Augustin Fresnel par Louis de Broglie de l'Académie française et de l'Académie des Sciences.

Augustin Fresnel par Louis de Broglie de l'Académie française et de l'Académie des Sciences. Prix Nobel de Physique en 1929 Jean-Augustin Fresnel est né à Broglie (Eure) le 18 mai 1788. Son père, Jacques Fresnel, architecte à Caen, avait épousé la fille de M. François Mérimée, ancien avocat au Parlement de Rouen qui, ayant pris sa retraite, était devenu l'intendant des propriétés du maréchal Victor-François de Broglie, en Normandie. La descendance de François Mérimée allait s'illustrer à un double titre car son fils, Léonor Mérimée, destiné à devenir sous la Révolution et l'Empire directeur de l'École des Beaux-Arts et professeur de dessin à l'École Polytechnique, allait être le père du célèbre écrivain Prosper Mérimée, tandis que le fils de sa fille devait être un des plus illustres physiciens du XIXe siècle. Augustin Fresnel, dont les trois frères furent aussi des hommes distingués, fut élevé, pendant la Révolution, à Mathieu, petit village du Calvados. Sa santé fut délicate et rien ne faisait présager pour lui une brillante carrière. Cependant, dans l'école de la ville de Caen où il fit ses études, il montra des dispositions pour les Mathématiques et, en 1804, fut reçu à l'École Polytechnique. Cet illustre établissement était encore au début de sa carrière : les mathématiques y étaient remarquablement enseignées par de grands maîtres, mais la Physique y était un peu délaissée et il ne semble pas que Fresnel y ait acquis des connaissances très étendues dans la science où il allait, dix ans plus tard, faire une si magnifique oeuvre de pionnier. Sorti de l'École Polytechnique dans le corps des Ponts et Chaussées, envoyé à Nyons dans la Drôme, le jeune Augustin paraissait devoir mener une vie consacrée à des constructions de routes et à des besognes administratives plutôt qu'à des recherches de science pure, quand un événement imprévu vint soudain, comme cela arrive parfois, changer complètement le cours de sa carrière. Ennemi du despotisme napoléonien et partisan d'un gouvernement libéral, Fresnel, en 1814, s'était rallié à la première Restauration et avait conservé son poste dans la Drôme. Quand Napoléon revint de l'île d'Elbe, il s'engagea dans les troupes du duc d'Angoulême qui tentèrent vainement d'arrêter la marche triomphale de l'Empereur sur Paris. Cette attitude lui valut d'être destitué de ses fonctions d'ingénieur des Ponts et Chaussées par le gouvernement des Cent-Jours. Placé sous la surveillance de la police, il obtint cependant l'autorisation d'aller rejoindre sa mère, qui, devenue veuve, habitait toujours à Mathieu. En passant par Paris, il rencontre Arago qui attire son attention sur les récents progr&egrav...