Clara Schumann-Wieck 1819-1896 Silhouette quelque peu effacée par l'éclat du génie de son mari, ce fut pourtant une admirable, forte et noble, fière et passionnée que Clara Schumann, celle dont Roland-Manuel déclare qu'elle fut " la plus grande pianiste des temps modernes ".
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
domestiques d'un ménage peu aisé et puis...
un seul piano, presque constamment accaparé
par le travail de Robert...
Mais, avec son élévation d'âme coutumière, elle écrit, en mai
1841, “ L'amour est ce qu'il y a de plus beau au monde et chaque jour nous sommes
davantage un seul c œ ur et une seule âme.
”
Cette année-là, le 1er septembre, naît leur premier enfant : Marie.
Puis, peu à peu, Clara
reprend contact avec le public et elle mènera de front la vie épuisante de concertiste et
celle, non moins absorbante, de mère de famille.
Malgré les résistances de Robert, elle
estime nécessaire de contribuer aux ressources du foyer afin que son mari puisse se
consacrer entièrement à son œ uvre.
Le Danemark, la Russie, l'Allemagne, l'Autriche
l'entendent et l'acclament, cependant qu'à Leipzig, comme à Dresde, comme à Düsseldorf
où, tour à tour, s'installera le couple, viendront au monde sept autres enfants.
“ Les enfants
sont la plus grande bénédiction, on ne saurait en avoir assez ”, disait Robert...
Vie de famille étroitement unie qu'évoquent les souvenirs notés plus tard par Eugénie :
“ Après dîner, nos parents jouaient aux dominos et les enfants avaient la permission de
rester.
Notre grand plaisir était de gambader derrière notre mère assise sur le sofa ; parfois,
elle nous accordait la faveur de dénouer ses cheveux et de jouer avec.
” En cette année
1853, ce bonheur familial était pour tous une réalité précieuse...
mais éphémère, hélas !
C'était le calme avant la tempête.
Le couple Schumann eut encore la joie de voir apparaître
le jeune Brahms, dans toute la fraîcheur de son talent et de son culte pour le Maître.
Puis ce
fut le drame : le 27 février 1854, la tentative de suicide dans le Rhin du malheureux Robert,
le 4 mars, son internement à Endenich...
Durant les deux ans qui s'écoulèrent avant la mort
de son mari, les médecins interdirent à Clara de le voir.
Le 21 juillet 1856, l'état du malade
empirant, elle accourt, dans l'état d'émotion que l'on devine.
Hélas ! le 29, Schumann
expirait.
Et ce furent quarante années qu'il fallut à Clara lui survivre.
Plus que jamais apôtre itinérante de la musique de son bien-aimé Robert, elle reprend les
routes d'Europe malgré sa fatigue croissante.
Son succès partout est immense, mais elle
note, en 1860 : “ Extérieurement, ma vie peut donner l'impression d'être assez heureuse,
mais à l'intérieur, quelle tristesse ! ” — Artiste exigeante, elle se cultive sans cesse,
travaillant harmonie, contrepoint, abordant de nouvelles œ uvres, mais déplorant
l'indifférence du public à Mozart et refusant les engagements si sa santé ne lui permet pas
d'aborder des exécutions dans une forme parfaite.
Les années passent.
Clara continue sa
vie de virtuose acclamée et de mère attentive.
La Russie, Paris, Londres lui font un accueil
délirant.
Mais quand elle rentre chez elle, le calme de son home lui paraît à la fois
bienfaisant et étrange, et elle écrit à Brahms : “ Quand je suis à la maison, je sens plus
profondément encore la perte de celui qui fut le bonheur de ma vie ! ”
C'est que les années ont rendu, hélas ! la maison familiale silencieuse.
En 1872, c'est sa fille
Julie (que Brahms avait en vain demandée en mariage) qui meurt tuberculeuse.
En 1878,
après 4 ans d'un long calvaire, c'est au tour de Félix, le fils quasi posthume et le plus doué
de tous.
“ C'est la pire épreuve pour un c œ ur de mère et c'est la troisième que je dois
subir.
” Le pauvre Ludwig passera 25 années dans une maison de santé.
Et Ferdinand
laissera, en mourant dans un sanatorium, six enfants à la charge de Clara....
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