Georg Büchner 1813-1837 1813.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
Büchner, dans ces lettres, écrit en substance : la Révolution française était beaucoup moins
cruelle.
Elle ne faisait pas languir en prison les gens pendant des années.
En somme, il
désavoue d'une certaine manière sa pièce la plus célèbre : La Mort de Danton.
Bien sûr, on peut reprocher à La Mort de Danton de ne montrer de la révolution que l'image
d'un Saturne dévorant ses propres enfants.
Je ne dis pas que dans les révolutions sociales
Saturne ne dévore jamais ses propres enfants.
Mais la question, tout de même, ne peut pas
se réduire à cela ; et s'il les mange, encore faudrait-il analyser comment et pourquoi il se
trouve obligé de les manger.
Büchner, dans La Mort de Danton, n'a pas échappé au travers
d'un idéalisme quasi schillérien.
Néanmoins, il fut honnête, et reprit presque littéralement
les paroles de Robespierre et de Saint-Just qui, eux, savaient ou plus exactement devinaient
que les soupirs de Danton et de leurs ennemis s'élançaient “ vers l'Angleterre et vers
l'Autriche ”.
Si Büchner ne vit pas qu'à l'époque dont il prétendait parler Paris était une
citadelle assiégée et avait donc la mentalité inquiétante de la citadelle assiégée, il sut
rendre compte, et d'une manière extraordinairement lucide, d'un certain style, d'une
certaine forme d'expression des Parisiens d'alors, citant continuellement la mythologie,
grecque ou romaine, au milieu de quelques bêlements, et de très grandes naïvetés
gentilles.
Et n'oublions pas non plus que, quelles que fussent les relations de sa famille, le
jeune Büchner, âgé de dix-huit ans, devait fuir son propre pays.
Que l'on considère, enfin,
ce qui, pour moi, importe : si Büchner a donné de l'Histoire une interprétation un peu
hâtive, il ne l'a pas fait à la manière d'un moraliste proche d'Albert Camus, mais à la
manière d'un grand poète lyrique.
Entre La Mort de Danton et Woyzeck, se situe une pièce sur laquelle je ne sais trop que dire :
Léonce et Léna. Quand on connaît Comme il vous plaira, ou n'importe quelle comédie de
Shakespeare, le démarcage devient gênant.
Certes, La Mort de Danton rappelle un peu trop
Coriolan et Jules César, et le peuple versatile, criant tour à tour “ Vive Danton ” et “ Vive
Robespierre ”, nous le connaissions déjà...
Néanmoins, le héros de La Mort de Danton est,
corrompu ou pas, un chef révolutionnaire.
Je ne connais pas une pièce révolutionnaire
intitulée Brutus (manque d'érudition, peut-être ?).
Mais je crains, à la réflexion, de me
montrer un peu injuste vis-à-vis de Léonce et Léna. La caricature, ici, est déjà un peu
transformée, et, en un sens, pour son époque, moderne.
Au-delà d'une métaphysique bien
ressassée, ne voit-on pas poindre la critique d'une organisation sociale ? Un exemple :
LE ROI PIERRE, tandis qu'on l'habille.
— Il faut que l'homme pense, et moi, que je pense mes
sujets, car ils ne pensent pas, ils ne pensent pas.
La Substance est l'En-Soi, et l'En-Soi, c'est moi.
J'en viens enfin au chef-d' œ uvre de Büchner : Woyzeck, dont, comme on sait, Alban Berg a
tiré un opéra admirable, rejoignant par des voies détournées le vrai sujet, retrouvant le
cœ ur même de la pièce.
Woyzeck : première œ uvre véritablement moderne, celle où, pour la première fois dans
l'histoire du théâtre européen, le héros est un prolétaire, un soldat, victime, objet d'un
médecin militaire qui fait des expériences sur lui, moyennant de petits “ avantages ”
financiers.
Woyzeck l'instrument, Woyzeck qui se confond avec le chat dont on tire les
oreilles et qui (compte tenu des “ expériences ”) n'a pas le droit de pisser n'importe où et.
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