Benito Mussolini par Roger Heacock Écrivain, Genève Il est aussi logique, bien que paradoxal, que l'Italie ait été le point de départ à la fois du nationalisme libéral et du fascisme contemporains.
Publié le 05/04/2015
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Benito Mussolini par Roger Heacock Écrivain, Genève Il est aussi logique, bien que paradoxal, que l'Italie ait été le point de départ à la fois du nationalisme libéral et du fascisme contemporains. Le Risorgimento (lui-même lancé par la pensée française et la pratique politique et militaire de Bonaparte), les écrits de Mazzini, ainsi que la politique de Garibaldi et de Cavour forment l'une des bases principales du nationalisme internationaliste et libéral qui débouche sur les Quatorze Points de Woodrow Wilson, prônant la paix entre les peuples fondée sur la démocratie politique et des accords territoriaux définitifs à partir de tracés nationaux et ethniques. Mais, alors même que les idées du XIXe siècle italien s'incarnaient ailleurs, l'Italie, elle, première d'une longue série de nations contemporaines, devenait la proie du fascisme, négation de toutes les valeurs de la démocratie nationale et libérale, même dans sa forme jacobine. Le fascisme, en effet, dénie toute valeur à la consultation populaire, faisant du chef suprême le seul interprète de la volonté du peuple. Il refuse la paix, surtout si celle-ci est basée sur la négociation et l'entente. Car la paix, pour le fascisme, doit être imposée par le plus fort, sinon elle est factice et révélatrice d'une décadence. D'ailleurs la guerre est un élément essentiel dans la détermination de l'ordre intérieur, qui doit être calqué sur le modèle de l'armée en marche. Pour comprendre l'évolution politique de l'Italie ainsi que le rôle du premier régime fasciste dans la formation de tous ses successeurs, il faut s'arrêter sur la personne de son représentant par excellence, de son chef, du Duce : Benito Mussolini. Sans lui, le fascisme aurait existé, puisqu'il correspond à un mouvement historique contemporain. Mais sans lui, le fascisme italien, allemand, espagnol et tous les autres fascismes auraient pris des formes bien différentes. Car c'est le premier grand chef qui a donné à ce mouvement ses caractères spécifiques, son mode rhétorique propre, ses symboles et ses méthodes. Le père de Benito Mussolini est un forgeron, athée et socialiste, vivant avec sa famille dans la misère caractéristique de la Romagne rurale. Sa mère, catholique croyante et débordante d'amour, complète le cadre familial de Benito, qui est poussé par elle vers l'enseignement comme moyen de sortir du bourbier. Après avoir fait de l'enseignement, son caractère turbulent et ambitieux va le pousser vers la politique. Très tôt, il est dominé par un désir d'action, de combat, et surtout de puissance, qui le pousse vers la contestation politique. Ses origines sociales l'orientent naturellement vers le socialisme, mais il cherchera sa place dans l'éventail politique en fonction de ses chances de promotion. Il est donc tout d'abord un opportuniste auquel ses talents dramatiques et oratoires confèrent une énorme puissance de persuasion. Il évolue au départ vers l'extrême-gauche du parti socialiste qui convient plus à son tempérament et qui semble lui offrir la possibilité d'une ascension rapide. A partir de 1909, il est, à Forli, rédacteur de Lotta di classe, un hebdomadaire du Parti. Très vite, il frappe et s'impose à l'attention grâce à son style percutant et violent. Il attaque l'Église catholique, le parlementarisme, la démocratie bourgeoise, et surtout les députés socialistes, qu'il dénonce comme collaborateurs de classe. Il proclame sa haine mortelle de la monarchie, de l'armée et de la guerre, qui, selon lui, concourent à retarder l'avènement d'une fédération socialiste mondiale. Mais c'est la guerre de Tripolitaine, par laquelle l'Italie parvient à conquérir la Libye, province ottomane (1911-1912), qui donne à Mussolini l'occasion recherchée de devenir l'un des premiers porte-parole des socialistes révolutionnaires. Il dénonce le militarisme et l'impérialisme, se fait arrêter, et, après un procès qui fait parler de lui, condamner à une peine de prison. Dès sa libération, il continue de concentrer ses attaques contre l'aile droite socialiste, que son appui à la guerre rend de plus en plus vulnérable. Car bon nombre de militants réformistes détestent cette aventure sanglante. Le Parti tombe sous la domination des révolutionnaires. En 1912, Mussolini devient rédacteur en chef de l'organe du Parti, Avanti, et se déplace à Milan. Le chiffre de vente du journal augmente de manière fulgurante. Mussolini, devenu célèbr...
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