Fiche de révision Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire (1857) Parcours associé : « alchimie poétique : transformer la boue en or »
Publié le 29/08/2022
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Fiche de révision
Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire (1857)
Parcours associé : « alchimie poétique : transformer la boue en or »
« Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence, tu m’as donné ta
boue et j’en ai fait de l’or », Charles Baudelaire
I.
Présentation de l’œuvre
A.
L’auteur : Charles Baudelaire
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Il naît en 1821 à Paris
Il mène une vie bohème et de dandy
Il dépense allégrement son héritage
Il a recours aux vices : drogues, alcools, prostitués (inspiration
pour ses poèmes)
Il entreprend en 1827 des voyages à l’Ile de la Réunion et à l’île
Maurice
On retrouve l’influence de ces voyages dans l’exotisme de
certains de ses poèmes
Il fréquente le milieu littéraire parisien de l’époque et se lie d’amitié
avec des grandes figures comme Honoré de Balzac ou encore Théophile
Gautier à qui il dédit son recueil Les Fleurs du Mal
Pour gagner sa vie, Baudelaire traduit les écrits d’Edgard Allan Poe et
se livre à une activité journalistique où il fait critique d’art
Ses critiques sont réunies dans l’œuvre Salon
Certains voient en Baudelaire la figure d’un second romantisme à
l’image de Victor Hugo tandis que d’autres chantent sa modernité
Il est par ailleurs surnommé « le dernier des Anciens et le
premier des Modernes »
Il meurt dans des conditions misérables en 1867, hémiplégique et
criblé de dettes
NB : Il est nécessaire de souligner que de son vivant Charles Baudelaire n’a
jamais connu le succès et n’est pas parvenue à vivre de sa passion la poésie.
La reconnaissance de son talent à travers Les Fleurs du Mal est post
mortem.
B.
Réception de l’œuvre
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Immédiatement après sa publication en 1857, l’œuvre est
condamnée pour immoralité et outrage aux bonnes mœurs
La peinture du mal, des vices, de la déchéance, l’érotisme et le
goût de Baudelaire pour la provocation frappent bien plus les juges
que le drame intérieur qui s’y déroule.
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II.
Le juge Pinard lui reproche de « tout peindre, tout mettre à nu »
À la suite de ces accusations, l’éditeur et le poète sont condamnés à
une amende et six poèmes doivent être supprimés.
Baudelaire se révolte contre cette censure car il pense que la
suppression de ces poèmes entraîne le déséquilibre de son œuvre
Baudelaire revoit donc la structure de son recueil pour sa réédition en
1861, afin qu’il ne soit pas conçu comme une accumulation de poèmes
mais ait un début et une fin.
Structure de l’œuvre
NB : La volonté du poète de publier un recueil structuré se perçoit dans la
genèse même de l’œuvre.
Ainsi, on y lit un véritable parcours, depuis le
premier poème « Bénédiction » qui constitue l’acte de naissance du recueil
jusqu’à « la mort des amants » qui concluait le poème dans la première
version de 1857.
Le poème est composé de six sections (dernière version) :
1.
Spleen et Idéal (section la plus longue) :
- Le titré antithétique de cette section annonce d’emblée la double
aspiration du poète, déchiré entre sa quête de perfection et d’harmonie
(qui apparaissent parfois perdues et inaccessibles) et le « spleen »
Spleen : mélancolie au sens fort du terme (rate en anglais).
Le
spleen s’inspire du mal de vivre des romantiques (« le mal du
siècle » Alfred de Musset) où l’on considère que le poète est
malheureux et qu’il s’étale sur ses sentiments et humeurs noirs.
La
désillusion et les espoirs perdus du XIXème siècle (régimes
politiques instables, espérance d'ascension sociale …) se retrouve
dans l’art et le romantisme.
= mal être profond et dégout de la vie suscité par la conscience
aiguë du poète de son incapacité à s’élever et à dépasser les
tourments qui le rongent.
- Contrairement au sens des termes dans le titre, la section commence
avec l’idéal où l’on évoque l’art que crée le poète, il est en quête
d’harmonie.
- Cependant, au fil du poème, on bascule vers le spleen, le monde est
alors décrit comme un chaos où l’on ne peut échapper à l’ennui, qui
apparait aux yeux du poète comme le pire des vices.
