Aménophis III 1408-1372 av.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
Or depuis la fin du règne de Touthmôsis III, l'Égypte pratiquait résolument une politique de
paix.
Pour les besoins de cette politique, qui supposait avant tout un accord durable avec le
Mitanni, Touthmôsis IV avait rompu avec la théorie de la théogamie qui faisait des princesses
royales les dépositaires du sang divin ; il avait épousé une princesse mitannienne, dont il
avait fait la grande reine d'Égypte et qui fut la mère d'Aménophis III.
C'était une véritable
révolution dynastique.
Elle allait devenir dorénavant la base d'une théorie nouvelle du
pouvoir.
Sans doute le pharaon n'entendait-il pas renoncer à son origine divine ; Aménophis
III au contraire l'invoqua à son profit, en faisant représenter dans l'admirable temple qu'il fit
construire à Louxor — le plus beau temple qui fût jamais construit en Égypte — la scène de la
théogamie dans laquelle il figure s'approchant de la reine sous la forme d'Amon.
Mais ce qui distingue la théogamie, telle que la conçoit Aménophis III de ce qu'elle était sous
Hatchepsout c'est que dorénavant ce n'est plus le sang transmis par les princesses royales qui
donne le caractère divin au roi, c'est la fonction royale elle-même.
Le roi, en montant sur le
trône, devient de ce seul fait, l'incarnation du dieu sur la terre.
La reine peut dès lors être
choisie en dehors de la famille royale sans altérer le caractère divin du roi.
Pour libérer, en même temps, le roi de la tutelle du clergé d'Amon, Aménophis III joignit à
cette réforme dynastique profonde, une réforme tendant à une séparation radicale entre les
pouvoirs sacerdotaux et administratifs.
Dorénavant les grands prêtres du culte furent
rigoureusement écartés de toutes fonctions civiles.
Ce bouleversement des idées dynastiques donnait au roi un absolutisme total.
Il allait en user
pour faire de l'Égypte le centre de la vie internationale.
Aménophis III, fils d'une
Mitannienne, épousa lui-même la princesse Tiy, qui semble avoir été une Asiatique, et qui fut
la mère du futur Aménophis IV.
L'Égypte était à ce moment le plus puissant et le plus riche de tous les États d'Orient.
La
politique d'Aménophis III devait tendre à lui conserver sa primauté en assurant le statu quo. Il
fallait pour cela, maintenir entre tous les principaux pays et l'Égypte, des relations d'amitié
qui, selon les idées du temps, ne pouvaient reposer que sur les liens de famille entre les
différents souverains, relations qui, pour être durables, devaient se renouveler à chaque
règne.
La polygamie pratiquée par les pharaons devait rendre une pareille politique possible.
Ces mariages entre maisons régnantes, accompagnés de traités d'amitié, assuraient, non
seulement la paix, mais établissaient un régime de faveur pour les habitants de chacun des
pays signataires, dans l'autre pays contractant.
Normalement, les biens laissés par les
étrangers morts en Égypte, appartenaient au pharaon.
Mais pour les pays liés par un traité
d'amitié, leurs biens restaient à leurs héritiers en cas de mort, bien plus, tout dommage qui
pouvait leur être causé par un ressortissant du roi allié, devait être réparé par lui.
Ainsi se dégageait du droit international, réalisé par les traités d'amitié et les mariages
royaux, le début d'un droit international privé appliqué aux ressortissants des deux pays liés
par ces traités..
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