Emmanuel Chabrier 1841-1894 L'apparition lumineuse et fantasque d'un lutin, en quelque songe
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
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Chabrier allait aborder la profession de musicien sans sortir d'aucune École, sans
s'autoriser d'aucune discipline qui fît de lui un “ régulier ”.
En homme neuf, en self made
man.
C'est pourquoi les “ réguliers ” affectèrent longtemps — et même après sa mort — de
ne voir en lui qu'un amateur bien doué.
A la Faculté de droit, Emmanuel, pour se plier aux volontés paternelles, poussa jusqu'à la
licence, bien que la musique fût toujours sa principale étude.
Un marchand de pianos bien
connu a conté comment le jeune Chabrier, chaque jour, se dérobait aux heures d'amphi
pour venir chez lui toucher du clavier, s'exercer avec opiniâtreté.
Pour finir, on lui fit
obtenir un poste de surnuméraire au ministère de l'Intérieur (1861), emploi dont il ne
devait se démettre qu'en 1880.
Naturellement Chabrier, hors les heures de bureau
strictement obligatoires, déploya toute son activité dans le culte de la musique, les travaux
de composition, les relations d'amitié avec ses artistes préférés, dans la fréquentation aussi
des salons où on se piquait de patronner la musique, les arts, les lettres.
Fort sociable,
joyeux compagnon, volontiers obligeant, ne manquant ni d'esprit, ni d'une éducation
mondaine du meilleur aloi, il fut accueilli partout avec cette cordialité dont lui-même
donnait l'exemple.
Ainsi qu'il arrive chez les jeunes compositeurs, les visées de Chabrier erraient tour à tour
vers le Théâtre et vers le Concert.
C'est par le Théâtre qu'il débuta, du moins, qu'il
commença à se faire connaître.
Après deux ébauches de bouffonneries lyriques élaborées
en collaboration avec Verlaine et qui n'aboutirent pas (1863 et 1864), il put faire jouer avec
succès aux Bouffes Parisiens, en 1877, sa charmante opérette de l'Étoile qui maintenant
figure au répertoire de l'Opéra-Comique.
Autre menu succès, mais éphémère, avec la
saynète musicale, d'une si jolie verve, qu'il fit représenter en 1879 au Cercle de la Presse :
l'Éducation manquée .
Mais déjà il se sentait des ailes, déjà son génie arrivait à maturité ; déjà il était
profondément imprégné des chefs-d' œ uvre de Wagner ; déjà tout son effort allait à la
grande composition, à la haute musique.
Cette carrière de compositeur où dès le départ il
était en posture de maître, commença pour lui vers 1881, alors qu'il atteignait sa
quarantième année ; elle devait prendre fin avec sa mort prématurée, en 1894.
On ne peut
en suivre ici toutes les étapes, en relater les rares éclaircies, les multiples déboires, les
cruelles malchances...
Rappelons au plus bref, que Chabrier, quand il donna, en novembre 1880, sa démission
d'employé au Ministère, était marié depuis six ans, et père de deux garçons ; qu'il n'avait
guère pu se produire encore, comme compositeur de musique de chambre ou d'ouvrages
symphoniques, que par quelques auditions à la Société nationale de Musique, jeune
groupement animé des plus louables tendances, auquel il collaborait avec zèle et où il était
fort prisé.
En 1881, c'est la haute estime dont il jouissait auprès de Charles Lamoureux qui
lui permit de prendre rang parmi les professionnels.
La Société des Concerts Lamoureux,
alors dans son essor et qui déjà tenait dans le monde musical un emploi souverain,
s'attacha Emmanuel Chabrier comme “ chef des ch œ urs ” ; en fait, Lamoureux fit de
Chabrier son second, son factotum.
A titre de vacances, le compositeur put accomplir avec
sa femme, en automne 1882, un voyage de quelques semaines en Espagne.
Il en rapporta
les éléments d' Espana , l'éblouissante rhapsodie qui fut exécutée par l'orchestre Lamoureux.
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