Catherine de Russie par François-Xavier Coquin Rien ne semblait prédestiner la princesse Sophie-Augusta-Frédérique d'Anhalt-Zerbst, née à Stettin le 2 mai 1729, au trône impérial de Russie.
Publié le 05/04/2015
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Catherine de Russie par François-Xavier Coquin Rien ne semblait prédestiner la princesse Sophie-Augusta-Frédérique d'Anhalt-Zerbst, née à Stettin le 2 mai 1729, au trône impérial de Russie. Fille du prince Chrétien-Auguste et de Jeanne de Holstein Gottorp (autre petite principauté prussienne), dont elle paraît avoir hérité l'intelligence et la vitalité, la future Catherine II n'avait connu à Stettin, dont son père était gouverneur, qu'une enfance monotone et effacée. Elle paraissait déjà vouée, entre ses précepteurs huguenots et sa gouvernante française, à la même besogneuse obscurité que ses ancêtres, quand son bon génie se déclara : désireuse de marier son neveu, le grand-duc Pierre, orphelin de quatorze ans et dernier descendant de Pierre le Grand, l'impératrice Élisabeth Petrovna fixait en effet son choix sur sa lointaine parente, Sophie-Augusta, qui arrivait, dès janvier 1744, dans sa patrie d'adoption qu'elle ne devait plus jamais quitter. Aussitôt convertie à l'orthodoxie et rebaptisée Catherine Alexeïevna, elle épousait l'année suivante (août 1745) le grand-duc Pierre, que la variole avait entre-temps défiguré. Il était difficile d'imaginer deux êtres plus dissemblables que le prince héritier et sa jeune épouse, dont la vivacité et le charme faisaient ressortir par contraste le manque de maturité affective - et physique - de son mari. Sept ans plus tard, leur mariage n'était, semble-t-il, toujours pas consommé ; et la naissance, en septembre 1754, du futur Paul Ier ne suffisait pas à lever tous les doutes. A cette date, il est vrai, les deux époux suivaient déjà chacun leur destinée propre, Catherine surtout, à qui son zèle orthodoxe, son sens politique et un patriotisme russe ostentatoire valaient une popularité refusée à son mari. Bientôt mêlée aux intrigues que suscitait l'état de santé d'Élisabeth, elle a toutefois l'habileté de ne jamais encourir, malgré les écarts de sa vie privée, la disgrâce de l'impératrice. Après une inclination partagée pour Stanislas Poniatowski, dont elle fera le dernier roi de Pologne, sa liaison (1758) avec Grigori Orlov, remuant officier de la Garde, permet à Catherine de consolider sa position personnelle et de s'assurer de nombreuses sympathies dans un corps habitué, depuis la mort de Pierre le Grand, à faire et à défaire les monarques. A l'inverse de son mari, tout aux extravagances de sa vie privée, Catherine paraît avoir très tôt compris que le trône n'était encore en Russie, comme l'on dira, " ni héréditaire, ni électif, mais occupatif ". La mort d'Élisabeth (Noël 1761) et l'avènement de son neveu Pierre III ne pouvaient manquer d'attiser la rivalité entre le nouvel empereur et son épouse qui n'avait, dira-t-elle, depuis son arrivée en Russie d'autre souci que d'y régner seule. Menacée de répudiation et du couvent, Catherine profite pour agir des approches de la Saint-Pierre et des préparatifs de fêtes en l'honneur du souverain : en quarante-huit heures (28-30 juin 1762), elle se fait acclamer par la garde et le peuple de Saint-Pétersbourg, puis sacrer en la cathédrale Notre-Dame de Kazan. Déposé " comme un enfant qu'on envoie se coucher " (Frédéric II), l'empereur est massacré une semaine plus tard par des complices de Catherine. Rien n'empêchait plus la nouvelle impératrice de sacrifier à ce " terrible appétit de gloire ", dont elle se disait déjà possédée. A la différence de son mari dont l'inconscience avait précipité la chute, Catherine s'emploie aussitôt à asseoir sa popularité. Citoyenne de l'Europe autant que de Russie, et plus ou moins sincèrement &eac...
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