Giacomo Leopardi par Sergio Solmi Milan Le temps a deux moyens d'enterrer les poètes.
Publié le 05/04/2015
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Giacomo Leopardi par Sergio Solmi Milan Le temps a deux moyens d'enterrer les poètes. Le premier est l'oubli, que parfois plus tard une époque éclectique secoue pour tirer des décombres de l'histoire quelques bras ou quelques torses qui apparaissent alors merveilleusement jeunes et nouveaux à nos regards. Le second moyen est l'emprisonnement dans une formule, dont la postérité distraite finit par s'accommoder, peut-être, parfois, pour se libérer à bon compte d'une trop imposante et gênante présence. Certes, le nom de Leopardi n'a jamais cessé d'être entouré, en Italie et hors d'Italie, d'une fervente et compréhensive vénération ; mais celle-ci n'a pas suffi à le préserver de l'emprisonnement dans une formule que l'opinion courante de l'Europe a faite sienne, s'épargnant la peine de pénétrer dans les profondeurs de l'oeuvre d'un écrivain, qui peut, à bon droit, passer pour le plus européen des classiques italiens modernes. Baptisé " poète du pessimisme " et rapproché de Schopenhauer, il a été bien vite enfermé dans le Panthéon du XIXe siècle naissant. Le vers de Musset : " Sombre amant de la mort, pauvre Leopardi " a fourni aux romantiques et à l'histoire de la littérature universelle le cliché attendu. Notre époque semble, au contraire, appelée à dégager les traits authentiques de la physionomie de notre poète. Les événements extérieurs font presque entièrement défaut dans la vie brève et malheureuse de Giacomo Leopardi. Né en 1798 à Recanati, dans les Marches, d'une famille provinciale noble, il grandit à l'ombre d'une mère bigote et sévère, et n'eut d'autre salut que la bibliothèque paternelle qui lui permit de se plonger dans les études philologiques grecques, latines, hébraïques, et de prendre contact, encore tout jeune, avec les plus illustres philologues européens, tel Niebuhr. Sa constitution délicate et maladive lui interdit un développement normal de son existence. L'amour, qui ne devait lui apporter plus tard qu'amères déceptions, a pour lui l'irréalité d'un songe. Quelques amitiés dévouées parviendront cependant à alléger, par un contact humain, le poids de sa vie. Abstraction faite de quelques séjours assez brefs à Bologne, Pise, Florence, il ne quittera Recanati - cette fois définitivement - qu'en 1833. Il mourut &agrav...
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