Etude Linéaire Arthur Rimbaud Le Mal (poème)
Publié le 30/11/2024
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«
Etude Linéaire
Arthur Rimbaud
Le Mal (poème)
Problématique : Comment le poète parvient-il à susciter 1’indignation chez son lecteur
et à dénoncer « le mal » qui corrompt la société ?
Annonce de plan :
Ce sonnet présente une opposition classique entre les quatrains et les tercets.
Le premier mouvement, représenté par les deux quatrains (v.
1 à 8), expose l'horreur de
la guerre.
Le second mouvement, constitué des deux tercets (v.
9 à 14), met en regard le tableau
d'un Dieu « pacha » qui se roule dans l'opulence tandis qu'on meurt de part et d'autre.
1.DÉNONCIATION DE L'HORREUR ET DE L'ABSURDITÉ DE LA GUERRE
(V.
1 À 8)
Ce sonnet grammaticalement constitué d'une seule phrase.
Les deux quatrains n'en exposent que la subordonnée circonstancielle de temps,
introduite par la conjonction de subordination « tandis que » (v.
1 et 4), reprise au début
de chaque quatrain.
Ce subordonnant marque deux éléments.
Tout d'abord, il appuie la concomitance entre
le tableau décrit dans les quatrains et celui des tercets (qui contient la proposition
principale).
Ensuite, la hiérarchisation entre ces deux tableaux crée l'indignation.
En effet, l'horreur
exposée dans la subordonnée (les deux quatrains) n'est, grammaticalement que
secondaire par rapport à ce qui est exposé dans la principale (tercets).
Rimbaud joue de cette hiérarchisation pour instaurer l'ironie et faire jaillir l'indignation.
1.1.
Premier quatrain (v 1 à 4) : la Guerre, un tableau coloré
Le subordonnant « tandis que » (v.
1) associé au présent (« sifflent », v.
2) et au
complément de temps « tout le jour » (v.
2) marque une continuité de l'action décrite.
Il
s'agit d'une violence ininterrompue comme l'indique l'expression « feu crachats rouges
de la mitraille › (v.
1).
Le terme « crachats », péjoratif et répugnant, signale la laideur — esthétique et morale
— des tirs qui souillent le paysage.
La couleur rouge, sanglante, déchire « l'infini du ciel bleu » (v.
2).
En deux vers, Rimbaud met déjà en opposition l'horreur de la guerre et la beauté paisible
du ciel.
L'absurdité de la guerre est déjà dénoncée.
La phrase se poursuit (« qu’ » au vers 3 reprend « tandis que ») en présentant pèle- mêle
les deux armées qui s'affrontent : « Qu'écarlates ou verts f...] / Croulent les bataillons »
(v.
3-4).
Les uniformes écarlates sont ceux des soldats français ; les Prussiens sont en vert.
Ici, comme dans un tableau qui montrerait la scène de loin, ils ne sont plus que des
taches de couleur qui se mêlent « en masse » (v.
4) et s'effondrent « dans le feu » (v.
4).
Le présent du verbe « croulent » marque l'aspect continu et répété de ce massacre que
personne ne vient interrompre.
Au contraire, les monarques n'accordent aucune valeur à la vie de leurs soldats :
l'expression «près du Roi qui les raille » (v.
3), au singulier, vaut pour chaque armée.
le « Roi » avec majuscule a une valeur universelle et représente aussi bien le monarque
prussien que le monarque français.
L'un ne vaut pas mieux que l'autre : le verbe « railler », qui rime ici avec « mitraille »
(v.
1), exprime le mépris et l'indifférence des monarques pour ces bataillons qui
s'effondrent.
1.2.
Second quatrain (v.
5-8) : un charnier dans l'indifférenee
La proposition circonstancielle de temps se poursuit, avec le subordonnant « tandis que
» (v.
5).
On franchit toutefois un degré dans la violence et l'horreur, avec des termes qui
dépeignent un véritable charnier : « broie » (v.
5), « un tas fumant » (v.
6).
La « folie épouvantable » (v.
5) est celle des « Rois » et de leurs ambitions meurtrières.
L'idée d'un massacre de masse, déjà exprimée au vers 4, se retrouve au vers 6 : « fait de
cent milliers d'hommes un tas fumant ».
Le pluriel, « cent milliers d'hommes », s'oppose au singulier de « un tas fumant » pour
exprimer la réduction à néant de toutes ces vies.....
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