Art décoratif
Publié le 14/08/2011
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Art décoratif : ce mouvement se développe dans les années 1920 et 1930. Il touche toutes les formes de l'art (architecture, décoration intérieure, mode, affiche, peinture...). Le style de l'Art décoratif est épuré (lignes sobres et géométriques, absence de surcharge), les couleurs sont vives, les matériaux utilisés sont modernes (plastique, acier chromé). Issu de l'art nouveau, l'Art décoratif est influencé par le cubisme et l'art africain.
«
L'ART DE L'ACCESSOIRE
A cote des meubles et des batiments,
!'Art deco se developpe egalement dans
nombre d'accessoires de la maison.
Les
cristalleries qui avaient fait la fortune
de !'Art nouveau se relancent avec des
formes epurees (Daum, League),tandis
que la dinanderie trouve un renouveau
avec Jean Dunand, dont les vases
metalliques sont aujourd'hui tres prises
des collectionneurs.
Des bijoux aux
formes nouvelles, souvent geometriques
et jouant du charme de l'or blanc, sont
(red pour les grander maisons de la
place Vendome, Boucheron et Cartier,
par des createurs comme Raymond
Temp lier, Jean Despres et Jean Fouquet.
Le beau musee des Arts decoratifs,
Paris, montre enfin des laques, des
panneaux decoratifs et des paravents.
(1870-1956) affirme ainsi : «II ne
suffit pas d'acheter des tableaux, si
merveilleux soient-its.
Tant que nos villes,
nos maisons, not salons, not armoires,
nos ustensiles, nos %/elements et nos
bijoux [...] ne symboliseront pas dans
leur beaute, leur simplicite et leur
sobriete !'esprit de note temps, nous
serons tres en retard sur nos ancetres.»
Produire de beaux objets, abordables
pour un budget moyen, pour faire sortir
la beaute des salons aristocratiques, telle
fut !'ambition de la Wiener Werkstatte,
qui ferme ses portes en 1932 et peut
etre consideree, dans son desk de
democratisation et de banalisation du
beau, comme le creuset de !'Art deco.
LES BALLETS BUSSES A Paris, remergence de l'esthetique
nouvelle commence avec les Ballets
russes de Serge
de Diaghilev
(1872-1929), qui
voient collaborer
des artistes de
tout premier
ordre dans la
creation d'un «spectade total ».
Pour la premiere fois, les decors et les
costumes sont concus comma des
muvres d'art : cette dignite nouvelle
accord& a des objets auparavant
relegues au second plan est une petite
revolution.
Les Parisiens qui viennent
applaudir le danseur Nijinski admirent
aussi les decors et
rideaux des
Delaunay et de
Picasso, les
costumes de
Lien Bakst
(1866-1924).
L'explosion de
couleurs, bien loin
des demi-teintes et des nuances de la Belle Epoque, reinvente aussi bien les
gammas chromatiques (plus franches)
que les accords entre un objet et sa
couleur traditionnelle : les mum noirs ou
orange du decor de theatre apparaissent
comme un lien entre les timides
interieurs bourgeois de l'epoque et les
experimentations radicales des peintres
du debut du siecle, en particulier ks
fauves et Matisse, adeptes des tons crus.
Parallelement a cette revolution des
couleurs, les formes cedent a un god
prononce pour la ligne et les angles
droits.
Outre !influence des objets industrials, i1 taut noter ici celle du
cubisme et de l'art negre.
Le premier impose ses traits geometriques, dans
la lignee de Cezanne qui declarait
taut traiter la nature par le cylindre, la
sphere, le cone n.
Les lignes brisees et les formes a
I'emporte -piece des fetiches africains
et oceaniens, qui passionnent alors les
collectionneurs, se conjuguent au design
industrial dans un meme choix de
!'angle et de la geometrie.
Des objets exotiques vient aussi le god
des bois sombres (ebene, acajou) et des
surfaces laquees qui va marquer les plus
belles pieces de l'ameublement Art deco.
DE LA PEINTURE AU DESIGN
S'il n'existe pas a proprement parler
d'ecole de peinture Art deco, differents mouvements se sont rencontres dans
cette mouvance, aux limiter de la
peinture et de la decoration.
DE Sun Le premier apparait en 1917 autour de
la revue d'art neerlandaise De Mg qui
donne son nom («le style») a un groupe
d'artistes - dont Theo Van Doesburg
(1883-1931) et Hans Arp (1887-1966) -
qui se separera vers 1928.
Les muvres
de Piet Mondrian (1872-1944) sont
sans doute les plus connues et les plus
representatives de ce mouvement, dont
('ambition est de creer un langage visuel
minimaliste, n'utilisant que des couleurs
primaires (bleu, jaune, rouge), du blanc
et du noir, et des formes pures ( lignes
droites et orthogonales, rectangles).
Le groupe eclate vite, certains - tel
Van Doesburg - supportant mal les
contraintes qui entravent !'expression
de la personnalite de !'artiste; mais
!'influence de De Stijl est decisive sur
le design et l'ameublement Art deco,
auxquels il communique sa rigueur
elegante et le jeu nouveau entre froideur
des lignes et chaleur vive de la
polychromie.
