Frédéric II le Grand par Stephan Skalweit Professeur à l'Université de Bonn Le 24 janvier 1712, au château de Berlin, l'héritier du trône de Prusse Frédéric-Guillaume eut un fils qui reçut le nom de son grand-père Frédéric.
Publié le 05/04/2015
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Frédéric II le Grand par Stephan Skalweit Professeur à l'Université de Bonn Le 24 janvier 1712, au château de Berlin, l'héritier du trône de Prusse Frédéric-Guillaume eut un fils qui reçut le nom de son grand-père Frédéric. C'était le troisième fils du couple princier, mais ses deux frères aînés étaient déjà morts. Seule, cette mort prématurée épargnait le sort qui autrement eût été le sien : demeurer un prince puîné, à côté du trône. A l'âge de deux ans, il devenait lui-même prince héritier. A l'accession au pouvoir de Frédéric-Guillaume, la cour fastueuse et prodigue du premier roi de Prusse disparut d'un seul coup. Un absolutisme nouveau, sans pareil en Europe, surgit en Prusse, avec une violence sauvage et pourtant calculée. Il s'exprime par un terrible assaut " iconoclaste " contre les formes traditionnelles de la représentation princière, il s'accomplit dans le travail sans répit du royal autocrate, il vise exclusivement le pouvoir temporel et cependant n'est pleinement compréhensible que par ses liens avec la religion. Par un effort inouï, il procure à cet État petit et pauvre, de trois millions et demi d'habitants, formé en outre de possessions dispersées, une place respectée à côté des véritables grandes puissances. Mais cette oeuvre imposante de reconstruction fut obtenue au prix d'une intensification de la puissance de l'État, inquiétante pour les conceptions de l'époque, et d'innombrables sacrifices en dignité et en bonheur humains. La violente nature créatrice du " plus grand roi-régisseur de la Prusse " les exigea du prince héritier lui-même autant que du dernier de ses sujets. L'éducation que le roi donna à son fils tendait davantage à en opprimer les talents qu'à les développer ; chez le roi, la déception causée par l'échec de cette éducation se mua en une rage insensée contre la nature de Frédéric, trop étrangère à la sienne. En réalité, il ne parvint jamais à la briser. Après sa fuite manquée (1730) et sous l'impression de ses terribles conséquences, Frédéric s'est sans doute soumis en apparence à son père, mais sans jamais se rendre. C'est durant cette violente crise de jeunesse que sa personnalité morale et spirituelle s'affirma pour la première fois. Il n'en fut pas transformé dans son être, mais ne fit que se replier davantage sur lui-même et prendre conscience de sa propre vocation. Ce n'est pas la dure école du roi-sergent qui a mûri Frédéric pour régner, mais un processus singulier de formation individuelle, qui ne se borne pas à cultiver ses nombreux penchants littéraires et artistiques. Il trouve son véritable sens historique dans un effort personnel pour son éducation au service de l'État. Le même Frédéric qui se croit né pour la seule jouissance et semble absorbé par les joyeuses muses de Rheinsberg édifie, sur la base de lectures systématiques, une philosophie politique du monde et une théorie du pouvoir. L'ambitieux disciple de Voltaire, dont il imitait les vers et le style, cède à la fascination de la puissance prussienne. La pensée des possibilités inexploitées du pays et de leur utilisation dans l'avenir anime ses réflexions politiques au cours de ces années-là. Dans son écrit de jeunesse aux sens multiples : Considérations sur l'état présent du corps politique de l'Europe (1738), il se voit déjà à la place d'un père dont la conduite lui semble hésitante. Attendant son heure, impatient d'agir, il se voit aussi parmi les grandes puissances, avant même d'être monté lui-même sur le trône. Quelques mois seulement après son avènement (1740), l'extinction de la descendance masculine des Habsbourg lui fournit une occasion qu'il peut exp...
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