l’éloge de la République Rousseau
Publié le 03/06/2024
Extrait du document
«
Préface
Fait l’éloge de la République de Genève, combine l’égalité et l’inégalité, et elle
applique toutes les meilleures maximes sur la constitution d’un gouvernement.
Décrit la société idéale : « possibilité d’être bien gouvernée, et où chacun
suffisant à son emploi, nul n’eût été contraint de commettre à d’autres les
fonctions dont il était chargé : un État où tous les particuliers se connaissant
entre eux, les manœuvres obscures du vice ni la modestie de la vertu n’eussent
pu se dérober aux regards et au jugement du public, et où cette douce habitude
de se voir et de se connaître fit de l’amour de la patrie l’amour des citoyens
plutôt que celui de la terre.
»
Rêve : d’un gouvernement démocratique ; la liberté de chacun par la soumission
aux lois ; un système politique assez ancien pour être fiable, qui limite
l’innovation législative ; une nation ni conquérante ni susceptible d’être conquise.
La République de Genève est l’exemple d’une société qui ne s’est pas laissé
corrompre par les artifices de la civilisation :
Rousseau : a besoin de connaître l’homme.
Or, l’âme humaine telle que nous la voyons n’est pas intacte : « Semblable à la
statue de Glaucus que le temps, la mer et les orages avaient tellement défigurée
qu’elle ressemblait moins à un dieu qu’à une bête féroce »
« Nous étions, au départ, aussi égaux que les animaux d’une même espèce ;
puis les premières modifications ont altéré certains d’entre nous »
Il a besoin de connaître l’homme naturel, de son point de vue, c’est justement
parce qu’on méconnaît l’homme naturel qu’on fait reposer la société sur des
principes juridiques complexes et incohérents.
Intro :
Rousseau distingue l’inégalité naturelle et l’inégalité politique : « l’une que
j’appelle naturelle ou physique, parce qu’elle est établie par la nature, et qui
consiste dans la différence des âges, de la santé, des forces du corps, et des
qualités de l’esprit, ou de l’âme, l’autre qu’on peut appeler inégalité morale, ou
politique, parce qu’elle dépend d’une sorte de convention, et qu’elle est établie,
ou du moins autorisée par le consentement des hommes.
Celle-ci consiste dans
les différents privilèges, dont quelques-uns jouissent, au préjudice des autres,
comme d’être plus riches, plus honorés, plus puissants qu’eux, ou même de s’en
faire obéir.
»
Son enquête ne s’adresse pas à certains hommes, mais à l’homme universel :
1ere partie :
À son époque, les sciences ne permettent pas d’élaborer des raisonnements
solides sur l’évolution du corps et de l’esprit de l’homme.
Rousseau l’imagine donc « tel qu’il a dû sortir des mains de la nature » : « Je
vois un animal moins fort que les uns, moins agile que les autres, mais, à tout
prendre, organisé le plus avantageusement de tous.
Je le vois se rassasiant sous
un chêne, se désaltérant au premier ruisseau, trouvant son lit au pied du même
arbre qui lui a fourni son repas, et voilà ses besoins satisfaits.
»
Les hommes naturels n’avaient pas d’instinct propre, ils se sont approprié ceux
des animaux.
La sélection naturelle de la vie sauvage les a rendus robustes :
En comparaison, les outils débilitent le corps de l’homme civilisé.
Contrairement à Hobbes, Rousseau ne croit pas en une hostilité naturelle qui
ferait de chaque individu un loup pour son prochain
Si des infirmités naturelles affaiblissent l’homme naturel, il ne faudrait pas en
déduire que la médecine est une bonne chose.
En effet, la création des maux dépasse en vitesse celle des remèdes :
Les blessures et la vieillesse sont les seules « maladies » que connaissent les
sauvages.
Faire l’histoire des maladies… c’est donc faire celle de la société.
Les
animaux blessés se rétablissent « sans autre chirurgien que le temps »
La vérité, c’est que l’homme devient faible en se civilisant : « Le cheval, le chat,
le taureau, l’âne même ont la plupart une taille plus haute, tous une constitution
plus robuste, plus de vigueur, de force et de courage dans les forêts que dans
nos maisons ; ils perdent la moitié de ces avantages en devenant domestiques,
et l’on dirait que tous nos soins à bien traiter et nourrir ces animaux
n’aboutissent qu’à les abâtardir.
Il en est ainsi de l’homme même : en devenant
sociable et esclave, il devient faible, craintif, rampant,....
»
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