PEINTURE ET AFFICHES A Paris, la Polonaise de Montparnasse Tamara de
Lempkka (1898-
1980) est sans doute
!'artiste la plus
representative d'une
peinture Art deco.
Ses toiler offrent
l'epoque un miroir
dans lequel elle se reconnait : femmes
energiques, sensuelles et dominatrices
stylisees sur fond gris, couleurs vives et
sans nuances, rappelant le cubisme dans
la deconstruction rectiligne des corps.
L'illustrateur Cassandre (1901-1968)
pousse plus loin encore la stylisation
geometrique.
II s'en tient longtemps au
graphisme publicitaire, donnant dans les
annees 1920 et 1930 des chefs-d'ceuvre
dont les reproductions font floras
aujourd'hui : Le Paquebot Normandie,
L'Etoile du Nord, Dubonnet.
II recoit en 1925 le grand prix de !'Exposition
internationale des arts decoratifs pour
Le BOcheron (1923).
Mods connu, reclectique Amedee
Ozenfant (1886-1966) travaille avec
l'architecte suisse Le Corbusier, dont la
toute premiere maison lui est destinee.
II cree avec lui la revue L'Esprit nouveau
et, comme les constructivistes russet,
sinteresse de pres a la typographie et
aux arts de l'affiche.
Son apport au
design merite d'être note, qui fait le saut
de la peinture aux «arts decoratifs at
industriels», c'est-a-dire de rceuvre
unique aux produits en serie.
LE BAUHAUS En 1919, Walter Gropius (1883-1969)
ouvre en Allemagne une dole, le
Bauhaus, dont le but est de former les
artistes a travailler pour la grande
industrie.
Jusqu'en 1933, date a laquelle
I'avenement du nazisme contraint
une bonne partie des artistes a I'exil
americain, c'est l'un des hauts lieux
de la creation et de la formation
artistiques, at on considere que c'est au
Bauhaus qu'est ne le design industriel.
Minimaliste comme De Stijl, l'ecole
sinspire de la peinture abstraite, at l'un
de ses professeurs nest autre que le
Russe Vassily Kandinsky (1866-1944).
Mais elle represente un de ces moments
des ou !'abstraction debouche sur
!'abandon de rid& meme de peinture :
le design fait disparaitre, avec la couleur,
Nee meme d'auteur.
Le Bauhaus est pourtant une ruche
pleine de creativite : on y croise Paul Klee (1879-1940) at des grands de
!'architecture tel Ludwig Mies van der
Rohe (1886-1969), qui en est un temps
le directeur.
Les designers du Bauhaus
sinteressent moins a la couleur que leurs amis de De Stijl.
Its sont fascines
par les matieres comma l'acier ou le
verre.
Its tentent de concevoir des objets reduits a leur forme pure, hors
de toute contingence, de toute
impurete historique...
mais leurs
realisations, quoique indemodables,
sont aujourd'hui
tres faciles dater : ainsi la
celebre chaise
Vas* de
Marcel Breuer
(1902-1981), a
laquelle feront echo en France celles
de Robert Mallet-Stevens (1886-1945) :
leurs tubulures d'acier sont une
innovation extraordinaire alors que le
bois regne sur l'ameublement.
UNE ARCHITECTURE
SANS ORNEMENTS
Des architectes qui dessinent des
chaises, voila qui est bien dans !'esprit
Art deco, tant l'idee d'introduire le beau
dans !'ensemble de la vie humaine est
essentielle a ce mouvement; c'est d'ailleurs a la meme epoque at dans ce
cadre esthetique at intellectual qua nalt
la notion d'urbanisme, avec la Charte
d'Athenes (1924).
L'architecture Art deco se partage entre
une version experimentale, inspiree par
Louis Sullivan at l'ecole de Chicago, at
une version plus traditionnelle.
VORNEMENT EST UN CRIMEA
La version experimentale est
representee par les Suisses Le Corbusier
(1887-1965, de son vrai nom Charles-
Edouard Jeanneret), Robert Mallet-
Stevens, le Tcheque Adolf Loos(1870-
11
.."-r1 Alri
1933) et leurs homologues issus du
Bauhaus, au premier rang desquels
Ludwig Mies van der Rohe.
Its sont identifies un temps comme
appartenant a l'ecole du a style
international a.
Tour se retrouvent dans
l'epuration extreme des lignes at un
minimalisme qui se manifeste dans le
choix des matieres (verre, metal chez
Mies van der Rohe) ou des surfaces
blanches (Le Corbusier et Mallet-
Stevens proclament la «loi du Ripofin»).
Le beton arme se prete a cette
esthetique, car la pierre taillee est
associee a des traditions
d'ornementation severement refusees
par les puristes Art deco.
La fonction, pour eux, est reine, la
forme du batiment n'etant jamais que la
traduction de cette fonction.
«Uomement
est un crime)), ecrit ainsi Adolf Loos;
«Less is more v, ajoute Mies van der
Rohe.
