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Paul Eluard Je t'aime

Publié le 10/04/2024

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« Classe de 1ère A Examen de fin d'études secondaires 2006 Devoir en classe du 4 avril 2019 Le Phénix, recueil publié en 1951 et dont est extrait le poème « Je t’aime », s’adresse à la dernière compagne de Paul Eluard, Dominique. 1 Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues 2 Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu 3 Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud 4 Pour la neige qui fond pour les premières fleurs 5 Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas 6 Je t'aime pour aimer 7 Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas 8 Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu 9 Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte 10 Entre autrefois et aujourd'hui 11 Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille 12 Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir 13 Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie 14 Comme on oublie 15 Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne 16 Pour la santé 17 Je t'aime contre tout ce qui n'est qu’illusion 18 Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas 19 Tu crois être le doute et tu n'es que raison 20 Tu es le grand soleil qui me monte à la tête 21 Quand je suis sûr de moi. (Paul Eluard, Le Phénix1, 1951) 1 Oiseau légendaire qui peut renaître de ses cendres à l’infini. 1 Chez Eluard comme chez tous les surréalistes, il n'y a pas de poésie sans l'intercession d'une femme aimée, une muse.

C'est elle qui provoque, soutient et assure le lien avec l'univers poétique.

Eluard a multiplié les muses, la première Gala le quitte pour Dali, la seconde, Nusch, meurt prématurément.

Eluard fait donc la connaissance de sa dernière muse, Dominique, de 19 ans sa cadette, trois ans après la mort de Nusch avec laquelle il vécut 17 ans autant que de titres dans le recueil le phénix dont fait partie ce poème.

Et de trois, tel le phénix, cet oiseau légendaire qui renaissait indéfiniment, Eluard renaît à la vie et à la poésie, il se perpétue semblable à lui-même de femme en femme, de couple en couple.

Ce poème est un véritable épithalame (Poème, chant composé à l'occasion d'un mariage.) à l'adresse de Dominique, cette jeune femme, qu'il épousera la même année.

Le poème se compose de 3 strophes de 7 vers irréguliers en grande majorité, des alexandrins (17/21) à rime libre, sans ponctuation excepté le point final. .} (20 pts) La femme aimée revêt un caractère sacré.

Ce caractère unique est mis en exergue par le jeu d’opposition : « t’ » / « femmes » renforcée par l’adjectif indéfini « toutes ».

Il est également souligné par les figures incarnant ses qualités : « sagesse » - générosité/sensibilité : « cœur ».

Cette femme aimée se définit également par ses dons et ses actions de bienfaisance.

Le don essentiel étant celui d’exister et de redonner confiance au poète en lui-même et en la vie : « Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte ».

Cet amour transcende la mort : « Je t'aime contre tout ce qui n'est qu’illusion / Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas », il est plus fort qu’elle. « Je t'aime », c'est avec par ces mots simples, que commence le poème, mots qui seront ensuite martelés anaphoriquement dans la première et la dernière strophe.

Mais chez Eluard les « je » sont souvent suivis de « pour » pour en justifier l'existence.

Eluard veut justifier aux autres mais aussi à lui-même les raisons de ce nouvel élan pour une femme plus jeune que lui alors que l'amour qu'il porte à Gala et Nusch est encore bien présent.

Ce sera donc un amour par soustraction « pour toutes les femmes que je n'ai pas connues », il tient toutefois à rester fidèle en amour comme en politique, et veut continuer à aimer celles qu'il a connues et aimées mais réserve à Dominique une place nouvelle.

Cet amour est aussi vital pour lui et il le justifie dans le second vers « pour tous les temps ou je n'ai pas vécu ».

Le départ de Gala, la mort de Nusch ont été pour lui des moments de grande solitude pendant lesquels, le poète n'a trouvé aucune raison de vivre.

Pour Eluard le monde n'a aucune existence ou une existence bien banale dépourvue d'intérêt pour celui qui n'est pas ou plus aimé.

