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Gertrude Stein par Raymond Queneau de l'Académie Goncourt Aucune oeuvre n'a été plus expérimentale que celle de Gertrude Stein, dans le domaine littéraire s'entend, aucune qui n'ait posé puis résolu tant de problèmes et de problèmes si nouveaux.

Publié le 05/04/2015

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Gertrude Stein par Raymond Queneau de l'Académie Goncourt Aucune oeuvre n'a été plus expérimentale que celle de Gertrude Stein, dans le domaine littéraire s'entend, aucune qui n'ait posé puis résolu tant de problèmes et de problèmes si nouveaux. Mais, de même qu'un politicien contemporain a dit - paraît-il, et à tort ou à raison, peu importe - qu'il ne faisait pas une expérience politique, mais la politique de l'expérience, ainsi Gertrude Stein n'a pas fait seulement une expérience littéraire, mais aussi la littérature de l'expérience. Ce qui paraît aujourd'hui cela s'imposera un jour comme ceci. On a fini par savoir que les peintres cubistes savaient dessiner. L'allusion à cette école de peinture n'est pas ici déplacée puisque Gertrude Stein fut une des premières à collectionner leurs oeuvres et qu'elle a elle-même fait le rapprochement entre son effort et la révolution picturale parallèle, née, pas de l'ignorance, mais d'une connaissance des problèmes posés par les prédécesseurs. Les premiers travaux de Gertrude Stein ont été des recherches de laboratoire, mais c'est en voulant traduire Flaubert qu'elle devint écrivain. Née à Allegheny (Pennsylvanie), le 3 février 1874, Gertrude Stein fait ses débuts dans la vie scientifique en 1896 par des travaux sur l'écriture automatique. Elle est alors l'élève de Münsterberg et de William James. L'Inconscient de Hartmann date de 1868 et L'Essai sur les données immédiates de la conscience, de 1889. La Science des Rêves paraîtra en 1900 et le Manifeste du Surréalisme en 1924 ; pour le moment, il ne s'agit que de psychologie expérimentale, non de littérature. Quoique ces travaux n'aient pas abouti à des résultats précis - et plus tard Gertrude Stein mit en doute la réalité, ou la sincérité, de l'automatisme de l'écriture automatique - un certain nombre de thèses soutenues alors par James et Münsterberg ont été à la base de la recherche steinienne. Que ces thèses aient été plus tard abandonnées ou modifiées par leurs auteurs, par leurs disciples ou par Stein elle-même, n'enlève rien à la valeur de l'oeuvre littéraire qui en est sortie, de même que le bergsonisme de Proust échappe à la critique philosophique lorsque l'oeuvre est achevée et s'impose. Parmi ces thèses, il faut citer surtout celle de la pensée comme relation et non comme entité, et, par conséquent, la primauté du présent sur le passé et l'avenir, d'où le goût de Gertrude Stein pour le présent comme temps grammatical, surtout pour le présent continu (la " progressive form ") et le participe présent. D'où également son ...
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