Culture et politique dans la France des Lumières
Publié le 11/08/2012
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L’étude des textes séditieux est intéressante en ce qu’ils s’immiscent dans une relation d’exclusivité entre le roi et Dieu. Le roi qui trône au dessus de la mêlée des hommes ne peut pas être tenu responsable d’une mauvaise politique dont la faute en revient aux ministres. En 1749, l’image du roi n’est plus celle de 1743, l’année de ses exploits aux armées : les détracteurs de Louis XV lui reprochent les conséquences de la paix, particulièrement l’enlèvement de Charles-Edouard au profit des anglais. L’événement est relaté avec force de procédés antithétiques : combat entre un roi tyrannique et un prince valeureux, « trahison de Louis XV/loyauté de Charles-Edouard «. Les propos séditieux semblent se focaliser particulièrement sur les conditions de la paix. Pour certains auteurs déjà la personne du roi est directement incriminée dans le règlement de cette « paix honteuse «. Les français sont outragés par les choix de Louis XV et regrettent le règne de Louis XIV. Car Louis XV a définitivement souillé les vertus chevaleresques du peuple français en faisant fi de son lien de sang commun avec le prince Stuart, descendant lui aussi, de l’éminent Henri IV. Le peuple désaffecte son roi à mesure qu’il s’apitoie sur le sort de la famille déchue, et déjà, le surnom de « Bien-Aimé « est contesté au roi. Le peuple réclame une moralisation de la vie politique dans laquelle le mérite compterait autant que la bonne naissance, où l’élite de talent pourra se frayer une place au milieu de l’élite de naissance.
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3) La fronde du clergé et la fronde du parlementLa crise financière révélée par la guerre de succession d'Autriche ne peut pas être résolue sans le soutien du clergé et du parlement.
Or, pour préserver leurs acquis,ces deux puissances entrent en opposition latente à la monarchie.
1) Le clergé et la crise du VingtièmeAprès avoir épuisé tous les remèdes à la crise à son poste de contrôleur général des finances qu'il occupe depuis fin 1745, Machault d'Arnouville, tente d'imposer àtout le monde un nouvel impôt proportionnel au revenu : le vingtième (qui remplace le dixième).
Les parlementaires, mais surtout le clergé entrent en résistance : lesdroits des privilégiés sont bafoués.
Même si Machault tente de faire imposer l'impôt par des textes écrits par Voltaire, la réforme fiscale échoue et en décembre 45, leclergé est exempté du vingtième et ne paye qu'une faible part des sommes dues.Mais le clergé doit de nouveau faire face à la dissidence janséniste quelque peu déconsidérée après l'épisode de Saint Médard.
L'archevêque de Paris, Christophe deBeaumont, exige en 1749 la signature d'un billet de confession pour la bulle Unigenitus sans quoi les fidèles ne pourront recevoir les sacrements de l'Eglise.
En 52, lavive opposition des parisiens à cette disposition en a fait, en majorité des jansénistes.
2) Rencontre des jansénistes, du parlement et des Lumières
Le parlement continue de défendre les jansénistes persécutés et prend des mesures contre ceux qui refusent d'administrer les sacrements aux fidèles.
C'est que selon lesmagistrats, le clergé est responsable d'une mission sociale, d'un service public dont le bon fonctionnement dépend du parlement.
On a une alliance entre jansénisme,monde parlementaire et philosophie des Lumières.La fronde parlementaire à partir des années 1750 va affaiblir la monarchie.
Alors que le roi exilait jusqu'alors les parlementaires réfractaires, il décide, en aout 1754d'imposer le silence aux parlementaires sur les questions ecclésiastiques en annulant néanmoins les procédures antérieures.
Après l'exil de l'archevêque intransigeant,le parlement sort grand vainqueur de l'affrontement.Le parlement se dote en plus d'une véritable idéologie basée sur l'histoire des institutions : le parlement est une force politique unique antérieure à la monarchie qui apour but de faire respecter des lois fondamentales supérieures aux princes.
Un roi peut désormais être accusé de faire un « parricide » contre l'Etat s'il se sertabusivement dans les caisses du royaume.
Clergé et parlement, les deux forces qui doivent soutenir la monarchie l'affaiblissent au contraire.
Quel sera l'impact des Lumières ?
Cottret B.
et M., « Les chanson du Mal-Aimé », Histoire sociale, sensibilités collectives et mentalités.
Mélanges Robert Mandrou, Paris, PUF, 1985, pp.
164-177Les années 1750 marquent un tournant dans le règne de Louis XV.
Alors que les conséquences politiques de la paix d'Aix-la-Chapelle ont déjà laissé aux français unarrière-gout amer (restitution des territoires chèrement conquis), un autre volet du traité de paix vient ajouter à la déception générale.
