Aristide Maillol par Bernard Dorival Conservateur du Musée National d'Art Moderne, Paris Il
Publié le 05/04/2015
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Aristide Maillol par Bernard Dorival Conservateur du Musée National d'Art Moderne, Paris Il est curieux que tout art qui s'achève le fasse dans la sérénité, une sérénité d'autant plus étonnante qu'elle succède toujours à une époque d'agitation et d'inquiétude, et contraste totalement, étrangement, avec elle : comme si cet art voulait avant sa mort revivre, un moment, par-delà sa vieillesse fiévreuse, l'équilibre, la paix et la certitude de sa glorieuse maturité. Ce que fut pour la sculpture gothique la période dite de la " détente ", retour au calme consécutif à la frénésie slutérienne, les dernières années du XIXe siècle et les premières années du XXe l'ont été, après le romantisme frémissant de Rodin, pour la sculpture issue de la Renaissance, grâce à toute une pléiade de sculpteurs épris de la stabilité classique, tels que Lucien Schnegg, Jane Poupelet, Joseph Bernard, Wlerick, Dejean, Drivier, Poisson, Pommier, Niclausse, etc. et tels, surtout, que Pompon, Despiau, et, plus encore, Maillol. En Maillol, en effet, la modalité classique de l'esthétique renaissante trouve un dernier représentant. Convaincu que l'objet par excellence de la sculpture, son alpha et son omega, est la forme humaine, le nu humain, et qu'il appartient au sculpteur non seulement de respecter la sacro-sainte anatomie, mais encore de faire passer la chaleur de la vie dans la pierre, le métal, la terre cuite, le bois, Maillol fait de son art un poème à la gloire du corps humain, à celle, plus spécialement, de la chair féminine. Rien que des nus, ou presque, dans sa sculpture : ses rares bustes ne sont pas le meilleur de sa production, dont l'absence de vie intérieure et d'acuité psychologique n'est que mal compensée par une présence physique, une densité charnelle admirables (Buste de Renoir, Tête de Mlle Rivière, etc.). Et parmi ces nus, les nus féminins l'emportent de beaucoup sur les nus masculins, à la fois par le nombre et par la qualité. Pour intéressant que soit, dans sa nervosité et sa précision, le nu de jeune garçon dit (à tort) le Cycliste, les vrais titres de gloire de Maillol, et ses thèmes de prédilection, ce sont ses figures de femmes nues. Qu'elles se nomment Pomone, Vénus, les Trois Grâces, l'Ile-de-France, la Méditerranée, le Soir, la Montagne, la Rivière, ou seulement Baigneuse ou Femme nue, peu impor...
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