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Albrecht Dürer: vie et oeuvre de l'artiste

Publié le 10/06/2011

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Dans l'histoire de l'art allemand, Albrecht Dürer occupe une place d'exception, celle d'un artiste qui assure le passage de la tradition plastique médiévale et du gothique flamboyant à l'art classique, voire moderne. Il est aussi l'une des personnalités les plus en vue de la Renaissance européenne, et a atteint de son vivant une immense réputation. Exceptionnel, il l'est d'abord par ses dons de peintre, de dessinateur et de graveur - il a porté la technique de la gravure à un point de perfection sans précédent -, mais aussi par son goût de l'innovation, abordant de nombreux thèmes parmi lesquels les compositions religieuses, les allégories profanes, le paysage, les animaux et les portraits. Un sens de l'innovation dont témoignent ses recherches sur l'anatomie ou la perspective, ses voyages et ses contacts avec les humanistes.

« importante production constitue sa principale source de revenus.

Elle s'inscrit à la croisée de la sensibilité flamandeet rhénane, et de l'esprit rationnel de la Renaissance italienne.

C'est dans ces années que Dürer se lie avec leprince-électeur de Saxe, Frédéric le Sage, qui lui assurera de nombreuses commandes.• Il pratique aussi bien la gravure sur bois, aux motifs religieux (série de l'Apocalypse, 1498) ou profanes (le Bain deshommes, 1496), que l'estampe au burin (le Monstre marin, 1498 ; Saint Eustache, 1501).• Les cycles de la Grande Passion ou de l'Apocalypse, qui comportent un grand nombre de gravures, connaissentune grande diffusion.

Les tirages de ces oeuvres font connaître le nom de Dürer dans toute l'Europe cultivée etservent de modèles à d'innombrables artistes.• Dürer parvient à intéresser à son art de nouvelles catégories d'acheteurs et ses gravures sont recherchées tantdans les milieux aristocratiques que bourgeois.

Il est en ce sens le premier artiste-entrepreneur de son temps - il faitde son monogramme «AD», créé en 1497, une « marque » reconnuemême à l'étranger.• Parallèlement à sa production de gravures, Dürer effectue des travaux divers - portraits, images de dévotion ettableaux d'autel - qui lui permettent d'appliquer les leçons de son expérience vénitienne (la Madone Haller, 1498).Celle-ci transparaît notamment dans le traitement du paysage, de plus en plus architecturé, dans l'unité et la clartéde son agencement ainsi que dans le contraste entre les premiers plans et les arrière-plans.• Dürer entreprend également d'approfondir ses connaissances théoriques.

Il fréquente à cet effet Jacopo de Barbari(1440-1515), un artiste vénitien venu chercher fortune en Allemagne avant de passer au service de la régente desPays-Bas, qui l'initie au rôle des mathématiques dans les proportions et la perspective.Auprès de lui, il se familiarise notamment avec le traitement des proportions du corps humain.• Dürer met aussitôt en pratique ses nouvelles connaissances dans ses oeuvres artistiques.

La réalisation de sagravure sur cuivre Adan, et Ève (1504) est ainsi précédée par le tracé d'un faisceau de droites et de cercles qui luipermettent de respecter les règles des proportions et de la perspective.

Pour la première fois au nord des Alpes, lenu, détaché du contexte religieux, moral ou mythologique, apparaît dans cette gravure sous l'angle du seul intérêtartistique.• Dürer réalise régulièrement des autoportraits dont la comparaison permet d'attester la progression de son habiletéet de sa sensibilité, jusqu'au célèbre Autoportrait de 1500.

On peut considérer cette pratique répétée del'autoportrait comme l'affirmation d'une quête d'identité et la revendication d'une dignité nouvelle de l'individu de laRenaissance. LE RETOUR EN ITALIE • À l'automne 1505, une nouvelle épidémie de peste conduit Dürer à quitter de nouveau Nuremberg pour Venise.

Cesecond séjour en Italie sera très fécond, lui permettant d'affirmer sa personnalité humaine et artistique.• L'oeuvre la plus marquante réalisée à Venise est la Fête du Rosaire (1506), un tableau d'autel commandé par desmarchands allemands pour l'église de la colonie allemande à San Bartolommeo qui suscite l'admiration etl'enthousiasme jusque chez les artistes vénitiens.

Le doge Lorenzo Loredan aurait proposé à Dürer un salaire de 200florins par an sans rien demander en échange, pourvu qu'il restât à Venise. LES AUTOPORTRAITS • Aucun artiste de cette époque n'a laissé autant d'autoportraits que Dürer.

En Italie, le premier autoportrait entant que genre - c'est-à-dire sans autre fin que lui-même - est celui d'Alberti, qui n'existe plus que sous forme decopie.

On ne connaît aucun autoportrait de Léonard de Vinci ou de Michel-Ange, non plus que des artistes allemandsde l'époque.• Il reste en revanche deux images de Dürer à l'âge de 13 ans : un dessin à la pointe d'argent de 1484 et uneminiature à l'huile sur papier, également datée de 1484 et portant l'inscription « c'était moi à treize ans » qui estprobablement la copie d'un autoportrait perdu.• D'autres autoportraits le représentent à 20 ans et 22 ans, images introspectives, études de son caractère et deson destin, entre mélancolie et maladie.• Sur quatre autoportraits peints dont l'existence est établie, trois nous sont parvenus.

L'autoportrait de 1493 « à lafleur de chardon », sans doute le plus ancien autoportrait peint que l'on possède en Occident, a été fait pour leprésenter à sa fiancée Agnès Frey.

Il s'y montre fier et hardi, le regard vif et le cheveu fou, vêtu à la mode avec unbonnet rouge.Celui de 1498, « avec les gants » donne l'image d'un humaniste, d'un intellectuel élégant vêtu à la vénitienne.

Lecélèbre autoportrait « à la fourrure » de 1500 le présente rigoureusement de face, comme la Sainte Face - il ad'ailleurs donné à son visage les proportions que les peintres donnaient àcelui du Christ.• Durer apprécie la ville.

Dans une lettre d'octobre 1506 à son ami l'humaniste Willibald Pirckheimer (1470-1532), ilécrit, en évoquant son séjour en Italie : « Oh ! Comme — je souffrirai davantage du froid quand je regretterai cesoleil ! Ici je suis un seigneur, là-bas un parasite.

»Il y exprime de manière pathétique la différence de statut social entre les artistes allemands et les artistes italiens,les premiers continuant à être tenus pour de simples artisans, les seconds étant comblés d'honneurs.

Sans jouer lerôle d'un précurseur en ce domaine - la situation sociale des peintres n'évoluera guère en Allemagne au cours dessiècles suivants -, Dürer fait toutefois exception : il est en effet très rapidement admis comme un pair dans le milieu. »

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