Constantin Brancusi: Peinture & Sculpture
Publié le 10/06/2011
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Constantin Brancusi est un artiste en rupture avec les pratiques et les grands maîtres de son époque. Seul et au prix d'une intense réflexion, il a inventé un langage propre qui s'est exprimé dans une oeuvre d'une grande économie de moyens, marquée par la recherche de l'épure absolue. À l'exubérance émotionnelle qui caractérise les oeuvres de ses prédécesseurs, en particulier celle de Rodin, il oppose une conception plastique d'une extrême sobriété et d'un grande rigueur architecturale. Son univers, neuf et fort, constituera un modèle pour des générations de sculpteurs et fera de Brancusi l'un des plus grands rénovateurs de la sculpture moderne.
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connaissance du modelage, pratiqué d'après le modèle vivant ou les plâtres antiques - la taille directe n'est pas auprogramme de l'École.• Grâce à ses bons résultats à l'École des beaux-arts, Brancusi obtient du ministère de l'Instruction publique deBucarest une bourse qui sera renouvelée jusqu'en 1908.
Des amies roumaines lui proposent de le présenter àAuguste Rodin (1840-1917) qui le reçoit à Meudon en 1907 - année où il obtient son diplôme des Beaux-Arts.Fortement impressionné par l'oeuvre du maître, Brancusi lui reconnaît le mérite d'avoir rétabli l'homme comme« la mesure, le module d'après lequel s'organise la statue ».
LA CARRIÈRE DE SCULPTEUR
POUR LA TAILLE DIRECTE• Brancusi entre dans l'atelier de Rodin en mars 1907, comme metteur au point - chargé d'une étape de la taille -,mais la production de sculptures en série, dans cet atelier où travaillent une cinquantaine d'assistants du maître, nerépond pas à la conception qu'il a de son art.
Les sculptures, exécutées à diverses échelles et à une multituded'exemplaires, deviennent quasiment des produits industriels.
Un mois plus tard, Brancusi quitte l'atelier de Rodin.
Ilaffirmera des années plus tard qu'y il ne pousse rien à l'ombre des grands arbres ».• L'argument économique n'est sans doute pas étranger à sa décision de rompre avec la pratique du modelage.Selon les conventions de l'époque, le plâtre modelé n'est qu'un stade préparatoire à la fonte en bronze - opérationtrès onéreuse.
La situation financière de Brancusi lui interdit d'espérer voir ses propres oeuvres, qu'il réaliseparallèlement à son activité chez Rodin, coulées dans le bronze.
Par la technique de la taille directe, en revanche,ses oeuvres prennent leur forme définitive sous sa main, sans nécessiter d'intervention ultérieure.• Brancusi entreprend donc de tailler directement dans la matière - pierre de récupération, mais aussi bois ou blocde plâtre, plus tard marbre ou bloc de bronze - pour parvenir à la forme voulue.
Pour cela, il adapte les outils dusculpteur de façon à ce que chacun devienne le prolongement direct de sa main.
Il utilise aussi des machinesélectriques - meules et ponceuses - soutenues par un système de palans et de cordes, pour tailler ou polir lamatière.• Brancusi a acquis très tôt la conviction que seule la forme, parce qu'elle exige un travail incessant sur les formes,est apte à mettre au jour les énergies fondamentales qui traversent la matière.
Il élimine peu à peu les détailsfiguratifs, ce qui lui permet de se concentrer sur la forme essentielle de l'objet sculpté.
Pour lui, la sculpture a avanttout une fonction spirituelle : la valeur de l'oeuvre ne réside pas dans l'apparence, mais dans la force que lasculpture fait émerger de la matière.
Le rôle de l'artiste consiste selon lui à respecter la vocation formelle de lamatière originelle, bois, pierre ou bronze.
Cette démarche repose avant tout sur la technique de la taille directe.
Elleamène Brancusi à privilégier les volumes en ronde bosse, monolitihiques, relativement symétriques, équilibrés autourd'un axe et sans point de vue privilégié, ainsi que les surfaces lisses, continues et lumineuses.• Brancusi n'est pas le seul, durant cette période, à renouer avec cette technique.
Paul Gauguin (1848-1903) a luiaussi pratiqué la taille directe sur bois.
Ses réalisations exposées lors de la rétrospective qui lui est consacrée auSalon d'automne de 1906 à Paris font sensation.
C'est aussi l'époque à laquelle Paris découvre l'art nègre ainsi queles traditions assyrienne, égyptienne et ibérique, qu'illustrent les collections de ses musées - Louvre, Guimet,Cernuschi ou musée indochinois du Trocadéro.
En 1907-1908, André Derain (1880-1954) et Pablo Picasso (1881-1973) adoptent à leur tour - et pour une courte période - la technique non orthodoxe de la taille directe, considéréealors comme archaïque.
C'est le scepticisme croissant qu'ils nourrissent face aux valeurs de la société industrielle quisuscite chez ces artistes une nostalgie pour un monde primitif et qui les incite donc à rechercher des modesd'expression plus directs.
L'ENVOL• En avril 1907, Brancusi reçoit la commande du monument funéraire de Petre Stanescu, un notable roumain, aucimetière Dumbrava de Buzau.
Il loue pour l'exécuter un atelier rue du Montparnasse.
C'est là qu'il réalise la Prière,dans un style encore traditionnel, cherchant à épurer le plus possible la forme et à la charger d'une forcesymbolique.• L'année suivante, Brancusi commence à réaliser le buste de la baronne Renée Frachon - les séances de posedureront jusqu'en 1909 (la Baronne R.
F.).
C'est le début d'une longue et amicale correspondance avec elle.
À cettemême époque, Brancusi exécute la Sagesse de la terre, sa première taille directe dans le marbre.• En 1909, il rencontre Amedeo Modigliani (1884-1920), qui, sous son influence, se met à la sculpture.
Il réalise leTorse de jeune fille (marbre) que des amis, pour l'aider, mettent en loterie.
Il fréquente les bars de Montparnasse oùil croise Pablo Picasso, Blaise Cendrars, Erik Satie, Henri Matisse.
Il expose au Salon des indépendants à Paris.• Après la mort du Douanier Rousseau (1844-1910), Brancusi grave avec le peintre Ortiz de Zarate un poèmed'Apollinaire sur sa pierre tombale au cimetière de Bagneux - plus tard transférée à Laval.Il reçoit aussi la commande d'une sculpture pour la tombe, au cimetière du Montparnasse, d'une jeune fille russe,Tania Rachevskaïa, qui s'est suicidépar amour.
Il propose le Baiser, exécuté en 1909, qui sera finalement mis en place en 1911 malgré les réticences desRachevski.• Le Baiser constitue une rupture radicale avec la sculpture de l'époque par la simplification stylisée, la frontalité etla symétrie relative qui la caractérise.
Le respect du bloc d'origine où sont taillés les corps enlacés, dans sesdimensions brutes, s'assimile à la technique utilisée dans les arts archaïques.
Ce thème du baiser resurgira plusieursfois dans son oeuvre.• D'autres oeuvres réalisées dans les années 1909-1912 illustrent l'évolution de son art : la Muse endormie, Unemuse, Prométhée, Mademoiselle Pogany - jeune Hongroise venue à Paris étudier la peinture, avec laquelle Brancusi a.
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