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Emmanuel Kant par Jules Vuillemin Professeur à la Faculté des Lettres de Clermont Emmanuel Kant naquit à Königsberg en 1724.

Publié le 05/04/2015

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Emmanuel Kant par Jules Vuillemin Professeur à la Faculté des Lettres de Clermont Emmanuel Kant naquit à Königsberg en 1724. Il y vécut et y mourut. Cette ville était en rapports fréquents avec Berlin et l'Académie royale, acquise aux Lumières. Hamann et son Cercle entretenaient à demeure l'influence du piétisme. La rencontre de ces deux courants de pensée fut profitable à Kant, dont toute la vie fut consacrée à l'étude, à l'enseignement et à la méditation. La légende rapporte qu'il suivait, pour ses loisirs et son travail, un horaire rigoureusement fixé, et qu'il ne se départit de ses habitudes que le jour où il apprit les premiers succès de la Révolution française. C'était, dit Fichte, la raison pure incarnée. Ses premiers écrits portent sur des questions de physique et de philosophie. De façon souvent confuse et maladroite, comme dans les Pensées sur la véritable évaluation des forces vives, de 1747, Kant essaie de trouver un fil conducteur dans le labyrinthe de la nouvelle Mécanique, dont les notions fondamentales lui parviennent surchargées de gloses et d'interprétations par les écoles rivales des adeptes de la pensée de Descartes, de Leibniz et de Newton. Ainsi, après avoir ouvert un cours libre à l'Université en 1755, il publie une Histoire naturelle et Théorie générale du ciel, dans laquelle il tente de reconstituer l'histoire du monde en partant de l'hypothèse d'une nébuleuse primitive et en appliquant les principes de la Mécanique de Newton. Il y a quelque analogie entre cette entreprise et les idées que développera le système de Laplace. Les projets, du moins, sont semblables. Concevoir historiquement la cosmologie et reconstruire le monde en ne se donnant à l'origine que la matière amorphe, dispersée et soumise à la gravitation, tel sera, d'après Engels, le plus beau titre de gloire de Kant. La grandeur de Kant paraît au contraire dans la rigueur avec laquelle il soumet bientôt à la critique ses propres découvertes, dans le souci qu'il éprouve de sacrifier la séduction à la certitude, dans la décision qu'il prend d'abandonner une hypothèse cosmologique qui lui assurera paradoxalement la gloire dans le monde des savants, dès qu'il aperçoit les contradictions qu'impliquent toutes les questions concernant l'origine du monde. Il poursuit donc sa propre éducation et sa propre critique. En 1763 paraît l'Essai pour introduire en philosophie la notion de quantité négative. L'optimisme a toujours regardé la négation comme une simple privation d'être. C'est ainsi que Pangloss expliquait à Candide ses malheurs. En apercevant dans la négation la position d'un être négatif, c'est-à-dire un conflit, Kant rompt avec la philosophie leibnizienne. Déjà il conçoit la nature comme une opposition de forces contraires ; déjà il entrevoit la possibilité d'un Mal radical, d'un péché qui vicie à leur principe les initiatives de la volonté humaine. Critiquer l'optimisme, c'est déjà limiter les ambitions de l'homme et proposer à ses efforts la culture d'un jardin. L'esprit de la philosophie critique apparaît dès les Rêves d'un visionnaire expliqués par les rêves de la Métaphysique en 1766. Pour réfuter les prétentions de Swedenborg qui croit connaître l'au-delà, il faut bien fixer des limites à nos facultés de connaître ; lorsqu'elle légifère hors de ces limites, la raison délire et il est besoin d'une Critique pour assurer les garde-fous nécessaires. On peut considérer qu'avec la dissertation de 1770, Sur la forme et les principes du monde sensible et intelligible, prend fin la période de la vie de Kant qu'on convient d'appeler pré-critique. La connaissance humaine puise à deux sources différentes. La première est l'espace et le temps ; la seconde est le monde intelligible. Lorsque nous nous représentons les choses dans l'espace et le temps, notre connaissance est sensible : l'espace et le temps sont donc les instruments par lesquels notre sensibilité nous affecte ; par eux, nous voyons les choses, nous ne les pensons pas. Lorsqu'au contraire, nous nous représentons les choses en elles-mêmes et indépendamment de leur insertion dans l'espace et dans le temps, l'intuition le cède à la pensée. Ainsi, par nos deux facultés de reconnaître, nous participons à deux mondes différents ; la physique se rapporte au premier et la métaphysique au second. La Dissertation vaut à Kant le titre de professeur titulaire de Logique et de Métaphysique. Durant dix ans, il médite sans presque rien publier. A partir de 1781 paraissent les oeuvres où il expose et développe le système critique : en 1781 la Critique de la raison pure, en 1783 les Prolégomènes à toute métaphysique future qui voudra se présenter comme science, en 1785 les Fondements de la Métaphysique des moeurs ; en 1787, la seconde édition de la Critique de la raison pure, à laquelle Kant fait subir de profondes transformations pour manifester clairement qu'il y explore les limites de la connaissance rationnelle et non pas la nature de nos facultés psychologiques ; en 1788 la Critique de la raison pratique, en 1790 la Critique de la faculté de juger. Ayant achevé la critique des facultés de connaître, d'agir et de sentir, Kant passe alors à l'exposé proprement positif ou métaphysique de sa doctrine. Il publie les Éléments métaphysiques de la science de la nature en 1786, les Éléments métaphysiques de la doctrine du droit et les Éléments métaphysiques de la doctrine de la vertu en 1797. Il écrit un essai sur la Religion dans les limites de la raison, un Projet de paix perpétuelle. Il meurt le 12 février 1804. Dans la Dissertation de 1770, Kant superposait deux mondes : le monde sensible et le monde intelligible. Pour formuler le principe de la philosophie critique, il lui suffira de reléguer le monde intelligible dans le domaine des illusions théoriques : le seul monde qui soit donné à notre connaissance et à notre expérience, c'est le monde sensible. Par conséquent, tant que nous nous contentons de penser des objets par leur simple concept, nous construisons des entités logiques, qui ne nous apprennent rien sur les choses ; elles deviennent des chimères dès que nous prétendons étendre par leu...
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