Antiochus III 223-182 av.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
d'argent et sa caisse était vide.
Ce fut son vizir qui, en 221 paya l'arriéré des soldes de l'armée
de sa propre poche.
(Mais cette aide mettait le jeune roi sous la tutelle de son ministre.
Pour
se débarrasser de la dette et du ministre, Antiochus le fit assassiner.) Pour se procurer de
l'argent frais, rien n'était plus avantageux que le butin que rapportait une guerre.
Mais la
guerre contre Ptolémée tourna mal.
Le 22 juin 217, à Raphia, près de la frontière égyptienne,
plus de cent quarante mille combattants (presque le même nombre qu'à Austerlitz) entrèrent
dans la mêlée.
Ptolémée l'emporta, à l'étonnement de tout le monde.
Antiochus ne put que
conclure la paix et se tourner vers l'Est.
D'abord, il rétablit son autorité dans l'Asie mineure,
ensuite, en 212, il commença une randonnée militaire dans l'Iran qui le mena vers Téhéran et
la mer Caspienne, l'Afghanistan, le pays de l'indus, et le golfe Persique.
Cette expédition
rétablit l'autorité du roi dans la Haute-Asie.
Butin et rançons remplirent sa caisse mais ce
succès fut éphémère.
Le danger immédiat passé, tel roitelet lointain oublia bientôt son
suzerain et Antiochus perdit deux ans à combattre le roi de Bactriane (située entre
l'Amou-Daria et l'Indukuch) pour finir par devoir reconnaître son indépendance.
Mais
l'expédition lointaine et longue (212-205) d'Antiochus, les éléphants qu'il en ramena comme
rançon d'un rajah indien et d'autres détails pittoresques alimentaient l'intérêt porté à ce
nouvel Alexandre.
Antiochus ne négligeait pas l'art de la propagande, et bientôt l'audace et
l'endurance du roi inspirèrent l'admiration générale.
Il devint “ grand roi ” et “ Antiochus le
Grand ”.
La fortune, d'autre part, lui permit de prendre sa revanche de l'Égypte.
Ptolémée IV,
vainqueur à Raphia, mourut en 204, ne laissant pour héritier qu'un enfant.
Antiochus, appuyé
par le roi Philippe V de Macédoine, saisit l'occasion pour dresser contre l'Égypte les
possessions extérieures du roi-enfant et les conquérir comme les grands poissons avalent les
petits.
Antiochus s'empara ainsi de la Syrie méridionale (208-198), ensuite il commença la
reconquête de la dernière portion de l'héritage de Séleucus Ier, qui lui manquait encore : la
côte égéenne de l'Asie mineure, et au-delà des Détroits, la presqu'île de Gallipoli et la partie
adjacente de l'Europe.
De cette manière, sans le vouloir et sans le comprendre, Antiochus
entra en conflit avec Rome.
Pour les anciens la victoire était le meilleur titre de propriété en matière de droit
international.
Séleucus Ier bâtit son empire en détruisant ses adversaires.
Ni lui ni ses
héritiers n'avaient été vaincus par telle ville grecque ou tel prince indigène qui étaient
devenus indépendants de fait après la mort de Séleucus Ier.
Quant à lui, Anciochus, il
revendiqua tout l'empire de ses prédécesseurs jusqu'à la sixième génération, et décida de
mettre fin à l'occupation de fait qui, disait-il — lorsqu'il s'agissait de ses adversaires — ne
pouvait jamais constituer un juste titre d'acquisition.
Cette doctrine étonnait les Romains.
Ce peuple de juristes — dont le droit est toujours le nôtre
— était empirique dans les affaires.
Certes, ils savaient bien manier les arguments juridiques.
A les croire, ils ne faisaient la guerre que pour défendre leurs alliés.
En ce faisant, ils
conquirent le monde.
En fait, la défense des alliés n'avait pour les Romains qu'une seule fin :
ne pas avoir de voisins dangereux.
On faisait la guerre pour les alliés, loin de Rome, pour ne
pas la faire plus tard en Italie contre un voisin devenu encore plus redoutable par sa victoire.
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