Germain Pilon 1537-1590 Ce n'est pas assez de dire que Germain Pilon
Publié le 05/04/2015
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monuments scandés comme des oraisons funèbres, longuement préparés, plus
longuement exécutés : la Chapelle des Valois est commencée 1560, à Saint-Denis, les
travaux sont interrompus en 1575, repris en 1580.
Germain Pilon est toujours à l' œ uvre,
avec son équipe, laborieux et paisible, hors du tumulte, dirait-on.
Le programme a été
rigoureusement tracé par le Primatice, mais il est traité avec liberté.
Deux corps morts, l'un
sera une manière de Christ gisant, bien français, l'autre une Vénus de Médicis sans
travesti, plus qu'un peu italienne.
Sur la plate-forme, Pilon surprendra l'agenouillement de
Henri et de Catherine, et leur mouvement empreint de componction comme de dignité
courtisane.
Leurs visages reflètent l'affabilité d'un gentilhomme et le sérieux que s'impose
une grande dame.
Ici le rythme est authentiquement de chez nous, sans intrusion
ultramontaine.
Après cela pourront venir nos sculpteurs du XVII esiècle, précédés par
Barthélemy Prieur et Guillaume Dupré, la voie est libre.
Des Vertus aux quatre coins du
monument restent fidèles à l'ordonnance servie jadis à Nantes par Michel Colombe, au
tombeau de François II de Bretagne, ou par les Juste, à celui de Louis XII et d'Anne de
Bretagne, mais combien différentes de leurs s œ urs aînées : allégories encore vivantes dans
leur allure mondaine, nullement semblables aux sages bourgeoises de l'ancien temps.
Elles
ne sont pas sans emprunter quelque chose de la cadence fluide qui les associe aux stucs de
la chambre de la duchesse d'Etampes, à Fontainebleau, et aussi aux figures étirées du
Parmesan, à la Madone au long col.
Elles sont païennes comme les Trois Grâces , inspirées
du fameux groupe antique de Sienne, qui, dansantes, tiennent sur leur tête le c œ ur du roi
Henri II, dans une urne baroque.
Les Vertus adossées qui portent la châsse de sainte
Geneviève ne sont pas plus mystiques.
Pourtant dans la chapelle des Valois on admirait un Christ sortant du Sépulcre .
Le Saint
François recevant les stigmates n'est guère moins éperdu dans son extase que celui dont se
sont inspirés les sculpteurs espagnols, et la Vierge du Mans peut être placée à côté des plus
naïves images de piété familière que notre Moyen Âge nous ait léguées.
Enfin, la Pietà
connue en deux exemplaires, en terre cuite peinte et en marbre, n'est pas moins confondue
en douleur sublime que celle de Michel-Ange.
La sensibilité de Germain Pilon demeurait
accessible au surnaturel.
Double face de ce grand sculpteur chrétien et ligueur, qui savait aussi bien, par des
mythologies savamment orchestrées, s'associer aux poètes pour célébrer l'entrée à Paris, en
15710, de Charles IX et de son épouse, Elisabeth d'Autriche, qu'édifier pour les mignons de
Henri III, Saint-Mégrin, Quélus et Maugiron, des tombeaux destinés à être saccagés par la
fureur populaire.
Restent les bustes, ceux des rois, celui de Jean de Morvilliers, d'un réalisme macabre, les
gisants de bronze, en costume du sacre, de Henri II et de Catherine de Médicis, le tombeau
de Valentine Balbiani, où la Mort est évoquée avec autant de provocante vérité que par
Ligier Richier.
Enfin un chef-d' œ uvre, la statue de bronze du chancelier René de Birague,
agenouillé dans les plis de sa simarre, la tête maigre, aux cheveux rares, osseuse et ridée,
érigée dans un col de fourrure, les deux mains engourdies de vieillesse, jointes au-dessus
du prie-Dieu.
Dernier aspect, qu'il ne faut point négliger.
Quand Germain Pilon meurt, en 1590, il est, par
ordonnance du Roi, contrôleur général des effigies, et travaille dans l'atelier installé à la.
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