Duchesse de Berrypar Olivier de MagnyLe sang chargé des Bourbons, royaux bâfreurs, chasseurs enragés, devait,encore épaissi d'une bâtardise, produire cette baroque perle demégalomanie arrogante et de violence gloutonne : Marie-Louise Élisabethd'Orléans, duchesse de Berry.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
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comprend pas qu'elle écoute un seul guide, sa frénésie de paraître. Louis
XIV prête-t-il par faveur la musique de sa chapelle pour la messe de la
Duchesse, cette mécréante, qui s'empiffre toute la nuit, joue un jeu d'enfer,
boit comme un mousquetaire et trompe spectaculairement le duc, se
précipite à l'office divin que d'habitude elle néglige.
Noël, par contre, la voit
communier parce qu'un privilège permet aux Enfants de France de le faire
sous les deux espèces.
Ainsi savoure-t-elle dans le sacrement un attribut de
son rang.
La mort de son époux l'ennuie un peu : elle n'aura pas de fils.
Elle
se console par la mise en scène d'un veuvage théâtral.
Lorsque la fille de Philippe d'Orléans devient la fille du Régent, elle obtient
tout de ce père qui l'idolâtre et qu'elle tyrannise : des rentes, des apanages,
un train de maison royal, une compagnie de 60 gardes commandée par un
capitaine ce qu'aucune reine de France ne posséda jamais , la résidence
du palais du Luxembourg et le droit d'y recevoir en audience les
ambassadeurs, les prévôts des marchands, les députés des États.
Se
pique-t-elle de politique ? Pas du tout, mais juchée sur une espèce de trône,
elle écoute voluptueusement pendant des heures les harangues
obséquieuses de ces personnages.
Cette paresseuse ne sort de son lit que
pour éclabousser le peuple de la gloire puérile qu'elle usurpe.
Entourée de
hallebardiers à cheval elle monte en carrosse, improvise nuitamment un
cortège et réveille Paris au son de ses timbales et de ses fifres.
Le théâtre
l'ennuie mais elle se rend à la Comédie-Française pour encombrer la scène
de ses lansquenets et se faire débiter par un acteur, après la tragédie, le
discours réservé aux rois.
A chaque fois la Cour est outrée et Saint-Simon
grince des dents.
Cependant, gorgée de venaisons, de boudins, de crèmes et de confitures,
celle que les chansonniers nomment Joufflotte engraisse démesurément.
Elle participe aux soupers que le régent donne à ses roués et qu'il préside
entre Mme de Sabran , qu'il appelle mon aloyau et Mme de Parabère , mon
gigot.
Excitées par les épices, grisées par le vin de Champagne, les dames,
nues, jouent aux tableaux vivants, miment le Jugement de Pâris où la
duchesse figure Vénus.
On introduit ensuite des laquais et des gardes
choisis pour leur vigueur et, à la lueur raréfiée des flambeaux qui se
consument, s'organise l'orgie au hasard de laquelle on peut sans
extravagance supposer une conjonction incestueuse.
A l'issue de ces.
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