Exemple de poème :
- « Invitation au voyage » reflète le fantasme de l’idéal de Baudelaire
et sa quête de l’ailleurs
- « Spleen, quand le ciel bas et lourd » comme son nom l’indique, ce
poème fait référence à la mélancolie et aux angoisses du poètes qui
deviennent peu à peu omniprésente au fil de la section.
Celui-ci pousse
le spleen à son maximum
2.
Tableaux Parisiens
- Cette section a été ajouté dans la deuxième édition et créée une
impression d’enfoncement et de lente descente dans le spleen.
- Les poèmes traduisent la solitude de l’homme, y compris dans la foule
de la grande ville.
- Baudelaire y révèle un Paris caché avec ses voleurs, ses escrocs et ses
courtisanes, méconnu du grand public où il prend le rôle de promeneur
curieux en quête de rencontre, de visages bizarres et de scènes
insolites.
L’expérience poétique dépasse celle du quotidien, bien que
Baudelaire fasse une description réaliste du Paris moderne, il
cherche surtout à transfigurer la ville (=alchimie poétique)
- Baudelaire est un des premiers à aborder le thème de la ville en
poésie : il préfère l’artificiel au naturel et s’oppose donc aux poètes
romantiques qui faisaient l’éloge de la nature.
Thème aussi repris par Guillaume Apollinaire dans le premier
poème de son recueil Alcool intitulé « Zone ».
NB : Le poète s’identifie et se rapproche au peuple de Paris, notamment
aux pauvres avec son poème « Mendiante » ou encore des vieillards.
Cette
catégorie de population sont aux antipodes des sujets de prédilections de
la poésie classique.
Cette section montre ainsi la modernité de Baudelaire
Le rapprochement du petit peuple dans la littérature au cours du
XIXème siècle se retrouve donc aussi dans la poésie avec les travaux de
Baudelaire
Exemple de poème :
« Le soleil » Baudelaire montre ici l’effet du soleil sur les bas fond de
Paris qui semble devenir une allégorie du poète
« A une mendiante rousse » Baudelaire s’intéresse aux plus pauvres et
montre qu’on peut trouver de la beauté même dans les haillons et la
maigreur d’une mendiante
3.
Le Vin
- Section de 5 poèmes
- Ici, Baudelaire veut échapper au spleen et espère se rapprocher de
l’idéal ou du moins d’un sentiment d’harmonie en ayant recours au vin
(paradis artificiel)
- Il chante le pouvoir de libération de l’ivresse bien qu’il est conscience
qu’il soit artificiel et passager.
- Le vin s’impose comme une voie, pour Baudelaire, d’échapper à l’ennui
(le spleen) et aux misères de la vie.
Exemple de poème :
« Le Vin des Chiffonniers » présente le vin comme une source de
consolation et d’échappatoire pour les miséreux
4.
Fleur du mal
- Dans cette section, le titre du recueil est repris mais l’article est retiré
- Après le vin, la débauche apparait comme un nouveau moyen
d’émancipation
Mise en abyme de l’ensemble du recueil, où le poète s’intéresse à
la chair, à la luxure et aux plaisirs interdits.
- Dans cette section, Baudelaire multiplie les provocations à travers la
mention d’expériences où le plaisir, la mort, le sacré et le sadisme se
rejoignent dans une confusion qui a choqué de nombreux lecteurs.
- Le vin ne lui a pas été suffisant pour échapper au désespoir c’est
pourquoi le poète se tourne vers la luxure.
(Paradis artificiel)
- Baudelaire sublime ici tout particulièrement le mal, en y alliant l’horreur
et la cruauté à la beauté = convergence du mal & de la beauté
Exemple de poème :
« Femmes damnées » montre l’ambivalence des femmes pour Baudelaire
5.
Révolte
- Baudelaire s’intéresse désormais à son âme et à la spiritualité mais
face à l’impassibilité de Dieu devant la misère humaine, il se tourne
vers Satan.
- Section de 3 poèmes ou Baudelaire se tourne peu à peu vers le mal
- Finalement, Baudelaire n’est pas plus réconforté par Satan que par
Dieu, aucun n’offre au poète la possibilité de s’élever.
