Allégorie de la CaverneLa République (livre VII)PlatonSocrate -- Maintenant, représente-toi
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
croiraient-ils entendre une autre voix, à ton avis, que celle de l'ombre qui passe devant
eux ?
G.— Ma foi non.
S.— Non, de tels hommes ne penseraient absolument pas que la véritable réalité puisse
être autre chose que les ombres des objets fabriqués.
G.— De toute nécessité.
S.— Envisage maintenant ce qu'ils ressentiraient à être délivrés de leurs chaînes et à être
guéris de leur ignorance 2, si cela leur arrivait, tout naturellement, comme suit : si l'un
d'eux était délivré et forcé soudain de se lever, de tourner le cou, de marcher et de
regarder la lumière ; s'il souffrait de faire tous ces mouvements et que, tout ébloui, il fût
incapable de regarder les objets dont il voyait auparavant les ombres, que penses-tu
qu'il répondrait si on lui disait que jusqu'alors il n'a vu que des futilités mais que,
maintenant, plus près de la réalité et tourné vers des êtres plus réels, il voit plus juste ;
lorsque, enfin, en lui montrant chacun des objets qui passent, on l'obligerait à force de
questions à dire ce que c'est, ne penses-tu pas qu'il serait embarrassé et trouverait que
ce qu'il voyait auparavant était plus véritable que ce qu'on lui montre maintenant ?
G.— Beaucoup plus véritable.
S.— Si on le forçait à regarder la lumière elle-même, ne penses-tu pas qu'il aurait mal
aux yeux, qu'il la fuirait pour se retourner vers les choses qu'il peut voir et les trouverait
vraiment plus distinctes que celles qu'on lui montre ?
G.— Si.
S.— Mais si on le traînait de force tout au long de montée rude, escarpée, et qu'on ne le
lâchât pas avant de l'avoir tiré dehors à la lumière du soleil, ne penses-tu pas qu'il
souffrirait et s'indignerait d'être ainsi traîné ; et que, une fois parvenu à la lumière du
jour, les yeux pleins de son éclat, il ne pourrait pas discerner un seul des êtres appelés
maintenant véritables ?
G.— Non, du moins pas sur le champ.
S.— Il aurait, je pense, besoin de s'habituer pour être en mesure de voir le monde d'en
haut.
Ce qu'il regarderait le plus facilement d'abord, ce sont les ombres, puis les reflets
des hommes et des autres êtres sur l'eau, et enfin les êtres eux-mêmes.
Ensuite il
contemplerait plus facilement pendant la nuit les objets célestes et le ciel lui-même — en
levant les yeux vers la lumière des étoiles et de la lune — qu'il ne contemplerait, de jour,
le soleil et la lumière du soleil..
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