A l'ère de la mondialisation peut on considérer les médias contemporains comme un véritable « quatrième pouvoir » ?
Publié le 03/07/2012
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Ramonet le revendique : "Il faut, tout simplement, créer un « cinquième pouvoir «. Un « cinquième pouvoir « qui nous permette d’opposer une force civique citoyenne à la nouvelle coalition des dominants. Un « cinquième pouvoir « dont la fonction serait de dénoncer le superpouvoir des médias, des grands groupes médiatiques, complices et diffuseurs de la globalisation libérale. Ces médias qui, dans certaines circonstances, ont non seulement cessé de défendre les citoyens, mais qui agissent parfois contre le peuple dans son ensemble. [...] Médias de masse et mondialisation libérale sont intimement liés. [...] Dans la nouvelle guerre idéologique qu’impose la mondialisation, les médias sont utilisés comme une arme de combat. [...] « C’est forcément idéalisé, mais la presse ne l’était elle pas à ses débuts ? Internet il faut le reconnaitre suscite l’espoir parmi les « déçus « des médias traditionnels.
«
sondages).
C’est un résultat presque mécanique, la propension à travers les médias à se rallier à une opinion considérée comme majoritaire, considérée commeproche de la vérité.
On est largement tentés de voir comme une marche « main dans la main » entres médias et politique.
Lorraine Data[5] franchit le pas lorsqu’elleaffirme que "dans leur volonté de "forger l'opinion", nos responsables politiques se croient en effet obligés de répondre par une intervention médiatique à chaque faitdivers qui suscite l'émotion populaire.
Dans un accord presque parfait avec les grands médias (pour qui c'est sans doute de l'audimat assuré), ils prennent position surtout et n'hésitent pas à crédibiliser leurs interventions et les mesures qu'ils sont amenés à proposer avec une surenchère de chiffres, utilisés le plus souvent hors ducontexte dans lequel ils ont été produits.
Il y a un mécanisme psychologique qui s’opère d’autant plus vite que les médias sont de plus en plus performants, la technique dépassant largement la capacitéd’absorber de l’information, on est tous prisonniers de cette influence.
Les médias sont malgré eux un certain pouvoir puisqu’ils définissent l’agenda de l’actualité,ils la hiérarchisent même.
Il y a un cadrage, ils rapportent les événements qu’ils auront classés auparavant.
Les médias produisent un effet d’amorçage, ils amorcentun point de vue sur l’actualité, sur un événement.
D’ailleurs beaucoup d’hommes politiques, de relais d’opinion utilisent les médias comme amorçage parce que de ça nait une bataille des idées relayées par d’autresmédias, pas l’opinion public.
Ces hommes politiques se servent des médias autant qu’ils s’en méfient.
La véritable apogée du pouvoir médiatique ne se trouve il pasfinalement dans cette forme de « pouvoir de vie et de mort »[6] que détiennent les médias sur l’homme politique.
Le média donne vie à un nom, à une information.Lorsqu’il parle du terrorisme cela donne une vie à ce dernier et par là même à la justification de toute une politique gouvernementale comme ce fut très visiblement lecas aux USA mais aussi en France lorsque l’on évoque l’insécurité sans même retomber dans le cliché des élections présidentielles de 2002, on le voit régulièrementet de manière parfois insidieuse.
Mais le média a aussi le pouvoir de mort, les journalistes du Washington Post, en révélant en 1972 le scandale du Watergate, ontcontribué à la démission du président des États-Unis, Richard Nixon en 1974.
Comme lui, nombre d’hommes et de femmes politique on vu sacrifier leur carrièredans les pages d’un journal ou les plateaux de télévisions car « une image à la télévision légitime toutes les causes.
L’adoubement médiatique se substitue au sacredémocratique »[7]
Les politiques ont créé une société du spectacle qui a besoin du média pour exister et en cela on peut vraiment le considérer comme un pouvoir à part entière.
II/ Les médias, un quatrième pouvoir égaré
A) Le média traditionnel en crise de confiance
On assiste actuellement à une crise de confiance du citoyen envers le média.
Cela pour plusieurs raisons, mais exercerbées par le manque de légitimité des médiascomme le souligne Alexandre Soljenitsyne dans son discours d’Harvard en juin 1978 lorsqu’il déclare que "La presse est devenue la force la plus importante desEtats occidentaux, elle dépasse en puissance les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
Pourtant, voyons: en vertu de quelle loi a-t-elle été élue et à qui rend-ellecompte de son activité? (…) Quels sont les électeurs de qui les journalistes occidentaux tiennent leur position prépondérante? (…) De quels pouvoirs sont-ilsinvestis? Si on prend la presse occidentale dans son ensemble, on y observe également des sympathies dirigées en gros du même côté (celui où souffle le vent dusiècle), des jugements maintenus dans certaines limites, acceptées par tous (…) et cela a pour résultat, non pas la concurrence, mais une certaine unification."Cette crise de confiance n’est pas nouvelle, dès le 19ième siècle Thomas Jefferson remettait en cause la confiance que l’on pouvait accorder à la presse en affirmantque « dans la presse, seules les publicités disent la vérité.
