Camillo Benso de Cavour 1810-1861 " Cavour n'est pas riche d'italianité.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
Homme d'affaires dynamique, il réclame le libre-échange, pour dégeler l'économie arriérée
d'un royaume qui vit, avant tout, de l'agriculture.
Il a foi dans le progrès technique —
engrais chimiques, machinisme agricole, canaux et chemins de fer — qui diffusera le
bien-être, créera plein emploi, amenant graduellement les masses vers les libertés civiques
et l'amélioration morale.
Sa formation intellectuelle est à l'opposé de la tradition italienne,
férue d'un classicisme tourné vers le passé.
Cavour est un debater précis, à l'anglaise, et
non un rhéteur ; un empiriste qui se défie des systèmes théoriques et des utopies, pour
s'adapter souplement aux circonstances ; un réaliste, que l'on taxera souvent de
machiavélisme, dissimulant sous une rondeur joviale son goût pour le pouvoir.
Dès son
adolescence, il est convaincu que “ la société marche à grands pas vers la démocratie ”.
La
tâche de l'homme d'État est de guider cette aspiration puissante, de la canaliser dans les
limites du “ juste-milieu ”.
Toute son action est organisée autour de ce mot clé.
Il exprime
“ cette politique qui consiste à accorder aux exigences du temps tout ce que la raison
justifie et dans le refus de ce qui est fondé sur les clameurs des partis et la violence des
passions subversives ”.
Le “ progrès lent, sage, modéré ” postule l'avènement du
gouvernement constitutionnel, du régime parlementaire, tel qu'il est pratiqué en
Grande-Bretagne et en France, et l'instauration des libertés fondamentales.
L'Église doit
rompre ses liens avec le pouvoir temporel pour devenir “ libre, dans l'État libre ”.
Chez
Cavour, le fait prime la théorie.
L'émancipation de l'Italie de la tutelle autrichienne ne
pourra s'accomplir par la “ politique du poignard ” des sociétés secrètes, ou par les
insurrections populaires prônées par Mazzini, pas plus que par le rêve “ néo-guelfe ”
d'une Papauté régénérée, prenant la direction du mouvement national.
Le Piémont et les
autres États de la Péninsule doivent, tout d'abord, accumuler, par des réformes internes,
un capital d'efficacité économique, de crédibilité, qui leur permettra de “ diplomatiser la
Révolution ”, en réglant la question italienne de concert avec les grandes puissances
européennes.
L'opportunité d'appliquer concrètement ses conceptions ne lui sera pourtant offerte que
tardivement.
Son action de gouvernement, si on la compare, par exemple, à celle de
Napoléon III ou à celle de Bismarck, frappe par sa brièveté : il ne sera, en effet, président
du Conseil que pendant moins de dix années, de 1852 à 1861.
Cavour suit avec passion la montée de l'idée nationale italienne, de l'avènement de Pie IX,
salué comme un pape libéral, en juin 1846, à la promesse d'une constitution par
Charles-Albert, en octobre 1847.
Il pousse à l'évolution du Piémont vers le libéralisme
raisonnable, en animant, avec ses amis Balbo, Santa Rosa et d'Azeglio, le journal Il
Risorgimento .
Mais les préventions contre son origine aristocratique et les défiances contre
la vigueur de sa personnalité demeurent fortes.
Il n'est pas élu au premier Parlement et il
n'entre à la Chambre que le 30 juin 1848, au moment où la “ guerre royale ” contre
l'Autriche reflue vers la défaite de Custoza et l'armistice Salasco, du 9 août.
Battu une
seconde fois, il se tient à l'écart de la confuse poussée démocratique du gouvernement
Gioberti, qui rompt l'armistice et conduit au désastre militaire de Novare, le 23 mars 1849.
Charles-Albert abdique et le jeune roi Victor-Emmanuel II charge Massimo d'Azeglio de
former un cabinet, pour signer la paix, à des conditions onéreuses mais qui laissent au
royaume son intégrité territoriale et ses institutions.
Cavour est réélu en juillet 1849 et il
devient ministre de l'Agriculture et du Commerce, le 11 octobre 1849.
Au cours de ses
deux années de collaboration avec d'Azeglio, il introduit le libre-échange, par une série de.
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