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Corneille

Publié le 16/02/2011

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Dans le genre de la tragédie définitivement constitué, Corneille a trouvé une forme saisissante pour présenter dans des situations pathétiques des âmes d'une trempe admirable. Le théâtre avant Corneille manquait de principes et de modèles. Les tragiques du XVIe siècle n'avaient pas réussi à créer une tradition : le grand fait de l'histoire du théâtre dans les premières années du XVIIe siècle est que l'œuvre dramatique devient un spectacle réel, présenté sur la scène.  

Les principaux auteurs avant Corneille furent Hardy, Racan, Théophile de Viau et Mairet. Hardy (1570-1632), improvisateur fécond, a laissé un grand nombre de pièces mouvementées et confuses; Racan a transporté sur la scène les bergers des romans; Théophile de Viau a écrit une tragi-comédie émouvante, Pyrame et Thisbé; Mairet (1602-1686) a composé la première tragédie régulière : Sophonisbe (1634).

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« forcer dans le sens burlesque : « On n'avait jamais vu jusque-là que la comédie fît rire sans personnages ridicules,tels que les valets bouffons, les parasites, les capitans, les docteurs...

» (Examen de Mélite.) Dans les situations lesplus embrouillées les personnages se tirent d'affaire non par un acte de volonté, mais par leur adresse : tel est dumoins le cas de Dorante, le Menteur.

Le style, plein de verve dans les narrations et les descriptions fantaisistes,s'élève parfois et prend un accent presque tragique.

(Reproches de Géronte : « Êtes-vous gentilhomme?...

») Tragi-comédies.

Le Cid, Don Sanche d'Aragon et Nicomède présentent un autre aspect du théâtre de Corneille :celui où il interprète le plus vivement l'imagination ardente et romanesque de ses contemporains, épris d'agitation,de belles aventures, de sentiments fiers, de héros galants, souriants et intrépides : « Paraissez, Navarrais, Maures et Castillans!...

» Une pointe de persiflage qui n'est pas dans Le Cid apparaît dans les comédies héroïques de la maturité de Corneille ;le style est spirituel, fougueux. Tragédies.

Les tragédies, auxquelles on a tort de réduire presque exclusivement la production dramatique deCorneille, sont consacrées à des débats oratoires sur des questions de politique et de morale et à la peintureconventionnelle d'événements historiques.

Corneille trace en de larges fresques les époques mémorables du peupleromain, dont il excelle à rendre le génie austère et impérieux : « Il peint les Romains, ils sont plus grands et plusromains dans ses vers que dans leur histoire » (La Bruyère).

L'action, pathétique et grave dans Cinna, Horace,devient d'une confusion inextricable dans les dernières pièces. Corneille se propose l'extraordinaire dans le choix des sujets et le sublime dans les sentiments. Les sujets : Corneille recherche les situations « hors de l'ordre commun » (intrigues politiques), les actions «implexes », obscures, fertiles en événements et en surprises ; il peint des âmes supérieures, porte à l'extrême leursqualités ou leurs défauts, et leur prête une volonté inflexible, bonne ou mauvaise, souvent indifférente à l'idée dudevoir (Cléopâtre, dans Rodogune). Cependant, dans ses pièces aujourd'hui classiques, Corneille a atténué ce qu'il y avait de faux et de violent danscette tendance.

Les sujets, si on les dégage des embellissements légendaires, redeviennent vraisemblables,possibles ; des situations comparables à celles de Chimène, Curiace, Pauline peuvent se présenter même dans la vieréelle.

A défaut d'un respect absolu des faits historiques, l'évocation des mœurs et des institutions apporte unecertaine garantie de vérité.

Les personnages, au lieu d'être des monstres d'énergie, connaissent l'hésitation, lasouffrance, la pitié (stances de Rodrigue ; mélancolie d'Auguste ; douleurs de Curiace, de Polyeucte) ; par là, ilsredeviennent proches de nous, humains et sympathiques.

En tout cas, les rôles de leur entourage ont les traits etles défaillances de l'humanité moyenne : Cinna, Félix. La structure des pièces.

L'observation des trois unités a obligé Corneille à se contraindre : au lieu de s'abandonner àson imagination romanesque, il lui a fallu « contracter » le sujet de ses pièces (cf.

Le Cid avec le drame de Guilhemde Castro).

Il en résulte un certain tassement des péripéties en vingt-quatre heures, une application insuffisante oupénible des unités, l'élimination des scènes d'action (meurtre de Camille, assemblées du peuple dans Horace, réuniondes conjurés dans Cinna).

Des récits remplacent la figuration matérielle des événements ; de là vient que les scènespsychologiques, les conflits d'idées ont la prépondérance sur les scènes d'action (duels, combats).

Le théâtre deCorneille y a gagné en profondeur morale. Les sentiments.

L'intrigue se ramène donc à une crise de conscience (lutte entre le devoir et la passion : Le Cid,Cinna) ou se résout en combat de volontés adverses (Cléopâtre contre Rodogune).

Corneille se plaît à développer «quelque passion noble et mâle, telles que sont l'ambition et la vengeance » ; il dédaigne l'amour « trop chargé defaiblesses », oubliant qu'il lui doit les scènes émouvantes du Cid et de Polyeucte. Ses personnages, du moins ceux du premier plan, se distinguent par leur force de volonté, leur « libre arbitre » : Je suis maître de moi comme de l'Univers.

(Auguste dans Cinna.) Même les femmes affichent une fermeté intransigeante qui ne fléchit et ne se trouble jamais (fierté de Cornélie enprésence de César, dans La Mort de Pompée) et l'impression dernière qui se dégage de tous ces dialogues, desplaidoyers où les antagonistes exposent méthodiquement leurs principes (scène entre Horace et Curiace, acte II),des monologues où se détermine leur pensée (monologue d'Auguste, acte IV), est, en fin de compte, une grandeidée morale : Le Cid exalte l'honneur, Horace le patriotisme, Cinna la clémence, Polyeucte la foi. En tout cas, le spectacle même de la volonté cornélienne est déjà une éducation du caractère : il nous apprend àsubordonner en toute circonstance les impulsions du cœur aux lois de la raison (cf.

dignité du rôle de Pauline) etlorsque à la noblesse du sentiment s'ajoutent la jeunesse et l'ardeur généreuse d'un héros sympathique (Rodrigue),alors sa grandeur d'âme devient entraînante et communicative : elle provoque l'admiration, et Corneille se glorifiaitd'avoir ajouté un nouveau pathétique aux deux « ressorts » traditionnels des Anciens : la terreur et la pitié. Le style de Corneille, oratoire et sentencieux> recherche la grandeur.. »

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