Antoine Coysevox 1640-1720 En ce temps où l'atelier patronal est presque toujours l'atelier paternel, la " vocation " de Coysevox est un fait banal.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
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l'entrée des Tuileries), le Faune, qui enchante de sa flûte la Flore et l'Hamadryade, toute
cette statuaire est traitée avec un naturel si spontané que l'on a peine à imaginer que les
contraintes de Marly — où le Roi dirigeait tout lui-même, et dans le détail — étaient plus
strictes encore qu'à Versailles.
Pour le duc d'Antin, il sculpte une Diane chasseresse , toute de douceur intime et de vivacité
fringante...
Le Faune avait fait passer un souffle d'humanité vivante dans la mythologie,
Diane fera passer la mythologie dans la réalité d'une figure humaine.
Les commandes de monuments funéraires furent la rançon de sa célébrité.
Les siècles
classiques refusent l'austérité des anciens mausolées, ces gisants, ces cadavres froids et
rigides étendus les mains pieusement croisées sur la tombe.
La pompe funèbre est un
cérémonial à grand spectacle et ce sont des hommes de théâtre qui en assurent la mise en
scène.
Les morts revivent par le mémorial ; ils s'agenouillent sur la pierre, en pleine gloire,
flanqués de figures non plus priantes et endeuillées mais pleines de vie exaltée.
Coysevox
sera le sculpteur de ces tombeaux destinés à perpétuer l'effigie des grands.
On lui
commandera ceux de Vauban, de Condé, de Colbert, de Mazarin, de Le Brun, de Le Nôtre,
du comte d'Harcourt.
Était-il fait pour cette emphase dramatique ? Ni le portrait posthume
ni la déclamation n'étaient son affaire.
La sculpture funéraire ne l'a pas toujours très bien
inspiré.
Il est même certains monuments, comme celui du comte d'Harcourt où l'on trouve
des lourdeurs et des gaucheries, qui laissent croire qu'ils n'étaient pas de sa main.
Mais il est un genre où Coysevox fut un maître sans rival.
C'est dans le portrait qu'il a
donné le meilleur de lui-même.
Ses bustes nous permettent de pénétrer profondément aux
sources de son génie.
Il semble offrir une synthèse de différents âges de la sculpture
française et il la frappe de la marque de son temps.
A cette alliance de naturalisme et de
spiritualité qui caractérisent l'art du Moyen Âge, il joint cette grandeur monumentale qui
est venue solenniser le portrait dès la Renaissance.
Cependant, au lieu de se borner à la
glorification d'un illustre personnage dans une œ uvre de commande, il donne à son œ uvre
une expression de vie intime et puissamment concentrée.
En un sens, il devance son
époque : ses visages ont le frémissement de vie et cet air rayonnant d'intelligence que l'on
trouvera plus tard dans les pastels de La Tour où les marbres de Heudon ; et pourtant il ne
se laisse jamais aller aux fadaises de l'imitation ni aux vanités du “ portrait parlant ”.
Ses
bustes sont architecturés avec une haute idée de la structure morphologique et de l'unité
des rythmes plastiques.
Ils ne sont ni des têtes coupées ni des corps tronçonnés.
Avec des
drapés intermédiaires entre le corps et le socle, servis généralement par l'ampleur de la
perruque Louis XIV, ils sont conçus comme de petits monuments.
Le Roi aimait Coysevox, qui fut son portraitiste habituel.
Le buste conservé à Dijon en
particulier (1686) est d'une noblesse d'inspiration et d'une qualité d'exécution vraiment
triomphales.
Il nous a laissé le visage de bien des grands de son temps, dont il fut souvent
le familier “ sans qu'il en devînt plus fier, dit son ami Fermelhuys, et sans qu'il changeât
son caractère d'ingénuité ”.
La personnalité des modèles s'exprime avec tant de vérité qu'il
serait inutile, pour en connaître la psychologie, de se référer aux Mémoires de Saint-Simon.
C'est Condé dont le profil aiguisé comme une lame de sabre laisse dans son sillage une
étrange chevelure flottante ; Colbert dont le regard dit le scrupule et la sagesse ; Le Tellier
faussement bonhomme et perspicace ; le maréchal de Villars voluptueux et fanfaron.
Nulle.
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