Ali par Maxime Rodinson Ecole Pratique des Hautes Etudes, Sorbonne, Paris Ali naquit vers 598, dans la tribu mekkoise de Qoraysh, d'un père, Abou Tâlib, chef du clan de Hâshim, personnage assez riche.
Publié le 05/04/2015
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Ali par Maxime Rodinson Ecole Pratique des Hautes Etudes, Sorbonne, Paris Ali naquit vers 598, dans la tribu mekkoise de Qoraysh, d'un père, Abou Tâlib, chef du clan de Hâshim, personnage assez riche. Il paraît cependant qu'il confia le jeune Ali à un sien neveu, Mohammad le futur Prophète de l'Islam, notre Mahomet. Ali aurait donc été élevé chez son cousin plus âgé et, en tout cas, il fut un des tout premiers à croire au message que celui-ci recevait de Dieu. Il pouvait avoir alors treize ans au plus. Il participa aux vicissitudes de la maisonnée de Mohammad, lequel devint d'ailleurs son seul protecteur après la mort d'Abou Tâlib, vers 619. En 622, il suivit son cousin dans son émigration à Médine. Quelques mois plus tard, âgé de quelque vingt-cinq ans, il épousait sa petite-cousine, Fâtima, fille du Prophète, qui avait entre quinze et vingt et un ans. Il avait souvent joué avec elle dans la maison de Mohammad. Elle lui donna bientôt deux fils, célèbres par la suite, Hassan et Hossayn, et deux filles. Le couple fut d'abord très pauvre, souffrant de la faim et du froid. Les scènes de ménage étaient fréquentes et Mohammad dut intervenir plusieurs fois en faveur de sa fille. Ali dut rester monogame jusqu'à la mort de Fâtima qui devait suivre de peu son père dans la tombe. Ali participa avec bravoure à presque toutes les expéditions qui marquèrent la guerre de son cousin contre leur propre tribu de Qoraysh et contre d'autres. Mais ses talents de stratège devaient être minces car on le voit très rarement diriger une campagne, mais il est souvent porte-drapeau. Il servit aussi à Mohammad de secrétaire, d'envoyé diplomatique et, à l'occasion, de bourreau. A la mort inattendue de Mohammad en 632, Ali ne participe pas aux âpres délibérations sur la succession. Il reste avec quelques compagnons auprès du cadavre du Prophète pour s'occuper de son inhumation, précipitant celle-ci, semble-t-il, pour éviter peut-être des funérailles solennelles présidées par ses adversaires. Si la reconstruction chiite de l'histoire qui montre Ali prétendant dès lors à la succession est invraisemblable, il est sûr qu'il n'avait aucune sympathie pour le groupe qui s'empare alors du pouvoir : Abou Bekr élu calife, Omar qui lui succédera deux ans plus tard et Abou Obayda, futur gouverneur de Syrie dont la mort prématurée brisera la carrière. Six mois durant, Ali refusa de reconnaître Abou Bekr. Au problème politique se mêlait la question des droits (niés par Abou Bekr) du couple Ali-Fâtima à hériter des biens fonciers du Prophète. Les trois premiers califes, Abou Bekr, Omar, Othmân, ne lui confièrent aucune charge politique ou militaire, sauf la lieutenance de Médine pendant le voyage de Omar en Palestine et en Syrie en 638. Des récits douteux parlent des conseils que les califes lui demandèrent. Il devait s'agir de questions religieuses ou légales car on le voit écarté des conciliabules importants sur les options politiques. C'est pendant cette période que Ali en vient à incarner une tendance de la jeune communauté musulmane. A la suite des attitudes qu'il prend, certaines catégories de musulmans et de sujets de l'État musulman voient en lui, à tort ou à raison, un porte-pa...
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