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Alexandre le Grand par Claire Préaux Membre de l'Académie Royale de Belgique Alexandre a voulu survivre dans la mémoire des hommes.

Publié le 05/04/2015

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Alexandre le Grand par Claire Préaux Membre de l'Académie Royale de Belgique Alexandre a voulu survivre dans la mémoire des hommes. Jusqu'en Inde, il a emmené des secrétaires historiographes. Les journaux qu'ils tenaient et que Plutarque lisait encore (Vie d'Alexandre, 23 et 46 ) ne nous sont malheureusement parvenus qu'à travers les mises en oeuvre et les citations qu'en ont faites les auteurs antiques de biographies édifiantes. En sorte que c'est un Alexandre de légende que nous abordons dans Plutarque, dans Arrien, dans Quinte-Curce et même dans l'impassible Diodore lorsque celui-ci, perdant la source du parti des Perses qu'il exploitait jusqu'à la dernière défaite de Darius, passe aux faits postérieurs. Plutarque critique cette vision hyperbolique et quasi hagiographique des choses dont, dit-il, se moquait déjà le poète comique Ménandre - et pourtant Plutarque, lui aussi, héroïse Alexandre. Au contraire, c'est un tyran, destructeur de la liberté des Grecs, qu'évoquent, indignés, un Démosthène ou un Hypéride, contemporains certes d'Alexandre, mais trop engagés dans un monde traditionnel pour percevoir que celui qu'ils tiennent pour l'ennemi mortel des cités fonde l'avenir. Entre les partis opposés de cette double tradition, nous n'avons presque rien qui émane d'Alexandre lui-même. Les lettres qui lui furent attribuées dans l'Antiquité ne sont pas authentiques. Quelques décisions, gravées sur pierre, révèlent une politique, sans laisser cependant percer quoi que ce soit de l'homme, puisqu'elles ont été rédigées sans doute par sa chancellerie. Ainsi, d'un trait de plume, dès 334 av. JC, il règle les relations de Priène avec les villages voisins ou encore, en 332 av. JC, il exige que Chios rappelle ses exilés et se donne une constitution démocratique dont il entend contrôler la teneur. Et si l'on voit bien qu'il fonde en cela un pouvoir qui devait coiffer celui des cités, on ne perçoit rien du cheminement de sa pensée, pas plus que des projets qu'il pouvait avoir lorsque la mort interrompit sa carrière. Et Arrien a bien raison de dire : " Pour moi, ce qu'Alexandre avait en tête, je ne puis le conjecturer et je ne veux pas l'imaginer. " En sorte que le portrait d'Alexandre qu'on pourrait faire en superposant toutes ces sources ne serait qu'un " portrait robot ". C'est un parti que l'historien ne saurait admettre. Choisir parmi ces sources n'aboutirait pas à plus de vérité. La vérité, enfin, n'est pas non plus une moyenne entre le dénigrement des Grecs et l'exaltation du héros par les historiens postérieurs. Cependant les étapes des campagnes d'Alexandre sont bien établies et l'influence de la dernière vague de colonisation grecque que la conquête provoqua peut encore se percevoir aujourd'hui. Plutôt que l'homme - insaisissable - que fut Alexandre, nous évoquerons donc ici un moteur de l'histoire. Les récits que les biographes, comme Plutarque, font de l'enfance du futur roi des Macédoniens sont trop conformes aux modèles mythiques de la conquête du pouvoir et de la transmission du potentiel sacré royal pour que nous y croyions. Né parmi des prodiges, Alexandre aurait exhibé tout jeune les signes d'une nature souveraine. On nous le montre domptant le cheval Bucéphale rebelle aux meilleurs cavaliers. A son jeune demi-frère, préféré de son père Philippe II de Macédoine, il conteste le droit à la royauté et par là se pose en vengeur de sa mère Olympias. Or le thème de la dispute avec le père est typique des légendes de conquête du pouvoir : qu'on songe à OEdipe. Pour les historiens qui le magnifient, Alexandre ne pouvait être que beau. Il l'était du moins sous le ciseau de son sculpteur préféré, Lysippe. Mais ce visage passionné, le regard " humide " tourné vers le ciel, est trop conforme au type romantique qu'aimait le IVe siècle av. JC, pour que nous paraisse assurée l'authenticité des traits. Plutarque va jusqu'à dire - comme on le dira plus tard des saints - que sa bouche et toute sa chair exhalaient un parfum agréable, ce qu'il essaie gravement d'expliquer par des raisons tirées de la physique du sec et de l'humide ! La première campagne, entreprise pour contenir les peuples encore sauvages au nord de la Macédoine, est racontée de telle sorte qu'elle préfigure la carrière du conquérant. Ce succès foudroyant le rattache à la lignée civilisateurs, à Héraclès, don...
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