Clovis Ier par Pierre Riché Professeur à l'Université de Paris Depuis le début du Ve siècle, l'Empire romain d'Occident lutte contre les envahisseurs germaniques : Vandales, Suèves, Burgondes, Goths, sans parler des Angles et des Saxons.
Publié le 05/04/2015
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Clovis Ier par Pierre Riché Professeur à l'Université de Paris Depuis le début du Ve siècle, l'Empire romain d'Occident lutte contre les envahisseurs germaniques : Vandales, Suèves, Burgondes, Goths, sans parler des Angles et des Saxons. Ces Barbares réussissent à s'installer et à former des royaumes dans la deuxième moitié du Ve siècle : royaume burgonde de Genève et de Lyon, royaume wisigoth de Toulouse, royaume alaman en Rhénanie, etc. La Gaule est ainsi divisée entre plusieurs dominations ; les dernières forces romaines isolées au nord de la Loire risquent de passer aux Barbares. Au nord de la Somme et dans la basse vallée du Rhin, des tribus franques se partagent en se disputant les territoires abandonnés par Rome. Si maintenant nous jetons un regard sur la Gaule au début du VIe siècle, la situation est autre. Un royaume franc est créé qui va jusqu'aux Pyrénées et jusqu'au-delà du Rhin. Une dynastie royale tient en main, pour plusieurs siècles, les destinées de la Gaule. Que s'est-il passé ? L'arrivée sur la scène de l'histoire d'un conquérant nommé Clovis. Le règne de Clovis, capital pour l'histoire de la Gaule, ne nous est connu que par quelques rares textes contemporains. Seul Grégoire de Tours, qui écrivait à la fin du VIe siècle, nous a donné un récit continu, mais son témoignage a fait l'objet de nombreuses discussions. Le chroniqueur a voulu exalter la mémoire du roi catholique et sa biographie tourne souvent à l'hagiographie. L'historien moderne doit donc utiliser les éléments donnés avec prudence et discernement. La chronologie du règne de Clovis est encore l'objet de controverses. Il faut le savoir avant d'entreprendre une étude de l'oeuvre politique du premier roi mérovingien. Clovis est issu d'une lignée d'aristocrates francs installés depuis le IVe siècle dans le Nord de la Campine belge. Son père Childéric était fixé un peu plus au sud à Tournai et avait aidé vers 457 les Romains à lutter contre les Wisigoths et les Saxons. D'autres chefs francs occupaient les régions de Cambrai et de Thérouanne. Chlodowich, " combat de gloire ", avait quinze ans lorsque son père mourut à Tournai en 481. Comme ses ancêtres, il était païen. Par sa mère Basina, il était allié à l'aristocratie thuringienne. Poursuivant la tradition paternelle, Clovis aurait pu mettre sa force au service de Rome. Mais à cette époque le prestige des Romains était à jamais ruiné. Clovis n'hésita pas à abandonner la politique de son père et, aidé de son cousin le roi de Cambrai, il attaque Syagrius, chef des Romains qui résidait à Soissons, le bat, le contraint à fuir au sud de la Loire, enfin oblige le roi des Wisigoths à lui livrer le vaincu (486). Puis Clovis étendit sa conquête vers l'ouest en traitant avec les chefs gallo-romains ou francs des cités dites " armoricaines ". Des clans francs qui avaient été cantonnés par les Romains à Rennes au Mans, se soumettent au roi franc. A suivre Grégoire de Tours, Clovis aurait alors vers 491 fait une expédition contre les Thuringiens compatriotes de sa mère. Peut-être voulait-il se faire reconnaître chef de cette peuplade lointaine. Mais on ne nous dit pas qu'il soumit les autres Francs qui étaient cantonnés sur la rive gauche du Rhin et qu'on a appelés improprement " Ripuaires " (le nom n'apparaît qu'au VIIIe siècle). Ces populations formaient un écran salutaire entre les Francs de Clovis et les puissants Alamans installés dans l'actuel Palatinat. Les années qui suivent sont capitales pour Clovis. Le chef franc commence à organiser son petit royaume. Il reçoit la collaboration des Gallo-Romains, il entre en relation avec les évêques. En effet, bien que païen, il n'est pas hostile à l'Église. L'épisode fameux du vase de Soissons nous le montre désireux de se concilier l'évêque de la ville. Bien plus, nous avons gardé u...
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