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Anton Tchekhov par Sophie Laffitte Professeur à la Sorbonne " Je suis un prolétaire.

Publié le 05/04/2015

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Anton Tchekhov par Sophie Laffitte Professeur à la Sorbonne " Je suis un prolétaire. Dans mon enfance, je vendais des chandelles dans notre boutique de Taganrog ", écrit Tchekhov. Petit-fils d'un serf, fils d'un boutiquier, Tchekhov, en tant qu'homme, n'a rien d'un prolétaire, en tant qu'artiste, rien d'un écrivain prolétarien parlant au nom d'une classe et en faveur d'une classe. Tchekhov est avant tout un indépendant et un solitaire. Sa vie : se discipliner, s'affiner, comprendre et aimer son prochain, méditer sur la vie, apprendre à supporter la solitude et la maladie, à attendre la mort avec dignité et sans peur. Son oeuvre : méditer et ciseler sans cesse un art où entre autant de réflexion et de volonté que d'instinct. Sur le plan personnel, aussi bien que sur le plan artistique, parvenir à un dépouillement : " Ma devise : Je n'ai besoin de rien. " Il y a quelque chose de poignant dans le sort de cet homme tendre et délicat que sa lucidité oblige à percevoir jusqu'au fond la tragédie de la condition humaine. D'autres, parmi les plus grands, arrivent à l'esquiver, à la déformer ou à la recréer, arbitrairement, par la force de leur imagination. Tchekhov, lui, s'interdit d'imaginer ou de recréer comme le fait Dostoïevski. Il s'interdit également d'arbitrer, d'enseigner, comme le fait Tolstoï. Il ne veut pas sacrifier la plus petite parcelle du " réel véritable " à l'explication,
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