Les jours où il n'a pas vécu sont des jours de solitude, sans réflexion, sans échange, à la dérive, se laissant aller dans un présent dépourvu d'intérêt.

On sait que les mots sont pour Eluard sa raison d'être, 2 sa raison de vivre et pour cela il a besoin de cette médiatrice qu'est la femme aimée.

C'est par la vie en couple qu'il retrouve les sensations ordinaires de la vie, les odeurs de voyages ou de vacances : « le grand large », celle des petits-déjeuners familiaux : « le pain chaud », celle de la nature en éveil : « la neige qui fond pour les premières fleurs » ou des images domestiques : « des animaux purs que l'homme n'effraie pas ». L’on retrouve, comme dans chaque poème, un Eluard euphorique du plein air, du « grand large » mais dont le bonheur est néanmoins fortement centré sur ce lieu sécurisant qu'est un foyer : « le pain chaud ».

Eluard termine sa justification à bout d'arguments par un : « je t'aime pour aimer » et revient sur son premier vers pour éliminer les femmes qu'il a pu connaître et qu'il n'a pas aimées : « Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas ».

Ses sentiments, qu'il amplifie par la métonymie : « ce cœur immortel » se veulent désormais consacrés à Dominique.

Utilisant l'anaphore, la métonymie, il martèle et amplifie la passion sincère qu'il a pour la jeune journaliste qu'il vient de rencontrer.

Cette existence cependant, il sait désormais qu'elle lui est comptée, sa santé n'est pas bonne et cet amour lui est nécessaire pour survivre : « je t'aime pour la santé ». Eluard décédera trois ans plus tard. Pour Paul Eluard, l’amour mène au bonheur et à la plénitude.

L’exaltation du poète est soulignée par la structure anaphorique du poème doublée d’une énumération à la première et à la dernière strophe : « Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues/Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu/ Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud/Pour la neige qui fond pour les premières fleurs/Pour les animaux purs que l’homme n’effraie pas/Je t’aime pour aimer/Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas » (v.

1 à 7), « Je t’aime pour ta sagesse qui n’est pas la mienne/Pour ta santé/Je t’aime contre tout ce qui n’est qu’illusion/Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas/Tu crois être le doute et tu n’es que raison/Tu es le grand soleil qui me monte à la tête » (v.

15 à 20).

L’anaphore et l’énumération rythment le poème qui se présente alors comme une litanie amoureuse. Le rapport entre la femme et le monde est une des caractéristiques du mouvement surréaliste dont Eluard a fait partie.

Ici, la femme est associée à la nature et au monde qui entourent le poète : « Pour la neige qui fond pour les premières fleurs/Pour les animaux purs » (v.

4-5), « Sans toi je ne vois rien qu’une étendue déserte » (v.

9), « que j’ai franchies sur de la paille » (v.

11), « Tu es le grand soleil » (v.

20).

Ainsi c’est la femme, femme-soleil dont l’élément est le feu, qui éclaire le monde et réchauffe le cœur du poète. L’association de l’eau (« grand large », v.

3) et du feu (« paille », « grand soleil ») se retrouve souvent chez les surréalistes, tout comme le thème de l’amour (par exemple chez Breton dans L’Amour fou).

La femme est également liée ici à des sensations : « Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud » (v.

3). 3 La femme devient un miroir. (on la retrouve par exemple dans « La terre est bleue comme une orange ») Ici, ce thème est développé à partir de la seconde strophe à travers le champ lexical du miroir : « me reflète », « toi-même », « je me vois » (v. 8), « mon miroir » (v.

12), « illusion » (v.

17). La forte connotation négative de « sans » et « rien » et de l‘adjectif « déserte » souligne bien l’idée que la vie du poète n’est que vide et néant sans la femme aimée.

C’est grâce à son amour qu’il survit. Enfin, l’assonance en « on ».... »

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