Charles Quint par P.
Publié le 05/04/2015
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Charles Quint par P. Hugo Hantsch Professeur à l'Université de Vienne Lorsque la nouvelle de l'élection du roi d'Allemagne, auquel revenait aussi le titre d'empereur romain élu, parvint à la cour royale d'Espagne, le grand chancelier Gattinara rédigea un mémoire, dans lequel il disait : " Sire, puisque Dieu nous a accordé l'immense grâce de vous élever au-dessus de tous les rois et princes de la chrétienté, à un pouvoir que seul votre prédécesseur Charlemagne avait possédé jusqu'ici, vous vous trouvez sur le chemin qui mène à la monarchie universelle et à la réunion de la chrétienté guidée par un seul pasteur. " Ce document, plein d'excellents conseils en vue d'un règne prospère, a pour conclusion que la raison d'être de la monarchie est l'unification de tous les peuples pour le service de Dieu. Le souverain, qui n'avait alors que dix-neuf ans, reçut ainsi l'idée directrice, qu'il appliqua sa vie durant. Dans les erreurs et les confusions de cette vie mouvementée, dans ses victoires et défaites comme dans le bonheur et la peine, Charles Quint fut pénétré de la conviction d'être appelé, lui-même et sa maison, à servir la gloire de Dieu et le bien de l'Église. Nous retrouvons le même motif dans les impressionnantes paroles qu'il prononça aux Pays-Bas en 1555 au moment de transmettre le pouvoir à son fils Philippe II, alors âgé de vingt-huit ans. C'est dans cet acte solennel, en face du monde entier, qu'il rendit compte de sa vie et des principes qui la gouvernèrent. Ceci se déroulait au même endroit où, quarante ans plus tôt, il avait été déclaré majeur par son grand-père, l'empereur Maximilien. A ce moment-là lui échurent la Bourgogne et l'Espagne et plus tard le Sacrum Imperium Romanum ; la chrétienté était divisée ; les pays sur lesquels il régnait, entourés d'ennemis qu'il avait été obligé de combattre durant son règne. Toute sa vie, il se serait efforcé de défendre les intérêts de ses États et d'accomplir les devoirs qui lui avaient été imposés. Son rôle suprême aurait été de veiller sur la chrétienté et de la protéger contre les infidèles. Et il conjura son fils : " Ne cesse jamais de respecter la religion. Dans ces États, renforce la foi catholique dans toute sa pureté. Considère les lois du pays comme chose sacrée et inviolable ; et si, plus tard, tu nourris le désir de chercher la paix dans une vie retirée, puisses-tu avoir un fils auquel transmettre le sceptre avec autant de joie que je le fais en ce jour. " Avec grande dignité et résignation, Charles Quint quitta la scène mondiale où il avait tenu le rôle principal pendant presque trente ans. Jeune prince, il vécut aux Pays-Bas, terres de l'héritage bourguignon de Charles le Téméraire. Érasme lui dédia son Institutio principis christiani, où il explique les devoirs d'un prince élevé dans la foi chrétienne : devoir d'exercer la justice, d'accorder sa grâce, de gagner les coeurs de ses sujets et, avant tout, celui de maintenir la paix. Gattinara considérait la base réelle de la puissance universelle et la grandeur comme conditions d'un engagement efficace au service de la chrétienté entière. L'empereur, qui avait grandi dans l'atmosphère chevaleresque de la noblesse bourguignonne, parmi les conceptions de l'honne...
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par P.
Hugo Hantsch
Professeur à l'Université de Vienne.
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