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Charles Baudelaire par Marcel Arland de l'Académie française Les poètes ne sont pas si nombreux, qui n'éveillent pas moins de tendresse en nous que d'admiration ; moins nombreux encore, ceux qui gardent à travers les années, dans notre esprit et dans notre coeur, la même place.

Publié le 05/04/2015

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Charles Baudelaire par Marcel Arland de l'Académie française Les poètes ne sont pas si nombreux, qui n'éveillent pas moins de tendresse en nous que d'admiration ; moins nombreux encore, ceux qui gardent à travers les années, dans notre esprit et dans notre coeur, la même place. Si je m'interroge et qu'il ne m'en faille citer qu'un seul, je n'hésite pas longtemps pour nommer Baudelaire. De tous nos grands poètes, il est le premier, et dans mon enfance le seul peut-être, que j'aie vraiment aimé. Qu'apportait-il donc à ce collégien ou de seconde, dans une petite ville à demi-morte ? Si je comprends mieux aujourd'hui l'enchantement dont me comblait sa poésie, je n'essaierai point de la réduire en formules. Mais déjà ce mot d'enchantement l'éclaire un peu. La fièvre, le goût et la morsure de la solitude, la nostalgie, les rêves, les confus appels, toute cette bienheureuse et brûlante misère qui trouve dans une jeune âme son lieu d'élection, Baudelaire y répondait doublement ; car il l'exprimait avec une délicatesse et une plénitude inégalables, une audace aussi ; en même temps, à l'exprimer de la sorte, il lui montrait la voie d'un dépassement, et le faisait accéder au royaume éternel où l'aveu, porté par le chant, devient délivrance et justification. Nous connaissons des voix plus passionnées que la sienne, ou plus nues. Et la voix de Baudelaire peut nous sembler bien complexe, qui mêle au défi romantique la langueur symboliste, qui chérit le détail précieux comme la magnificence baroque, et toutefois parvient à la plus classique harmonie. Quand pour la première fois l'on s'y ouvre, et que l'on en suit en soi-même les échos, les atteintes ; quand on découvre ce haut appareil d'un langage où tant de majesté et tant de grâce se composent, tant de contention et tant de molle suavité, cette...
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