Axel Oxenstierna 1583-1654 De toutes les forces qui, galvanisées par Gustave-Adolphe, ont porté la puissance suédoise à des sommets étonnants, aucune n'a joué un rôle plus marquant que la haute noblesse.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
La conduite de la guerre reposait en premier lieu sur le chancelier, qui avait donné forme
au gouvernement de la régence.
Huit jours après la mort de Gustave-Adolphe, il envoyait
au Conseil un document en soixante-cinq points, fixant systématiquement l'organisation
collégiale de l'administration centrale sous la direction des cinq grands dignitaires formant
la régence.
En attendant la majorité de la reine, dont les prérogatives n'étaient pas
entamées, ces cinq se détachaient nettement au-dessus de leurs vingt collègues du Conseil.
Le Riksdag approuva en 1634 ce texte qui lui laissait un rôle restreint : Oxenstierna affirmait
que son projet avait eu l'approbation du roi.
De fait, la consolidation de la bureaucratie
nobiliaire était un couronnement des réformes antérieures.
Certaines clauses se prêtaient à
l'interprétation d'aristocrates qui entendaient en faire des garanties dans une constitution
oligarchique.
L'effet immédiat fut de conférer le pouvoir aux Oxenstierna ; le chancelier
avait un frère et un cousin parmi les régents, ayant exclu Jean-Casimir de Deux-Ponts,
beau-frère de Gustave-Adolphe.
L'État, selon lui, avait besoin de revenus en argent, non en
nature ; les aliénations de domaines trouvaient dans cette idée une justification.
Les
régents y eurent recours seulement en cas de nécessité pressante.
Mais dans les provinces
baltes conquises, la famille Oxenstierna et quelques autres étaient abondamment
pourvues, avant de figurer au premier rang des bénéficiaires quand Christine multiplia les
aliénations.
Rentré en Suède depuis 1636, le chancelier, poussant partout les siens, fit entrer son fils
Jean au Conseil en 1639.
Il apparaissait cependant comme un médiateur entre les appétits
des aristocrates et les mécontentements opposés des autres ordres.
Il ne fit rien pour
limiter le pouvoir de la reine accédant à la majorité (1644), à un moment où les succès
extérieurs s'amplifiaient.
Les généraux suédois coopéraient victorieusement en Allemagne
avec les Français.
En 1643, ils furent lancés contre le Danemark, Oxenstierna lui-même
décidant d'agir sans déclaration de guerre.
Obtenant au traité de Brömsebro Gotland, Ösel,
le Halland et les provinces norvégiennes du Jämtland et du Härjedal, la Suède n'eut plus à
craindre un encerclement danois.
Ce qui lui fut attribué en Allemagne par la paix de
Westphalie l'aida au contraire à menacer les États de Christian IV.
Si Oxenstierna pouvait en 1648 se féliciter de ces triomphes, sa position personnelle
s'affaiblissait.
La reine élevait des contrepoids, imposant en 1648 l'entrée de Salvius au
Conseil.
A l'arrière-plan de ces rivalités, les trois ordres inférieurs du Riksdag intensifiaient
leurs attaques contre l'aristocratie.
Christine usa de cet atout pour faire admettre son
cousin Charles-Gustave comme généralissime, puis comme héritier éventuel et enfin
comme prince héréditaire (1650).
Or ce fils de Jean-Casimir tenait les Oxenstierna pour
ennemis de sa famille.
Stupéfait quand Christine révéla son intention d'abdiquer, le
chancelier bousculé par une nouvelle génération restait actif.
Au Ritsdag de 1654, deux
mois avant sa mort, il favorisa l'affirmation du pouvoir royal sans entraves.
S'incliner
devant Charles X Gustave fut peut-être le moyen qui permit de transmettre la chancellerie
à Erik Oxenstierna, qui devait mourir deux ans seulement après son père.
Ralliement de
conviction ou tactique, le dernier geste d'Axel Oxenstierna s'accordait à la tendance qui
conduisait vers le pouvoir absolu du monarque ; le vieux chancelier préoccupé par les
efforts de consolidation prudente que demandait l'empire passait la main à un souverain
fébrilement tendu vers l'offensive..
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