»
Régulièrement les médias sont donc épinglés sur leur asservissement à la cause politique voir même leur connivence.
En fait de 4ième pouvoir on se demande parfoiss’il les médias ne seraient pas plus un moyen de servir les trois autres pouvoirs.
Cela va même jusqu’à la qualification d’un « journalisme de révérence » ou le publica parfois l’impression que le média bâti sur le principe de protectionnisme de la liberté a établi un retournement de situation et dans laquelle on utilise ce pouvoircontre ceux qu’il devait initialement protéger : « le contre-pouvoir s'est assoupi.
Il s'est retourné contre ceux qu'il devait servir, pour servir ceux qu'il devait surveiller.»[8]La télévision par exemple est entrée brutalement dans la sphère politique, mais elle a perdu de son intérêt « par la maitrise et la mise en scène ».[9]Qu'est-ce qui exprime mieux cette soumission du journaliste au pouvoir politique que ce témoignage d'un salarié de la chaîne de télévision privée TFI : " Lesjournalistes politiques souhaitent se mettre en valeur aux yeux des hommes de pouvoir, avoir des rapports d'amitié avec eux sous prétexte d'obtenir des informations.Mais cela les rend courtisans, ils ne font plus leur métier.
Ils approchent le pouvoir et en sont contents parce qu'ils se sentent importants.
Quand le ministre fend lafoule et vient leur serrer la main, ça leur fait vraiment plaisir.
Ils vont aussi en tirer de menus avantages: les PV qui sautent, une place en crèche pour les enfants, desappartements pas chers à la ville de Paris…".[10]Forcément le public doute et s’accord à dire qu’il faut se méfier du média.
Pourtant il reste influent car captivant.
Naturellement, on peut avoir une exposition trèssélective par rapport à l’information, n’en demeure pas moins que l’influence des médias reste un vrai débat : est ce que cette influence des médias va jusqu’àmodifier notre comportement, nos idées, nos opinions ? L’objectivité de l’information existe elle , ne cherche on pas plutôt à se conforter dans ses propres idées (dansle choix de son journal papier par exemple)
On est loin de dire que l’influence est totale et qu’elle régit le comportement on ne peut pas le dire mais l’influence est réelle même si elle a un aspect un peumystérieux.
La résistance à ce pouvoir médiatique est d’autant plus grande qu’on croit les médias tout puissants, plus on les croit puissant, plus on résiste et d’unecertaine manière on se sent obligé d’avoir un contre pouvoir.
Assez paradoxalement, « Peu de sujets sont aussi abondamment traités, et de manière aussi souvent décevante, que les rapports entre médias et pouvoirs.
Où? Qui?Quoi? Comment? Pourquoi? Ces questions, qui, paraît-il, devraient structurer toute information ne sont toutefois presque jamais posées quand il s'agit d'informer...sur l'information ».
L’état de grâce du média en tant que quatrième pouvoir, ou contre pouvoir n’est elle pas tout simplement dépassée ? Le politique se l’est appropriée et que reste-il aucitoyen sinon la recherche d’un nouveau souffle dans l’avènement d’un cinquième pouvoir ? Internet serait il capable de remplir cette fonction ?
B) Internet, l’espoir ?
Ramonet le revendique : "Il faut, tout simplement, créer un « cinquième pouvoir ».
Un « cinquième pouvoir » qui nous permette d’opposer une force civiquecitoyenne à la nouvelle coalition des dominants.
Un « cinquième pouvoir » dont la fonction serait de dénoncer le superpouvoir des médias, des grands groupesmédiatiques, complices et diffuseurs de la globalisation libérale.
Ces médias qui, dans certaines circonstances, ont non seulement cessé de défendre les citoyens, maisqui agissent parfois contre le peuple dans son ensemble.
[...] Médias de masse et mondialisation libérale sont intimement liés.
[...] Dans la nouvelle guerreidéologique qu’impose la mondialisation, les médias sont utilisés comme une arme de combat.
[...] »C’est forcément idéalisé, mais la presse ne l’était elle pas à ses débuts ? Internet il faut le reconnaitre suscite l’espoir parmi les « déçus » des médias traditionnels.Il est vrai que son grand avantage est de « brouiller » la frontière entre amateurs et professionnel, les internautes interviennent dans le débat du pro.
On ne subit plusle dictat d’un journalisme partisan.
Avec Internet, de nouvelles formes d'engagement citoyen naissent et de nouveaux leaders d'opinion apparaissent, ce qui ne peut nine doit laisser les hommes politiques indifférents...
On ne sait que trop bien aujourd’hui à quelle vitesse les informations sont relayées, qui plus est mondialement !
Chaque faux pas, chaque maladresse, chaque lapsus est épinglé, le politicien n’a plus de répit.
Mais à peine apparu qu’il est déjà controversé.
Toutes ces révélationssont elles innocentes ? La parution d’une vidéo compromettante de Ségolène Royal parlant des professeurs quelques jours seulement avant les primaires du PS en2006 n’est elle que le fruit du hasard ?
Les politiciens s’adaptent et l’internaute ne se serait il pas déjà fait doubler ? Pour Ramonet, ce nouveau média auparavant porteur d'espoir a désormais trois.
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