Le depouillement extreme de cette
architecture traduit non pas une absence
d'esthetique, mais au contraire une
volonte de repurer a !'extreme at de se
concentrer sur l'essentiel : la structure,
la coherence fonctionnelle, la simplicite.
Cela peut choquer : les organisateurs de
!'exposition de 1925 preferent cacher
derriere des palissades le pavilion de
!'Esprit nouveau cree par Le Corbusier.
Neanmoins, certaines municipalites
jouent le jeu : a Lyon, Tony Gamier
construit le stade Gedand, la halle qui
porte aujourd'hui son nom, at le quarter
des Etats-Unis.
Les commandes privees permettent
aussi des innovations radicales, comma
le montrent les superbes batiments de
la rue Mallet-Stevens (Paris, XVI" arr.),
entierement concue par le grand
architecte eponyme.
LA NAISSANCE DE L'URBANISME
Si les constructions a ideates a de
Nicolas Ledoux au xviie siecle at les
plans du baron Haussmann sous
Napoleon Ill attestent que la pratique
de l'urbanisme ne date pas d'hier,
la notion stricto sensu appartient
au mouvement Art deco, at plus
precisement a Le Corbusier.
La
Charte d'Athenes (1924) entend
concevoir des villes nouvelles.
Ces
«cites radieuses» seront rationnelles
et saines, connues dans une double
reference au monde industrial at a
!'Elegance orthogonale du style de
l'epoque.
Tours at barres apparaissent
comme un moyen economique de
remplacer les taudis insalubres dans
lesquels s'entassent les ouvriers.
Une conception « fonctionnaliste » de la
villa, distinguant ses differents espaces
par leurs fonctions respectives (travail,
sommeil, loisir), aboutit a Nee des
cites-dortoirs.
Utopia collectiviste,
née d'un monde industrial qui vit
en reafite ses derniers moments,
l'urbanisme Art deco sera surtout mis
en oeuvre dans les annees 1950-1960.
Ses realisations sont aujourd'hui
fortement contestees, at en premier
lieu une separation fonctionnelle des
espaces qui a induit des effets de
segregation at de relegation des
populations les plus pauvres.
Mais, au
moment de la Charte d'Athenes, la
villa nouvelle des urbanistes apparatt
comma un progres.
UNE VERSION PLUS TRADMONNELLE
Ceux qui vivent de commandes
privees travaillent pour la plupart dans
un style moins radical, faisant le lien
entre le minimalisme un peu agressif
des amis de Le Corbusier at une
certain tradition bourgeoise.
La ligne, alors, reste droite, mais
s'incurve legerement; elle se redouble,
des moulures apparaissent, les surfaces
decrochent at se multiplient pour
animer une facade cartes rigoureuse, mais qui reprend an les stylisant des
elements comma le porche, le tour de
fenetre, l'encorbellement ou le balcon,
an les faisant saillir, quand Le Corbusier
at Mallet-Stevens les auraient noyes
dans la masse.
Des bas-reliefs en meplat
reapparaissent aussi sur certains
immeubles, avec des figures tres
stylisees, souvent florales (guirlandes
de roses), plus rarement animates.
MEUBLES ET
DECORATION INTERIEURE
La rencontre entre modernite et
tradition caracterise aussi le mobilier Art
deco, aujourd'hui tres recherche apres
avoir de passablement &mode.
On
retrouve dans la production destinee
aux classes moyennes les formes
geometriques enjolivees de meplats
floraux inventees par les architectes.
LA SUPERPOSMON L'un des traits les plus marquants de
ce style est la superposition des
surfaces, qui evoque mods rebenisterie
classique que !'architecture.
Les
structures hesitent entre la reprise du
neoclassicisme Louis XVI at Diredoire
(tables at chaises), at des formes plus
audacieuses, pour les fauteuils
notamment.
Les angles droits sont
souvent castes, pour des raisons moins
esthetiques que pratiques, mais cela
contribue aussi a &fink un style.
Emile-Jacques Ruhlmann (1879-1933), Pierre Chareau
(1883-1950) et
Pierre Legrain
(1889-1929)
contribuent tour
trois a imaginer
l'appartement
moderne pour
('Exposition de 1925; leurs creations
sont des pieces uniques destinees a la
haute bourgeoisie, at en particulier aux
fortunes recentes issues de la guerre.
LES SURFACES Face a la rarete des ornamentations,
('attention se pork sur le traitement
des surfaces : dorures et !agues,
marqueterie quelquefois inspiree des
traditions africaines (incrustations
divoire) ou orientates (nacre, argent,
laiton).
On joue beaucoup sur les bois
rarer et, a crate du dassique merisier,
du citronnier at du noyer redecouvert,
l'erable, le thuya at le tilleul, souvent
teintes, font une apparition remarquee.
Acajou, bane, palissandre rappellent
aux aussi !'influence des colonies at des
arts primitifs.
Les tissus d'ameublement aux motifs
repetitifs jusqu'a saturation font
largement appal a la &mettle.
La reliure Art deco fait elle aussi la part
belle aux incrustations : le maroquin
s'enrichit de nacre, de galuchat, de peau
de serpent, de cuirs de couleur....
»
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