Le crapaud Analyse linéaire
Publié le 12/10/2024
Extrait du document
«
Le crapaud
Tristan Corbière est un poète français du XIXe siècle.
Dans son œuvre, il
cherche à faire transparaître une certaine modernité.
Celle-ci est visible,
entre
autre,
par
a
déformation
du
sonnet
dans Le
Crapaud.
Le
Crapaud apparaît dans Les Amours Jaunes, recueil paru en 1873.
Le titre
du recueil est assez évocateur, « les Amours », thème cliché en poésie,
sont présentés comme étant romantiques, harmonieux, etc.
Ici, ils sont
associés à la couleur jaune, terme qui peut faire référence à la jaunisse, à
la maladie.
Autrement dit, les amours ici ne sont pas sacrés, mais plutôt
empreints de mesquinerie, de tromperie.
Le terme jaune peut aussi être
associé au « rire jaune », qui est un rire faux, presque ironique.
Dans Le
Crapaud, Corbière présente un sonnet retravaillé, déformé : on retrouve
des octosyllabes au lieu d'alexandrins, le texte est parsemé de points de
suspension et le dialogue ne respecte pas la fin du vers.
On retrouve aussi
l'expression d'un crapaud représentant le poète et comparé au rossignol,
statut qu'il ne possède plus.
Comment le poète, à travers une mise en
scène typique du cliché amoureux, fait-il la comparaison du poète
crapaud, rejeté, en marge, maudit ? Nous verrons la quête du poète dans
les tercets puis la découverte symbolique du crapaud dans les quatrains.
Dès que l’on voit ce texte nous restons surpris : il s’agit d’un sonnet
inversé : il commence par deux tercets et se termine par 2 quatrains ce
qui inverse la forme traditionnelle.
De plus on peut remarquer plusieurs
injonctions des points de suspension et des tirets marquant le dialogue.
Cette ponctuation déstructure la forme classique du sonnet, de plus le
poète choisit des vers en octosyllabes plutôt que l’alexandrin.
Ce premier
quatrain pose le cadre spatial.
Le chant est mis en valeur par sa place en
début de poème comme s’il remplissait l’espace à lui seul.
L’absence de
sensations visuelles exacerbe les sensations auditives.
En effet ce chant
contraste avec le décor sombre, et s’ajoute à étrangeté de la scène.
De
plus la négation lexicale « nuit sans air » accentue la sensation
d’étouffement et de pesanteur avec notamment les points de suspension.
Le vers 1 instaure le suspense, le mystère.
Le tiret du v.2 opère une
coupure pour décrire le cadre, afin d’insister sur l’aspect incongru du
chant ici « nuit » / « lune » qui instaure une ambiance de peur, dans cet
univers nocturne.
Avec la présence du champ lexical
du tranchant «
plaque », « métal », « découpure » qui s ‘apparente à la dureté.
Il y une
sensation de froideur avec l’antithèse « clair » / « sombre » qui s’ajoute à
l’étrangeté du décor « découpures du vert sombre » On peut supposer que
le cadre est une forêt.
La deuxième strophe commence par une anaphore
avec la répétition du chant.
Les points de suspension préposés donne
l’impression que les v.2 et 3 n’ont été qu’une parenthèse et que le poète
revient à l’essentiel : le chant, intrigant « un chant ; comme un écho, tout
vif ».
On remarque que c’est une phrase non verbale c’est chant qui crée
une phrase à lui tout seul → il remplit l’espace, comme au v.1 D’ailleurs
on ignore toujours
quel est la nature de ce chant ou son auteur cela
renforce le mystère.
La comparaison « Comme un écho » montre que le
chant se répète, il remplit la nuit.
On peut supposer, au vu, du titre que
l’écho fait référence au coassement du crapaud qui fait écho au poète.
La
polysémie de vers.4 « Tout vif » exacerbe des caractéristiques le chant est
- vivant, intense, ou - net et tranchant, comme la lune, donc effrayant ?
ou encore à vif, comme une plaie douloureuse ? En tout cas, il est
intrigant, puisqu’il semble trancher le silence de la nuit.
D’ailleurs le chant
devient l’unique préoccupation du poète.
Le lexique de l’enfouissement au
vers 5 « enterré », « sous le massif...
» se rapproche du lexique de la
mort.
Le mystère qui entoure le chant est souligné par sa localisation
comme s’il se cachait.
L’adverbe déictique « là » suggère que le poète se
trouve à proximité du lieu où se trouve le crapaud, et donc qu’il aurait une
proximité psychologique avec ce chant.
Il fait d’ailleurs écho au « là » de «
ce crapaud-là » dans le dernier vers du poème.
Au v.5 les points de
suspension laissent à penser que le poète s’est approché de l’endroit et
qu’il se tait pour écouter.
Les pronoms neutres « ça », et « c' » cultivent le
mystère.
L’impératif « viens » du vers 6 montre le poète s’adresse à
quelqu’un et l’intimité entre les deux interlocuteurs.
Les tirets
du v.
6
semblent désormais être les marqueurs d’un dialogue.
La rime« ombre
» /« sombre », contribue au mystère ou à l’inquiétude qui émane du
chant.
Le 2ème mouvement débute à partir du vers 7.
La multiplication des tirets
montre
deux
réactions
différentes
devant
le
crapaud
découvert.
L’exclamation avec le point exclamatif « Un crapaud ! » montre la réaction
de surprise de la part du partenaire du poète .De plus elle est prononcé
sur un ton apeuré, comme le suggère la didascalie interne « pourquoi
cette peur ».
En effet , le poète , lui, ne comprend pas cette réaction.
L’exclamation « ton soldat fidèle « près de moi », a une connotation
courtoise, et semble montrer que le poète est accompagné de la personne
aimée, ce que confirme le tutoiement (« viens »,....
»
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