Exemple de poème :
« Les litanies de Satan », ici Baudelaire détourne les usages chrétiens à
savoir les litanies (longues prières) et montre son aversion pour Satan
6.
La mort
- Dans cette section, la mort n’apparait pas comme une fin définitive et
punitive mais comme un champ d’exploration et d’expérimentation.
- La mort est présentée comme l’unique solution pour abréger les
souffrances de la vie.
- Le dernier plus long poème de cette section, intitulé « Le voyage » peut
être lu comme un voyage à travers tous les poèmes du recueil
Exemple de poème :
« La mort des artistes » et « le voyage »
III.
Les thèmes de l’œuvre
A.
Les femmes et l’amour
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Pour l’écriture de ce recueil, Baudelaire semble avoir été inspiré par
trois femmes dont il en a fait ses muses.
Il serait cependant réducteur
de chercher à retrouver systématiquement ces trois muses dans tous
les poèmes du recueil.
En effet, les femmes (en général) permettent surtout au poète
d’exprimer toutes les nuances du sentiment amoureux
Il peut ainsi confier sa tendresse et son affection mais aussi
chanter la sensualité de l’être aimé.
Pour autant, le poète est également soumis aux femmes qui le font
souffrir et qui le mettent en esclavage comme dans le poème
« Vampire »
Finalement, les femmes peuvent être considérées comme des
fleurs du mal puisqu’elles incarnent tantôt la beauté, tantôt le vice
séduisant, tantôt le péché qui mène à la déchéance mais elles offrent
en parallèle une réponse à son ennui
Les femmes constituent l’objet de tous les désirs du poète mais
également le fléau de son existence.
Les femmes tiennent une place prépondérante dans le recueil, elles
passent de créatures dangereuses et fatales qui torturent le poète à
des femmes protectrices et réconfortantes ou encore des muses
sensuelles
Elles incarnent presque toujours des figures ambiguës ou
ambivalentes aux multiples facettes.
À travers elles, Baudelaire établit un paradoxe entre la beauté
et la cruauté.
Exemple de poème :
« Femmes damnées » montre l’ambivalence des femmes, leur beauté
est aussi synonyme de cruauté : dans ce poème les femmes incarnent Les
Fleurs du Mal, elles provoquent le désir du poète et le tire de l’ennui mais
le font également souffrir
« A une passante » montre le pouvoir des femmes et de l’amour qui
apporte du réconfort au poète et donne du sens à sa vie.
B.
La quête de l’ailleurs
-
Le poète aspire à un ailleurs qu’il peint de manières variées où le
voyage des sens s’avère être une source d’exotisme.
(Utilisation
récurrente de synesthésies)
L’ailleurs heureux est un signe du pessimisme baudelairien car il se dit
sur un mode hypothétique
La quête de l’ailleurs est aussi symbolisée dans l’œuvre par les sections
« le Vin » et « fleur du mal » où l’ivresse et la luxure permettent
l’évasion au poète et lui apportent réconfort et apaisement.
Elles transfigurent radicalement la laideur du quotidien
-
Baudelaire endosse le rôle de poète maudit (courant chez les
romantiques) et souhaite échapper à sa condition humaine avec la
quête de l’ailleurs.
De nombreux poèmes évoquent le voyage, tantôt sensoriel, tantôt
temporel ou encore artificiel.
Exemple de poème : « Le vin des chiffonniers », « Voyage », « Invitation
au voyage »
C.
Le spleen
-
La première section « Spleen et Idéal » est dédiée au spleen et de
nombreux poèmes portent ce nom
La structure du poème évoque peu à peu le découragement du poète
ou celui-ci s’abandonne au spleen.
L’ennui (le pire vice de Baudelaire), qui renvoie à l’époque a ce qui fait
prendre la vie en haine, au dégout de l’existence et au « goût
du néant », atteint l’éternel par son vide infini.
« L’ennui, fruit de la mort incuriosité prend les proportions de
l’immortalité » Spleen LXVIII
NB : Ce qui frappe le plus dans le spleen baudelairien, c’est la manière
dont le poète donne une existence concrète, physique et vivante à ses
angoisses.
Il décrit la sensation d’étouffement, la peur d’être englouti et
paralysé, l’impression cauchemardesque de se vider de son sang
Il développe avec....
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