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Albrecht Dürer par Joseph Cibulka Professeur à l'Université Charles-IV, Prague Au début du XVe siècle, deux événements ont conduit les manifestations du moyen âge dans une nouvelle voie ; ce furent la naissance du réalisme dans les Pays-Bas et l'avènement de la Renaissance en Italie.

Publié le 05/04/2015

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Albrecht Dürer par Joseph Cibulka Professeur à l'Université Charles-IV, Prague Au début du XVe siècle, deux événements ont conduit les manifestations du moyen âge dans une nouvelle voie ; ce furent la naissance du réalisme dans les Pays-Bas et l'avènement de la Renaissance en Italie. L'homme nouveau commença à travailler librement selon la nature et la réalité, que l'objet de son intérêt artistique fût un phénomène concret, comme c'était le cas dans le Nord, ou qu'il le conçût idéalisé, composé selon la tradition antique, comme dans le Sud, en Italie. De ces deux courants se développèrent de nouvelles formes artistiques qui se répandirent de plus en plus, sans que les liens avec le passé fussent tout à fait rompus. Grâce à ses riches habitants, la ville commerçante de Nuremberg manifestait une grande activité dans le domaine de la peinture gothique, et c'est là qu'au milieu du XVe siècle, l'art des Pays-Bas pénétra tout d'abord. Vers l'année 1460, Hans Pleydenwurff commença à peindre, au lieu de fonds dorés, l'espace et la nature à la manière de Rogier de la Pasture. Celui qui hérita de son atelier, Michel Wolgemut, avec un sens plus avisé du réalisme, introduisit dans la peinture une série de types ayant chacun son caractère. Ensuite apparut, dans la peinture des paysages, le maître de l'autel de Peringsdörfer (1487) qui, en outre, sut résoudre les problèmes du mouvement du corps humain. Il n'y eut jusque-là aucune trace d'influence italienne. Telle était la situation quand Albrecht Dürer commença à travailler. Il était né le 21 mai 1471, troisième des quinze enfants d'un orfèvre hongrois qui s'était établi et marié à Nuremberg. Dürer fut d'abord apprenti dans l'atelier paternel puis, à quinze ans, dans l'atelier de Wolgemut où, pendant trois ans, il étudia la peinture. Il s'inspira de la conception qu'avait de la nature le maître de l'autel de Peringsdörfer ; sous l'influence de Wolgemut, il observa mieux les traits caractéristiques des figures ; en même temps, tenté par les gravures de Schongauer, il s'adonna à la gravure sur bois pour l'illustration des livres. Il travailla d'abord à Bâle mais quand, en 1490, il arriva à Colmar, Martin Schongauer était mort ; néanmoins, il entra dans l'atelier du maître défunt et y apprit la gravure sur cuivre. En 1493, il était à Strasbourg où, vraisemblablement, le maître du Livre de raison lui enseigna non seulement une plus grande fidélité descriptive, mais encore une riche échelle de valeurs. Cette même année, il peignit son propre portrait, aujourd'hui au Louvre. En 1494, il retourna à Nuremberg et s'y maria. C'est alors que survint une crise dans sa vie artistique. Il a écrit lui-même qu'il avait mis beaucoup d'application à s'instruire ; toute sa vie est marquée par la volonté d'apprendre et d'enrichir sans cesse sa technique. A Nuremberg, il fut en rapports avec les humanistes et entendit parler de la grandeur de l'art italien, dont il connut au moins deux gravures de
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