Achmed Sukarno par Philippe Devillers et Françoise Cayrac Professeur à l'IEP et Attachée de Recherche au CERI, Paris " Il aime son pays, il aime son peuple, il aime les femmes, il aime l'art et mieux que tout, il s'aime lui-même.
Publié le 05/04/2015
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Achmed Sukarno par Philippe Devillers et Françoise Cayrac Professeur à l'IEP et Attachée de Recherche au CERI, Paris " Il aime son pays, il aime son peuple, il aime les femmes, il aime l'art et mieux que tout, il s'aime lui-même. " Ainsi Sukarno se présentait-il lui-même. Sa vie est indissociable de l'histoire de son pays, l'Indonésie. Nationaliste ardent, " romantique de la Révolution " mais aussi homme d'État, Sukarno ne saurait en effet être réduit au play-boy ou au mégalomane qu'une certaine presse occidentale s'est plu à voir en lui. Il est né le 6 juin 1901 à Surabaya, dans l'île de Java, fleuron de ce qui était alors les Indes néerlandaises. Son père, modeste instituteur, était de petite noblesse javanaise, sa mère était balinaise. Après une enfance baignée de culture traditionnelle, de spectacles d'ombres du wayang, où il puisera une partie de son inspiration, il fréquente une école primaire hollandaise, privilège certes, mais aussi source d'humiliations. A quinze ans, il part pour Surabaya. Il va y suivre les cours du lycée. Chez le président du parti musulman Sarekat Islam, Tjokroaminoto, dont il est le pensionnaire, il rencontre les grandes figures du mouvement nationaliste naissant. Il lit beaucoup (des biographies, Rousseau, Hegel, des auteurs marxistes) et manifeste déjà ses dons d'orateur. A vingt ans, Sukarno s'inscrit au collège technique de Bandoeng, dont il sortira avec le titre d'ingénieur. A la différence de bien des membres de la future classe politique du pays, qui s'en vont aux Pays-Bas, il n'aura pas d'expérience européenne. Dès ses études terminées, il s'engage dans la vie politique. S'il n'accepte pas totalement les théories marxistes, il y puise une méthode d'analyse. Il n'éprouve aucun doute sur la nécessité de lutter pour libérer " les Indes " du joug néerlandais. Il rejette par contre la notion de lutte de classes : la révolution indonésienne engagera toute la nation. Pour lui, le peuple indonésien est composé de " petites gens ", misérables, certes, mais ...
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