Synthèse I : L'engagement politique prend des formes variées
Publié le 30/12/2022
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Synthèse I : L'engagement politique prend des formes variées
Une première forme d'engagement politique est le vote.
Elle a longtemps été considérée comme la forme
la plus conventionnelle et légitime de notre système politique de démocratie représentative.
Néanmoins, son
apparition dans l'histoire comme mode de choix des gouvernants d'un territoire n'a rien d'évident : il a fallu une
construction historique très forte des premiers Républicains pour faire accepter cette forme de désignation des
gouvernants comme légitimes à une population habituée à l'hérédité ou aux armes pour décider d'un chef.
Ainsi,
pour faire déposer les armes à l'entrée dans le bureau de vote, les Républicains ont calqué la cérémonie électorale
sur la cérémonie non violente de l'époque qui est la cérémonie religieuse : on dépose les armes avant d'entrer, on
entre dans le silence, le bulletin de vote que l'on glisse dans l'urne est à l'image de l'hostie, le « A voté » final
reprend la formule du « Amen »...
Plus tard, l'installation de l'isoloir, semblable au confessionnal, permettra
d'encore plus instaurer l'idée que celui qui vote doit le faire de manière rationnel, calme et individuel, alors qu'au
départ on votait en communauté, donc avec l'idée de moins de liberté (tout le monde vote comme le chef de
famille)...
Aujourd'hui, le vote reste l'engagement politique le plus répandu malgré la montée de l'abstention, mais il
ne prend pas la même signification en fonction des individus, du type d'élection...
Par exemple, le vote peut être
stratégique lorsque l'objectif est de faire gagner un candidat sans forcément adhérer totalement à ses idées, mais
parce qu'on considère que parmi ceux qui peuvent gagner, c'est le plus favorable (2 nd tour d'une élection
présidentielle par exemple).
A l'inverse, le vote peut être symbolique lorsqu'on vote pour un parti qui ne peut pas
gagner mais qui porte des idées importantes pour nous, comme le montre le vote aux élections européennes de
2019 pour le Parti Animaliste, qui remporte 2% des suffrages à la surprise générale, et lorsqu'on interroge ses
électeurs, beaucoup ne votaient pas avant car ce type d'idées n'étaient pas portés, même s'ils savaient que ce parti
avaient peu de chances de gagner ne serait-ce qu'un siège.
Le militantisme pour un parti politique ou un syndicat est une deuxième forme d'engagement politique
considérée longtemps avec le vote comme l'une des seules conventionnelles ou légitimes dans notre système
politique, car aidant au système des élections.
Pourtant, l'étude de L.Bargel sur le militantisme dans les
Mouvements de Jeunesse Socialistes montre que le militantisme n'a rien de naturel, car il concerne une minorité
de personnes et nécessite un apprentissage : celui du goût aux activités par l'intégration par ceux déjà présents
dans le parti aux activités importantes du militantisme (distribution de tracts, participation à des débats...) ; puis
celui de l'intégration à un sous-groupe à l'intérieur du mouvement pour gagner en sentiment de compétence auprès
d'autres militants débutants ; enfin, pour ceux, peu nombreux, qui iront au bout de cette carrière militante,
l'attachement au politique peut être total dans le sens où tous les groupes auxquels on appartient finissent par y
être raccrochés, et où on se sépare des autres groupes, les militants finissant par trouver leurs amis, leur travail ou
leur conjoint à l'intérieur même du mouvement.
Vous poulez parler du militantisme dans les syndicats dans cette
partie, à l'aide du II.B.
Une troisième forme d'engagement politique est l'engagement associatif, d'abord considéré comme peu
légitime en comparaison avec le militantisme dans les partis et syndicats du fait du mode de fonctionnement moins
clair des associations, et aussi de l'opposition aux politiques traditionnels.
Aujourd'hui, cet engagement est vu
comme tout à fait légitime car de plus en plus de gens y participent : 41% de participants à une association en
France aujourd'hui dont la moitié à des associations en lien avec un engagement politique, alors que c'était moins
de la moitié il y a 40 ans.
Si on prend l'exemple de l'adhésion à Greenpeace, ONG environnementale, son nombre
de donateurs a été multiplié par 10 en vingt ans, et compte 3 millions d'adhérents et 36000 bénévoles pour leurs
multiples actions (occupations de lieux, affiches publicitaires, distribution de tracts...).
Vous pouvez prendre
d'autres exemples d'associations dans le II.B.
Enfin, une quatrième forme d'engagement politique est la consommation engagée, forme assez récente et
très diverse, qui a connu une montée en puissance très forte depuis les années 1990-2000, avec aujourd'hui plus de
la moitié des Français qui disent tenir compte des préoccupations éthiques et environnementales dans leur
consommation.
Cet engagement politique peut avoir diverses raisons individuelles (préserver sa santé...) comme
collectives (préserver l'environnement...), et prendre diverses formes : pour le commerce équitable ou local, le
recours à une AMAP permet de manger des produits de meilleure qualité tout en ne passant plus par les grands
distributeurs mais en donnant directement aux petits producteurs, mais on peut aussi utiliser le boycott des grands
distributeurs et le buycott des produits locaux...
; pour les luttes environnementales ou pour la cause animale, on
peut passer par le végétarisme (non consommation de viande ou poisson, qui sont des consommations très
polluantes) jusqu'au véganisme (non consommation de tout produit où des animaux ont pu prendre part), ou
encore par le flygskam, qui désigne le fait de ne plus vouloir prendre l'avion car c'est trop polluant...