C'est une clause du traité depaix qui prévoyait l'expulsion de France vers l'Angleterre de Charles-Edouard Stuart, descendant de la lignée royale écartée du pouvoir et apprécié à Paris, clause queLouis XV respectera, en faisant arrêter et renvoyer C.E Stuart le 10 décembre 1748 : c'est un « Evénement d'Etat » selon Barbier.Dans quelle mesure cet « événement » bouleverse-t-il l'image de la figure royale ? En quoi est-il partie prenante de l'effervescence de ce milieu du XIXe siècle ?Pour le savoir, il faudra s'appuyer sur des sources non plus de la presse écrite (qui montrent néanmoins bien, elles aussi le fait nouveau : l'énonciation du problème)mais sur la rumeur transmise par des témoignages écrits de particuliers ou des registres de police.
Il est donc intéressant d'étudier le contenu et la diffusion des textesmanuscrits pamphlétaires en ce qu'ils nous renseignent sur les sentiments de l'opinion populaire.I) Etat de l'événement
Pour bien comprendre cet événement il convient de se remettre dans le contexte d'une époque où Louis XV a abandonné depuis longtemps la lignée Stuart autrefoissur le trône d'Angleterre, préférant s'allier à la famille des Hanovre, bien que protestante.
Les nombreuses apparitions à Paris du prince Stuart agacent le pouvoirroyal en pleine signature de la paix de 1748, tandis qu'elles égayent le peuple parisien.
Une « guerre froide » s'engage entre un peuple parisien effrayé par la rumeuret son souverain.Après la signature du traité de paix par le ministre M.
de Saint-Séverin et avant qu'il ne soit ratifié, CE Stuart s'oppose aux injonctions du roi lui imposant de quitterle territoire.
Pire, il rédige une Protestation officielle en juillet 1748 (dans laquelle il fustige la position royale) largement diffusée bien qu'interdite à Paris.
Charles-Edouard ne cède pas mais celui qui a gagné l'estime du peuple parisien est finalement arrêté le 10 décembre à l'opéra sous les yeux de tous et l'on ne parle bientôtplus que de son arrestation, savamment préparée par les hommes de l'ombre du roi.
Le peuple a désormais le sentiment que l'arbitraire l'emporte dans les hautessphères royales, les secrets sont de mise… Charles-Edouard l'ostentatoire est vaincu par la main gantée du roi dans une dialectique du dit et du caché.II) Des airs que l'on fredonne
Dès la diffusion de la Protestation de Charles-Edouard, le pouvoir royal redoute de tomber dans un équivalent des mazarinades du XVIIème et engage une forterépression.
Cela n'empêche pas sa diffusion clandestine dans les cercles parisiens qui adoptent désormais dans leur langage courant, des expressions subversives.L'opinion publique est froide et même chez les plus loyalistes la déception liée au traité de paix se fait sentir.
La répression touche les rédacteurs de vers satiriquescomme l'illustre l'affaire des quatorze contre le roi qui condamne 14 auteurs séditieux à la Bastille.
Mais au grand dam du roi il s'avère très difficile d'arrêter ladiffusion croissante des écrits pamphlétaires dont beaucoup mêlent hostilité au roi et affaire Stuart.III) Prince valeureux et monarque tyrannique
L'étude des textes séditieux est intéressante en ce qu'ils s'immiscent dans une relation d'exclusivité entre le roi et Dieu.
Le roi qui trône au dessus de la mêlée deshommes ne peut pas être tenu responsable d'une mauvaise politique dont la faute en revient aux ministres.
En 1749, l'image du roi n'est plus celle de 1743, l'année deses exploits aux armées : les détracteurs de Louis XV lui reprochent les conséquences de la paix, particulièrement l'enlèvement de Charles-Edouard au profit desanglais.
L'événement est relaté avec force de procédés antithétiques : combat entre un roi tyrannique et un prince valeureux, « trahison de Louis XV/loyauté deCharles-Edouard ».
Les propos séditieux semblent se focaliser particulièrement sur les conditions de la paix.
Pour certains auteurs déjà la personne du roi est directement incriminée dansle règlement de cette « paix honteuse ».
Les français sont outragés par les choix de Louis XV et regrettent le règne de Louis XIV.Car Louis XV a définitivement souillé les vertus chevaleresques du peuple français en faisant fi de son lien de sang commun avec le prince Stuart, descendant luiaussi, de l'éminent Henri IV.
Le peuple désaffecte son roi à mesure qu'il s'apitoie sur le sort de la famille déchue, et déjà, le surnom de « Bien-Aimé » est contesté auroi.
Le peuple réclame une moralisation de la vie politique dans laquelle le mérite compterait autant que la bonne naissance, où l'élite de talent pourra se frayer uneplace au milieu de l'élite de naissance.
Après son renvoi en Angleterre, le roi prend bien garde qu'aucun culte ne soit voué à Charles-Edouard Stuart en emprisonnant les artistes mettant à profit leur artpour l'encenser.
On craint pendant longtemps sa réapparition triomphante, celle du représentant de l'absolutisme chassé d'Angleterre, qui vient stigmatiser l'arbitrairefrançais..
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