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Alcuin vers 730-804 Traduisant un sentiment très répandu, nombreux sont les historiens

Publié le 05/04/2015

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Alcuin vers 730-804 Traduisant un sentiment très répandu, nombreux sont les historiens qui, s'essayant à caractériser le rôle joué par Alcuin auprès de Charlemagne, ont vu en lui, outre un " conseiller très écouté ", un " directeur de conscience " et un " maître à penser ", un " homme d'État " en général et, plus hardiment, un " ministre des Cultes ", un " ministre intellectuel ", voire un " ministre des Affaires culturelles ". Sans insister sur les illusions que ce vocabulaire moderne appliqué aux institutions carolingiennes n'a pas manqué d'entraîner, on peut tenter, derrière les mots, d'atteindre les réalités. Mieux qu'une biographie ancienne trop hagiographique, l'oeuvre écrite d'Alcuin, et surtout sa correspondance, le recueil des capitulaires de Charlemagne et les renseignements épars dans l'historiographie du temps justifient, à tout le moins, une tentative pour déterminer selon qu'elle acception et dans quelles limites Alcuin mérite d'être considéré comme un homme d'État. Les années d'apprentissage demeurent obscures. On ignore même à peu près tout des quelque cinquante ans qui précèdent ses premiers contacts avec Charlemagne. On ne connaît pas non plus la date et le lieu de naissance d'Alcuin, né probablement en Northumbrie quelques années avant la mort du vénérable Bède (mort 735), dans une famille de l'aristocratie anglo-saxonne, légitimement fière de compter saint Willibrord au nombre de ses ancêtres. Comme bien des enfants de son rang, Alcuin fut confié très jeune aux soins de l'Église, c'est-à-dire, en l'espèce, à l'archevêque d'York, Egbert (732-766), frère du roi de Northumbrie Eadbert. L'école capitulaire était alors dirigée par Elbert, un maître aimé, dont Alcuin a esquissé avec reconnaissance le portrait dans un poème consacré aux hommes illustres de la métropole d'York. Il y décrit aussi les richesses de la bibliothèque où se sont affinées ses conceptions littéraires, élargies ses connaissances théologiques et formées ses idées politiques. Nul doute que les auteurs qu'il énumère ne représentent, avec saint Augustin, Isidore de Séville et Bède en particulier, les sources vives où il a puisé la science qui fit sa renommée. Au cours de ces longues années studieuses, partagées entre l'étude, la lecture et l'enseignement, s'est peu à peu constituée sa philosophie du monde. Alcuin entreprit un premier voyage en Italie avec Elbert avant que celui-ci succède à Egbert au siège d'York (766-780). Alcuin fut ordonné diacre en 766 et cet ordre mineur est le seul qu'il ait jamais reçu, pour des raisons qui n'ont pas été éclaircies. Pendant un second voyage sur le continent, en Rhénanie, vers 778, il entrevit pour la première fois Charlemagne, mais il ne semble pas qu'il lui ait été présenté. Devenu un professeur illustre -- il avait remplacé Elbert en 778 -- riche en disciples, Alcuin fut chargé par Eanbald, successeur d'Elbert au siège d'York, de lui rapporter de Rome le pallium. Sur le chemin du retour, à Parme, en mars de l'ann&...
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« deux campagnes militaires, dans l'éclat naissant d'un grand règne.

De dix ans plus jeune qu'Alcuin, il avait quarante ans et s'efforçait avec zèle de combler les lacunes d'une maigre instruction initiale grâce aux leçons des premiers maîtres de grammaire latine qu'il avait amenés d'Italie, Pierre de Pise, Paulin d'Aquilée et Paul Diacre.

L'arrivée d'Alcuin allait relancer, en le dépassant, au témoignage d'Eginhard, un effort qui s'essoufflait.

De 782 à 790, Alcuin sera l'animateur d'un véritable foyer de culture à la cour itinérante du souverain franc. Il est assez difficile d'en imaginer les structures et les méthodes qui devaient pourtant, toutes proportions gardées, être plus proches des libres entretiens qui, dans l'Antiquité, groupaient des élèves autour d'un maître, et des discussions érudites que tenaient les “ libertins ” dans les salons parisiens du XVIIe siècle, que des strictes formules pédagogiques des temps modernes.

L'“ école palatine ” rassemblait autour du roi ses enfants, ses parents, ses conseillers laïques et ecclésiastiques, ses courtisans et leur progéniture, et cela au gré des déplacements continuels d'une cour qui ne trouvera un établissement stable qu'en 796, à Aix-la-Chapelle, et seulement de Noël à Pâques, quand l'hiver interdisait les expéditions armées, auxquelles, soit dit en passant, Alcuin se refusa toujours à prendre part.

Pour encadrer tant d'enthousiasme, Alcuin avait fait venir d'York d'anciens disciples et on lui attribue, sans doute avec raison, l'organisation d'une bibliothèque centrale et celle d'un atelier de copistes pour l'enrichir.

Sauf, en 786, à 1'occasion d'un bref voyage pour participer à un concile en Northumbrie, Alcuin ne cessa, pendant près de dix ans, d'enseigner au Palais et d'inspirer, sinon de rédiger, les capitulaires qui enjoignaient de créer des écoles et d'instruire les clercs destinés au service de l'Église et de l'État. A la fin de 790, peut-être inquiet des nouvelles qu'il recevait de sa patrie, où régnait en permanence une agitation politique sanglante, et conscient aussi d'avoir accompli sa mission après la mise en route de la réforme intellectuelle et morale du royaume, Alcuin obtint la liberté de rentrer en Angleterre.

Son absence devait être de courte durée.

Une nouvelle crise religieuse justifiait l'appel qu'entre avril et juin 793 lui adressa Charlemagne.

Contre l'adoptianisme qui se développait en Espagne et gagnait les régions occidentales du royaume, un concile, auquel fut convié Alcuin, en raison de sa science exceptionnelle, s'ouvrit à Francfort le 1er juin 794.

S'il est difficile, à vrai dire, de déterminer exactement la part qui lui revient dans les travaux préparatoires aux résolutions finales et de savoir dans quelle mesure ses avis furent suivis, il n'en demeure pas moins que sa collaboration ne semble pas avoir déçu ceux qui avaient fait appel à lui. Des préoccupations nouvelles, à en juger par sa correspondance, mais il est vrai qu'elle est surtout abondante pour cette période, apparaissent dans le courant de ce second séjour sur le continent : la lutte contre l'hérésie bien sûr, mais aussi l'extension de la réforme à des domaines plus larges, d'ordre liturgique, disciplinaire, moral et politique.

Entre-temps, l'âge, une santé déclinante, l'aspiration au repos monastique inclinent Alcuin à fuir l'éclat tout neuf d'Aix-la-Chapelle.

En 796, renonçant à l'Angleterre où sévit la guerre civile après l'assassinat du roi de Northumbrie Ethelred (avril) et la mort d'Offa, roi de Mercie (juillet), Alcuin reçoit l'abbaye de Saint-Martin de Tours, lieu de pèlerinage prestigieux, au centre d'un patrimoine foncier sans égal.

Alcuin pourra y donner libre cours à son appétit de réforme, sans grand succès à la vérité.

Les moines obéissent mal à celui qu'ils considèrent comme un étranger.

Ses. »

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