Devoir de Philosophie

Eugène Delacroix par René Huyghe Collège de France Se livrer à toutes les

Publié le 05/04/2015

Extrait du document

delacroix
Eugène Delacroix par René Huyghe Collège de France Se livrer à toutes les ardeurs de la vie sensible et de ses passions, mais en doubler le prix par la libre acceptation des disciplines intellectuelles et des exigences de l'esprit, c'est toute l'admirable figure humaine de Delacroix, âme en fusion et maintien froid, prêtant le vêtement de sa palette pathétique aux songes de Shakespeare, de Goethe et de Byron, mais goûtant le silence et la solitude de Champrosay pour ce qu'il y pouvait lire Racine. Cette complexité, cette universalité humaine, les témoins de sa vie en ont porté un témoignage qui éclaire celui de son oeuvre. Tel il apparaissait dans son allure : " On eût dit, raconte Baudelaire, un cratère de volcan artistement caché par des bouquets de fleurs ". Tel il se révélait dans sa personnalité morale, lui qui, selon Théophile Silvestre, " avait un soleil dans la tête et un orage dans le coeur ". Sa fièvre l'a fait revendiquer comme chef par les romantiques ; sa haute raison, appuyée sur la lucidité et la volonté, lui ont permis d'affirmer qu'il était " un classique ". En fait, il s'est élevé à une altitude où les distinctions d'école paraissent vaines et où un homme profond ne se soucie plus que de remuer ce qu'il y a de plus profond dans les autres hommes. Il a pris dans l'histoire cette position que ses dernières volontés réclamaient pour son tombeau. Il l'a voulu " sur la hauteur, dans un endroit un peu écarté ". Sa vie se déroule sans grands événements ; son aventure est dans son oeuvre. Il naît près de Paris, à Charenton-Saint-Maurice, en 1798 ; il meurt à Paris, dans le calme provincial et désuet de la place de Furstemberg, le 13 août 1863. Surmontant une santé débile, consumée par cette " nécessité d'avoir la fièvre " qu'il revendique avec feu, il économise ses forces et ses ardeurs pour les jeter toutes, avec prodigalité, dans son travail, dans sa création. Sorti de l'atelier davidien de Guérin, mais déjà lié avec Géricault à qui il doit tant, il bouleverse la peinture et l'opinion avec sa Barque du Dante au Salon de 1822 et son Massacre de Scio en 1824. L'année suivante, un voyage en Angleterre lui révèle une technique toute " picturale " qui l'aide à affranchir l'école française de l'académisme où elle étouffait. En 1830, il se rend en Espagne, au Maroc et en Algérie : il y trouve à la fois la couleur et la poésie de l'Orient, dont il avait déjà rêvé à travers les thèmes de la Grèce en lutte avec les Turcs, mais aussi la noblesse antique qu'il perçoit, enfin vivante, dans les nobles silhouettes drapées des Arabes. Sentant confluer en lui l'ardeur passionnée et libre de la vie, dont il va à plusieurs reprises admirer en Belgique la plus magnifique image en Rubens, et la conscience de disciplines intellectuelles, il peut alors entreprendre son cycle de vastes peintures décoratives ; c'est, au Palais Bourbon, le Salon du Roi (1833-37) puis la Bibliothèque (1838-47) ; au Palais du Luxembourg, la Bibliothèque encore (1845-47) ; au Louvre, le plafond de la Galerie d'Apollon (1849-50) ; à l'Hôtel de Ville, le Salon de la Paix (1851-53), malheureusement incendi...
delacroix

« par René Huyghe Collège de France. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles