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Charlemagne par Jacques Boussard Directeur d'études à l'École pratique des Hautes Études (IVe Section) La personnalité de Charlemagne a marqué l'histoire et la légende.

Publié le 05/04/2015

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Charlemagne par Jacques Boussard Directeur d'études à l'École pratique des Hautes Études (IVe Section) La personnalité de Charlemagne a marqué l'histoire et la légende. Elle s'est imposée à ses contemporains et à la postérité, de telle sorte que son souvenir est resté populaire. Pendant des siècles, Charlemagne a incarné quelques idées simples et fortes, qui se ramènent à la notion de monarchie chrétienne. C'est là le trait dominant de la figure que nous trouvons de lui dans les chansons de geste. Il était issu d'une famille de haute noblesse franque, comme il y en avait beaucoup au VIIIe siècle. La sienne comptait des illustrations comme Pépin de Landen et Pépin de Herstal, maires du Palais d'Austrasie, qui possédaient des biens immenses dans la région des Ardennes et de la Meuse : terres, droits, péages, centrés sur un vaste territoire de cinquante kilomètres sur trente. A ces biens matériels s'ajoutent une alliance avec la famille de saint Arnoul, évêque de Metz, puis les hautes charges exercées à la cour de père en fils et qui faisaient de leur titulaire le véritable maître du royaume. Enfin, en 733, le rejeton de cette lignée, lui-même maire du Palais sous un roi fantoche, s'était affirmé comme un homme de guerre de premier ordre en battant les Sarrasins à Poitiers : Charles Martel est ainsi le vrai fondateur de la dynastie carolingienne et il ne lui a manqué que le titre royal. Encore a-t-il préparé les voies à sa lignée en laissant le trône vacant pendant quinze ans, après la mort de Thierry IV, l'un des derniers princes de la famille issue de Clovis, qui s'éteignit en 734. Champion du monde chrétien, unificateur des royaumes francs, conquérant, homme de guerre, réformateur politique, Charles Martel est un chef, un homme d'action, souvent haï, toujours respecté. Quand il meurt, en 741, il peut, tel un roi, partager à la mode franque, entre ses deux fils, Pépin et Carloman, les États qu'il a gouvernés. Carloman se consacra à restaurer l'Église qui, dans le Regnum Francorum, était tombée dans une profonde décadence ; il crut sans doute de son devoir de rétablir en 743 un roi de la dynastie mérovingienne ; en 747, il renonça au monde pour se faire moine. Son frère, Pépin le Bref, maître des deux royaumes, déposa dès 751 le dernier Mérovingien, Childéric III, et se fit couronner roi des Francs par saint Boniface, l'apôtre de la Germanie, puis, en 754, par le pape Etienne II qui défendit aux Francs de choisir désormais un roi en dehors de sa lignée. Le sacre de Pépin est un événement capital dans l'histoire du monde. Mais, en 754, Pépin n'était pas seul à avoir reçu l'onction : ses deux fils, Charles - le futur Charlemagne, né en 742 ou 743 - et Carloman avaient été consacrés rois en même temps que lui. En 768, la mort de Pépin donne lieu à un nouveau partage du royaume ; en 771, la mort de Carloman laisse le champ libre à Charlemagne qui est désormais seul maître de l'immense territoire qu'on appelle le Regnum Francorum. Charlemagne évince sans scrupule les enfants de son frère, cherche l'alliance du roi des Lombards, Didier, dont il épouse la fille, et commence son oeuvre de réorganisation. Brouillé avec Didier, il le détrône et ceint à Pavie la couronne de fer des rois lombards. Mais sa victoire ne lui donne que la maîtrise du Nord de l'Italie : les ducs lombards de Bénévent, de Spolète et de Salerne resteront toujours à peu près indépendants. Charles s'impose à l'Empire byzantin et s'intitule " Patrice des Romains ", c'est-à-dire protecteur et défenseur de la papauté. C'est à ce moment qu'on commence à percevoir, évoluant sous l'inspiration de Charlemagne, l'organisation du Regnum Francorum. Tout d'abord, sans qu'il s'agisse d'une véritable théorie monarchique que les esprits auraient été, à cette époque, incapables de concevoir, on découvre quelques traits qui déterminent la forme de cette royauté des Francs et des Lombards. Le roi détient les anciens pouvoirs de l'empereur romain, l'auctoritas ou pouvoir de légiférer, et la potestas ou pouvoir exécutif. Mais ces notions abstraites sont tempéré...
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