François Rabelais par Lucien Febvre Membre de l'Institut Rabelais un auteur facile.
Publié le 05/04/2015
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François Rabelais par Lucien Febvre Membre de l'Institut Rabelais un auteur facile. Et sans mystères, moins pour un lecteur instruit aux bonnes lettres, nourri de latin et plus encore de grec, féru de mythologie et d'histoires anciennes : bref, parfait humaniste à la façon dont on l'était en France, entre 1860 et 1880. Verve entraînante et intarissable ; langue dont la richesse n'a pas fini d'émerveiller nos philologues ; style d'un rythme, d'une ampleur, d'une harmonie surprenants pour le temps. Et quant au reste : goût français du bon vin pinaud qui se boit avec des châtaignes et des noix ; goût non moins français d'une gaudriole sans perversité, alternant avec la prud'homie sentencieuse d'une sagesse rustique, amour terrien de la paix, sens de l'ordre, respect d'un pouvoir fort, mais seulement s'il est juste (relisez les pages admirables du Tiers Livre sur la façon de gagner les peuples nouvellement conquis). Pour philosophie enfin, un platonisme largement étoffé couvrant de son manteau des états d'esprit assez simples, exempts de fanatisme et de partisanerie. Bref, exactement ce qu'il faut pour plaire aux humanistes dont nous parlions à l'instant : gens de cabinet, mais intrépides navigateurs en pensée, sobres et continents en fait, mais grands buveurs et paillards en paroles ; toujours prêts à soupçonner le pire pour qu'on ne les taxe pas de naïveté ; se défendant enfin de mettre leur pensée en forme, mais prolongeant volontiers celle des autres au-delà de ses limites voulues : voilà Rabelais - et vous voyez bien qu'il est facile et sans mystères "... A le prendre tout fait, peut-être. Mais pourquoi, mais comment s'est-il fait ? A un bout, l'oeuvre. A l'autre bout, l'auteur : Rabelais, François, docteur en médecine de la Faculté de Montpellier, né dans le Chinonais en 1483, à moins que ce ne soit en 1490, ou en 1494. Fils d'un père supposé. Les vieux disaient d'un aubergiste ; une telle paternité leur semblait logique. Nous disons, aujourd'hui, d'un avocat. Va pour l'avocat. Ce sont là de nos trouvailles, dont nous sommes tout fiers. Pendant plusieurs décades, nos érudits s'y sont mis. Mais finalement, de toutes leurs conquêtes, se dégage-t-il un Rabelais sans énigmes ? Point. Chose gênante, nous ne connaissons même pas ses traits. Un de ses camarades, un pauvre diable de poète latinisant, Nicolas Bourbon, a eu cette chance imméritée de voir un jour, en Angleterre, Hans Holbein lui-même s'asseoir devant lui et " tirer son portrait ", d'abord au crayon, puis au pinceau. Deux chefs-d'oeuvre, qui nous livrent tout de cette face bouffie. Rabelais ? Personne ne s'est trouvé, à notre connaissance, ni à Lyon, ni à Rome, ni à Paris, personne qui, sans être Holbein, sût révéler des êtres humains à eux-mêmes et aux autres - personne qui nous ait légué un Rabelais pris sur le vif. Ainsi tout est-il fantaisie pour nous dans un domaine de stricte exactitude - et s'il nous plaît de doter Me Alcofribas d'un nez semblable à une flûte d'alambic, " tout diapré, pullulant, purpuré, à pompettes, tout émaillé et boutonné " - sachons que ce sera uniquement pour complaire à Abel Lefranc, qui tient pour un Rabelais à nez cyranéen. Au fond, il n'en sait gu&egra...
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