professeur à la Faculté de médecine, Paris Le professeur Fernand Widal naquit en 1862 en Afrique, où son père était médecin militaire.
- Emile Roux par Pierre Mollaret Professeur à la Faculté de médecine, Paris A peu de figures, déjà aussi légendaires que celle de " Monsieur Roux ", aura correspondu un schéma de vie aussi simple.