Dioclétien par Guillaume Cardascia Professeur à la Faculté de Droit et des

Dioclétien par Guillaume Cardascia Professeur à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de Paris A l'automne de 284, l'armée romaine d'Orient, pliant sous la pression des Perses et désemparée par l'assassinat de son chef Numérien, proclame empereur, à Nicomédie, le commandant des gardes du corps, un officier dalmate issu du rang, Caius Valerius Diocletianus. Quelques mois plus tard, la mort de Carin rallie à Dioclétien l'armée d'Occident. Le nouvel empereur insère dans ses noms le gentilice d'Aurelius, en hommage à cet Aurélien qui avait été, dix ans plus tôt, le meilleur artisan du renouveau romain après les années sombres de l'anarchie militaire. A son avènement, cet homme de modeste origine, qui a gravi patiemment tous les échelons de la carrière militaire, est âgé de quarante-trois ans. Animé d'une énergie indomptable, inspiré par une haute idée de son devoir, il reprendra l'oeuvre de ses prédécesseurs illyriens, mais le sort lui accordera, avec un règne de vingt ans, une meilleure chance de succès. Homme de tradition et homme de progrès, Dioclétien offre un visage complexe. Son règne ouvre l'ère du Bas Empire mais clôt celle de l'Empire païen. Son dessein a été de restaurer Rome dans son unité politique, mais par la voie de la déconcentration ; de renouer avec la tradition nationale, mais en l'altérant par le despotisme et le dirigisme ; champion de la romanité, il déplace, déjà, vers l'Orient le centre de gravité de l'Empire. Sans idée préconçue, mais constituée par étapes sous l'aiguillon des événements politiques, sa grande oeuvre a consisté à doter le gouvernement de plusieurs têtes, tout en en préservant l'unité. Le monde romai...