Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc par Maurice Besset Directeur de l'Institut français de Berlin A de très rares exceptions près, on ne parle de Viollet-le-Duc - quand on en parle - qu'avec animosité et dédain.

Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc par Maurice Besset Directeur de l'Institut français de Berlin A de très rares exceptions près, on ne parle de Viollet-le-Duc - quand on en parle - qu'avec animosité et dédain. Les traditionalistes semblent lui avoir encore moins pardonné ses attaques contre l'École que le " vandalisme " de ses restaurations, et les modernes, pourtant empressés à étendre, de façon parfois inattendue, leur arbre généalogique, n'ont apparemment cure de le compter parmi leurs ancêtres. Le sort fait à Viollet-le-Duc contraste ainsi étrangement avec la vénération quasi mystique dont sont entourés aujourd'hui d'autres représentants tout aussi ambigus, et de moindre envergure, du goût du XIXe siècle, un W. Morris par exemple, ou même le baron Horta. A l'encontre de ceux-ci, Viollet-le-Duc n'a pas connu, sinon la réhabilitation, du moins la réévaluation à laquelle il a droit. En effet, s'il est commode de le confiner dans le rôle de bouc émissaire des péchés esthétiques du positivisme, il serait moins injuste et aussi plus utile de préciser quels ont été dans les faits son rôle et son apport. Si nous disons qu'ils ont été ceux d'un précurseur, il convient de marquer fortement ce qu'ici signifie le terme. En avance sur son temps et en opposition contre lui par ses tendances esthétiques les plus profondes, Viollet-le-Duc participe aussi de ce temps par d'autres aspects de sa pensée et de sa sensibilité. Le désaccord est flagrant, par exemple, entre l'ampleur prophétique de ses vues sur l'avenir industriel de la construction et la p...