Au final, la distinction participation conventionnelle/légitime ou non n'a pas de sens, car on voit que peu à
peu les engagements vus comme moins légitimes peuvent le devenir et inversement.
On aurait pu par ailleurs
décrire d'autres formes d'engagement politique (manifestations...).
Synthèse II.A : La diversification des objets/enjeux de l'action collective/engagement
politique
Jusqu'aux années 1960-70, les objets/enjeux principaux de l'engagement politique concernait
principalement le travail ; puis l'émergence de nouveaux objets/enjeux du conflit a fait penser que les
engagements politiques liés au travail aller disparaître.
En réalité, ils se sont maintenus dans le même temps
que de nouveaux enjeux/objets sont apparus.
Tout d'abord, il semble qu'il y ait une diminution des conflits liés au travail, ce qui se voit par
l'effondrement depuis les années 1970 des journées individuelles non travaillées pour faits de grève (JINT),
qui sont divisées par plus de 50 entre 1976 et 2016 (de 4000000 de JINT par an à 70000 sur toute la
population, enquête ACEMO).
Les grandes grèves générales ont donc tendance disparaître, ce qui s'explique
par une situation économique plus défavorable aux entreprises qui sont moins enclines à donner raison aux
grèves, et aux salariés qui ont plus de risques d'être licenciés et de rester longtemps au chômage.
Par ailleurs,
l'individualisation des carrières (moins de grandes usines, rémunérations/parcours plus personnalisés...)
défavorise aussi ces grands mouvements collectifs.
Cette baisse des grèves générales pourrait s'expliquer par
la présence d'institutions fortes à même de gérer les conflits efficacement sans passer par de grandes grèves,
mais ce n'est pas le cas.
Au contraire, l'effondrement des grandes grèves générales semble accompagner celui
de la syndicalisation (diminution de 30% à 10% de syndiqués parmi les travailleurs en France entre 1950 et
aujourd'hui), ce qui semble bien témoigner de la diminution des formes traditionnelles de conflit du travail.
Néanmoins, cette vision d'une diminution des conflits liés à l'enjeu du travail est en partie fausse.
En
effet, du début des années 1990 jusqu'au début des années 2010, de plus en plus d'établissements et de
salariés sont impliqués dans des conflits du travail (près de la moitié des salariés ont déjà été impliqués dans
des conflits au travail).
Surtout, si les grèves de plus de deux jours diminuent effectivement, il existe
aujourd'hui de plus en plus de modes d'actions différents utilisés pour déclencher un conflit lié au travail
(augmentation ou maintien des grèves de moins de deux jours, débrayages, refus d'heures supplémentaires,
manifestations et pétitions sur le lieu de travail...).
Par ailleurs, l'augmentation des salaires continue de
constituer aujourd'hui l'enjeu le plus présent d'action collective en France (près de la moitié des actions
collectives recensées).
Comment alors expliquer l'impression de diminution de ces conflits ? Tout
simplement car ils sont plus individuels, donc moins visibles, et ont parfois une image plus négative (vues
par la population comme moins légitimes, plus violents/radicaux sans que ce soit forcément vrai...).
Par ailleurs, de nouveaux enjeux de l'engagement politique apparaissent, liés selon A.Touraine à de
Nouveaux Mouvements Sociaux, ayant des enjeux plus « post-matérialistes », remettant en cause la centralité
des conflits liés au travail, notamment le mouvement ouvrier.
Les enjeux de ces mouvements seraient plus
liés à la vie quotidienne/intime (violences conjugales et sexuelles, travail domestique, voisinage...), à la
revendication et la protection d'identités culturelles (mouvements antiraciste, LGBTQIA+...), ou encore à la
cause environnementale, même si les questions « matérielles » liées au travail n'en sont pas absentes (mêmes
salaires pour les femmes...).
Prenons des exemples de luttes minoritaires, c'est-à-dire visant à protéger des groupes discriminés
collectivement pour leurs caractéristiques physiques ou culturelles.
Tout d'abord, on peut considérer que le
mouvement féministe a connu trois moments : la lutte pour l'égalité politique qu'on peut faire démarrer à la
fin du XIXème/début du XXème siècle ; la lutte pour l'égalité au travail, dont le cœur se situe dans les années
1950-1970 ; la lutte pour la protection dans la vie quotidienne/intime et le droit de disposer de son propre
corps, dont le cœur est depuis les années 1970 (légalisation de l'avortement, violences conjugales/sexuelles,
travail domestique...).
On voit ainsi que les mouvements les plus récents ont ajouté des enjeux plus «
postmatérialistes » au mouvement féministe (#MeToo, reconnaissance du viol conjugal...), sans pour autant
faire disparaître les mouvements plus traditionnels (loi sur la parité en politique, dans les conseils
d'administration...).
Nous pouvons également parler d'un exemple récent d'action collective antiraciste, avec le
mouvement Black Lives Matter, qui démarre en 2013 via les réseaux sociaux suite à l'acquittement contesté
de G.Zimmerman impliqué dans la mort d'un jeune Afro-Américain.
Ce mouvement remet en cause la vision
individuelle du racisme, en affirmant que le racisme est phénomène structurel qui se reproduit dans les
grandes institutions d'un pays, en particulier aux Etats-Unis : parcours scolaire plus compliqué pour une
personne noire par rapport à une blanche ; plus de chance d'être interpellé par la police en étant noire ;
réponse trop faible du système judiciaire aux crimes racistes.......
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